Québec autorise une subvention de 100 millions à IBM Canada

L'usine IBM à Bromont

Le jour même où Donald Trump annonçait des droits de douane de 100 % sur les semi-conducteurs, le gouvernement du Québec confirmait une aide de 100 millions de dollars à l’usine d’IBM de Bromont, la plus importante usine d’assemblage de semi-conducteurs pour des tiers clients en Amérique du Nord.


La subvention, d’un montant maximal de 100,7 millions, sera versée sur cinq ans, a révélé mercredi le ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie.

«Ce soutien du gouvernement du Québec à IBM […] est accordé pour que l’entreprise puisse acquérir des équipements et faire l’aménagement des espaces nécessaires pour l’assemblage avancé et le post-traitement des gaufres de 300 mm», détaille Jean-Pierre D’Auteuil, porte-parole du ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, dans un courriel envoyé à La Presse.

Qu’est-ce qu’une «gaufre» en informatique ?

De l’anglais wafer, une «gaufre» est une fine tranche de matériaux semi-conducteurs sur laquelle sont gravés des circuits intégrés en masse. Ils sont utilisés dans la fabrication de composants électroniques.



«Grosso modo, les puces électroniques sont carrées ou rectangulaires et fabriquées sur des disques de silicium. Juste avant le découpage des puces, cela donne l’apparence d’une gaufre Eggo», décrit Marc-André Tétrault, professeur agrégé de la faculté de génie de l’Université de Sherbrooke. Ainsi, plus la «gaufre» est grande, plus on peut réaliser de circuits en même temps, explique-t-il. Le standard de l’industrie tourne actuellement autour de 300 millimètres, précise le spécialiste.

Le professeur souligne que l’usine d’IBM à Bromont joue un rôle crucial dans le passage de la recherche à la commercialisation, en permettant l’innovation et l’adaptation des processus de fabrication standard.

L’enveloppe accordée à IBM s’inscrit dans le cadre de la mesure «Appuyer le développement de la zone d’innovation Technum Québec», dans le Plan budgétaire du gouvernement dévoilé en mars dernier. «Il était prévu que le soutien financier autorisé par l’entremise de cette mesure serait une subvention», précise M. D’Auteuil.

Le Ministère donnera plus de détails quant à la nature du projet lié à cette subvention dans les prochaines semaines.

L’usine de Bromont est la seule en Amérique du Nord à réaliser l’assemblage de semi-conducteurs pour IBM, mais aussi pour des clients de l’extérieur, selon leurs spécifications, comme des équipementiers de la 5G et des centres de données.

En 2023, les grands clients de l’usine de Bromont représentaient entre 50 et 60 % du volume d’activités du centre d’assemblage, alors qu’IBM accaparait de 40 à 50 % de la production annuelle. À l’époque, l’usine de Bromont recensait plus de 1000 travailleurs, dont plusieurs centaines d’ingénieurs.

Un appel de La Presse auprès de Stéphane Tremblay, directeur de l’usine, n’a pas eu de suites immédiates.

L’annonce de la subvention de mercredi a lieu un peu plus d’un an après qu’Ottawa et Québec eurent annoncé des investissements majeurs à l’usine de Bromont, soit près de 100 millions, pour financer son vaste projet d’expansion visant, notamment, à accroître l’autonomie de la chaîne d’approvisionnement de semi-conducteurs entre le Québec et l’État de New York, mais aussi pour soutenir des projets de recherche en microélectronique qui doivent créer quelque 280 emplois dans la région.