Chronique|

Retour à la nature

Les ratons laveurs relâchés n’ont pas perdu de temps avant d’explorer leur nouveau milieu de vie. Celui-ci contient, comme leur habitat provisoire durant leur séjour, de quoi grimper, se cacher et se nourrir.

CHRONIQUE / En raison de sa mission, le Zoo sauvage de Saint-Félicien a de bien nombreux engagements. L’un d’eux consiste à accueillir les animaux sauvages orphelins ou blessés qui lui sont confiés par le public ou les agents de la faune afin de leur offrir le meilleur avenir possible. Lorsqu’un tel animal est confié à l’équipe, celui-ci va d’abord recevoir un bilan de santé sommaire qui sera suivi, au besoin, d’une période d’observation. Il peut arriver que l’animal ne survive pas et que rien ne puisse être fait pour le sauver. Cela fait partie du métier et, bien que difficiles, les employés apprennent à surmonter ces pertes. Fort heureusement, s’il est parfois trop tard pour sauver certains animaux, d’autres peuvent bénéficier d’un coup de main, qu’il soit à court ou à moyen terme.


Lorsque l’équipe reçoit un animal provenant de la nature, plusieurs questions se posent à l’interne. Une fois que l’animal est hors de danger et qu’il commence à récupérer, on peut peser les options pour son avenir. Son âge et l’écologie de son espèce lui permettraient-ils de retourner en nature? La rémission sera-t-elle suffisante pour lui permettre de survivre si nous le retournons d’où il vient? Si la réponse à ces questions est oui, l’équipe peut œuvrer à un retour à la nature au moment opportun. Aujourd’hui, nous vous présentons quelques animaux qui ont été secourus et retournés à la nature par l’équipe du Zoo sauvage de Saint-Félicien durant la dernière année.

Un premier exemple serait évidemment celui de notre petite famille de ratons laveurs, dont nous vous avions parlé à leur arrivée. Ces cinq jeunes ratons ont été confiés au Zoo après la mort de leur mère des suites d’une collision. Ils étaient déjà bien âgés et suffisamment débrouillards pour que l’équipe ait à intervenir minimalement avec eux. Dans un cas comme celui-ci, l’équipe suit des protocoles de réhabilitation précis. Cela consiste à ne pas avoir de contact direct avec ces animaux, à fournir la nourriture dans leur environnement sans qu’elle soit associée aux humains et les héberger dans un milieu similaire à leur habitat naturel. Durant les six semaines au cours desquelles ils ont séjourné au Zoo, l’équipe a donc veillé à ce qu’ils prennent du poids et développent leur débrouillardise. Ils ont ensuite été relâchés dans un milieu favorable, à la période optimale d’un point de vue alimentaire. Dès leur retour en nature, nous avons pu observer qu’ils y étaient très à l’aise.

Ce ne sont pas toujours des bébés qui nous sont confiés! Cet été, l’équipe a eu la surprise de se faire apporter un plongeon huard adulte, une espèce que l’on ne voit pas souvent au Zoo. Dans ce cas-ci, il s’agissait d’un oiseau désorienté. Après un examen médical et un temps d’observation, il a été déterminé qu’il était prêt à retourner en milieu sauvage. Nous l’avons donc rapatrié sur un grand plan d’eau, un endroit plus adéquat que la route sur laquelle il avait été trouvé ; ces oiseaux ont besoin d’une grande surface aquatique pour prendre leur envol et se nourrir. Il n’a pas été longtemps avec nous, mais le coup de pouce a été plus que bénéfique pour lui.

Enfin, il serait difficile de ne pas mentionner notre plus gros pensionnaire de l’année, un jeune ours noir qui nous a été confié durant l’hiver 2022-2023. Puisque la saison n’était pas la bonne pour un retour dans son habitat naturel et que l’ourson était en piteux état à son arrivée, l’équipe a tout mis en œuvre pour lui permettre d’y retourner au moment opportun. D’abord, nous nous sommes assuré qu’il regagne un poids santé, car il était particulièrement maigre. La meilleure option à ce moment était donc de le laisser refaire sa santé avant une intervention. Lorsqu’il a montré des signes de progrès, un bilan médical plus poussé a pu être effectué. Comme celui-ci était positif, le protocole visant à remettre l’ourson à l’état sauvage a pu être poursuivi. Il a été nourri durant les mois d’hiver et de printemps, toujours sans contact avec les humains. Lorsque les mois d’abondance ont permis un retour en nature, l’ourson a pu retrouver la forêt.

En plus de ces quelques histoires, l’équipe de santé animale a soigné quantité d’oiseaux et de petits mammifères, au cours de l’été. Plusieurs ont pu être relâchés dans la nature lorsque le temps est venu. Même s’ils n’auront passé que peu de temps avec nous, toute l’équipe est fière d’avoir contribué au développement et à la rémission de ces animaux sauvages, qu’ils aient été jeunes ou adultes. Cela représente un défi d’envergure et est souvent plus complexe qu’on ne peut le penser, mais lorsque l’on met tout en place pour le succès d’une telle opération, il est très valorisant de voir ces animaux retrouver leur habitat naturel avec un comportement propre à leur espèce.

Saviez-vous que?

Certaines vedettes du Zoo sont des orphelins de la nature confiés par les agents de la faune à l’équipe du Zoo. C’est le cas, par exemple, de nos trois jeunes ours bruns, dont la mère est morte en 2018 au Montana.