Le leader complotiste André Desfossés libéré sous conditions

André Desfossés, un des leaders des Farfadaas, la frange radicale du mouvement d’opposition aux mesures sanitaires, s’est livré à la police de Trois-Rivières mardi matin.

Accusé d’avoir menacé les commerçants du Québec qui refuseraient de le laisser entrer, André Desfossés, l’un des leaders du mouvement d’opposition aux mesures sanitaires, a été remis en liberté mais sous conditions.


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L’homme de 56 ans, qui habitait à Trois-Rivières encore tout dernièrement, s’est en effet livré aux policiers mardi matin, sachant qu’il était recherché en vertu d’un mandat d’arrestation. Membre du groupe radical Les Farfadaas, il avait mis en ligne la semaine dernière une vidéo sur les réseaux sociaux dans laquelle il tenait des propos particulièrement menaçants. Il affirmait qu’il allait s’en prendre physiquement aux commerçants qui exigeront de lui le port du masque. «Moi, maintenant, je vais résister et fortement. Je suis prêt à péter des gueules, écoutez ce que je vous dis, je suis prêt à péter des gueules à tous ceux qui vont refuser de me faire rentrer dans leur commerce. Je suis à bout. C’est pas une menace, c’est un fait».

Il avait également déclaré: «Le presto est sur le bord d’exploser. Pis la journée que ça va exploser, ça va être laitte en tabarnak. Je vais peut-être mourir, mais je vous confirme une chose: je vais en amener plusieurs avec moi. Je suis à bout. Il est grand temps qu’on se lève, il est grand temps qu’on se batte tabarnak.»

Dans une autre vidéo, il avait tenté de rassurer les gens. «Si un jour le gouvernement oblige la vaccination et qu’il arrive chez nous de force, c’est là que je vais me battre jusqu’à mon dernier souffle. J’ai pas dit que je commencerais à tirer tout le monde autour de moi. Je ne suis pas si fou que ça.»

Il a donc comparu au palais de justice de Trois-Rivières mardi après-midi où il a été formellement accusé de menaces de mort contre les commerçants du Québec et leurs employés. Il s’agit d’une accusation portée par procédure sommaire. Il a plaidé non coupable. La comparution s’est faite par visio-conférence à partir d’une salle du poste de police. Il ne portait aucun masque et il était calme.

La Couronne ne s’est pas objectée à sa remise en liberté mais il devra respecter certaines conditions. Il devra ainsi résider à sa nouvelle adresse située dans une petite municipalité de la MRC des Appalaches et ne pas déménager sans une autorisation de la Cour. Il lui est interdit d’inciter à la violence sur les réseaux sociaux et lors de manifestations et d’avoir des armes en sa possession. 

Pour l’instant, il a dit ne pas vouloir être représenté par un avocat. Il a demandé à consulter la preuve avant de prendre une décision sur la suite des procédures. Son dossier a été reporté au 29 octobre. 

Le prévenu a par ailleurs une cause pendante dans le district judiciaire de Montréal en lien avec le blocage du tunnel Louis-Hippolyte-Lafontaine survenu le 13 mars en marge d’une manifestation contre les mesures sanitaires. André Desfossés y est accusé de complot et de méfait, avec quatre autres membres des Farfadaas, dont Mario Roy, leader du mouvement anti-masque. Son procès est fixé au 14 septembre. 

Tel que relaté dans un article de La Presse, André Desfossés a mené une campagne, au début de l’été, pour faire libérer Mario Roy, qu’il considère comme un «prisonnier politique». Alors qu’il était détenu pour harcèlement visant une personne associée au système de justice et non-respect des conditions au centre de détention de Bordeaux, M. Roy a fait des interventions en direct sur Facebook en passant par le compte d’André Desfossés, qui relayait ses appels téléphoniques provenant de la prison.

Le réseau social Facebook a confirmé à La Presse avoir fermé les comptes d’André Desfossés pour violation de ses «standards de la communauté».

Desfossés a déjà plaidé coupable, au début des années 2000, à des accusations de menaces et de défaut de se conformer à une ordonnance, qui lui ont valu plusieurs mois de prison. Une interdiction à vie de posséder des armes à feu a été prononcée contre lui à la suite d’un de ses plaidoyers de culpabilité.

Nancy Massicotte

Nancy Massicotte, Le Nouvelliste

Nancy Massicotte est entrée au Nouvelliste en 1991. Elle a travaillé une bonne partie de sa carrière dans le secteur des faits divers et au général. À partir d'octobre 2010, elle a été affectée à la couverture judiciaire.