Un leadership à renouveler

Gilles Bouchard promet de continuer de cogner sur le clou de la culture d'équipe et de l'effort et de l'engagement.

CHRONIQUE / Je me posais la question du haut de la passerelle un soir de match : maintenant que tous les vétérans et les joueurs étoiles ont quitté Sherbrooke, qui assumera le leadership chez le Phœnix? Ça m’a pris un certain temps avant d’en arriver à un semblant de réponse.


En analysant l’alignement et en observant les joueurs sur la glace lors des dernières parties préparatoires, j’en suis venu à un constat plutôt étonnant.

Le capitaine du Phœnix cette saison pourrait être le sixième défenseur de l’édition 2022-2023. Ou encore les joueurs de quatrième trio.

Les assistants? Ceux qui faisaient la navette entre la galerie de presse et la patinoire, en occupant un rôle marginal étant donné la qualité et la maturité de la dernière édition du Phœnix.

À 16 ou 17 ans, difficile d’obtenir du temps de jeu quand neuf de tes coéquipiers ont été repêchés dans la LNH…

Et remarquez : deux des quatre joueurs portant une lettre sur leur chandail l’an dernier n’étaient pas des joueurs sélectionnés chez les pros, dont le capitaine Kaylen Gauthier.

Comme disait Stéphane Julien lorsqu’il m’entendait dire que Joshua Roy avait toute l’expérience d’un bon capitaine dans la ligue avant de connaître la nomination de Gauthier : « on ne regarde pas toujours la colonne des points lorsque vient le moment de nommer un capitaine! »

En effet, les joueurs vedettes ne sont pas toujours les mieux placés pour porter le C sur leur uniforme. On le voit dans la LNH, on le voit dans le junior majeur. Mais disons que les candidats, l’an dernier, étaient plus nombreux avec Tyson Hinds et compagnie.

Cette fois, on se tourne vers Christophe Rondeau, le meilleur défenseur du Phœnix cette année. Âgé de 20 ans, Rondeau était déjà bien respecté par les vétérans de l’an dernier et son éthique de travail est irréprochable.

Chaque fois qu’il était envoyé sur la patinoire, Rondeau représentait une bonne police d’assurance grâce à son efficacité.

Israel Mianscum est lui aussi âgé de 20 ans. Il sera certainement le meilleur attaquant du Phœnix. Le seul qui évoluait au sein du top 6 l’an dernier.

Mais dans un plan de reconstruction, des joueurs comme Mianscum, ayant marqué 30 buts et obtenu 31 mentions d’aide en 65 parties, sont normalement échangés à une équipe aspirante, ce qui pourrait être le cas aux Fêtes. Donc le nommer capitaine dans ces circonstances? Pas certain.

Ce qui ne l’empêche pas d’obtenir l’une des quatre lettres sur son chandail.

Il est aussi normal de penser au troisième joueur de 20 ans Andrew Belchamber, qui en sera à une quatrième année dans la LHJMQ. L’attaquant avait bien fait en séries lors de ses 14 matchs en amassant sept points.

D’autres devront mettre la main à la pâte. Maxime Côté, Samuel St-Hilaire, Éloi Bourdeau, Hugo Primeau et Tristan Giroux, le meilleur joueur du camp, selon son entraîneur Gilles Bouchard.

« Je sais que notre équipe sera jeune et que mon rôle sera plus important, constate Giroux, qui a disputé 32 parties à l’âge de 17 ans la saison dernière. Je dois amener du leadership cette année et montrer aux jeunes quelle éthique de travail on doit adopter chez le Phœnix. Les leaders de l’an dernier ont montré l’exemple et c’est à nous maintenant, les jeunes vétérans, de faire pareil. Il y a une culture à transmettre et même si je suis encore jeune pour occuper ce genre de rôle, je peux faire ma part. »

Tristan Giroux souhaite contribuer de toutes les façons, dont au cercle des mises en jeu.

En misant sur une équipe étoile en 2022-2023, le bon côté de la chose est que ces jeunes joueurs ont appris des meilleurs.

« Le simple fait de pratiquer avec les vétérans la saison dernière m’a amené à m’améliorer même si je n’étais pas toujours sur la glace lors des matchs. Je vois une belle progression depuis un an et je dois maintenir le rythme. Je me suis entraîné fort avec beaucoup de séances en extra pour être certain d’arriver prêt cette saison. Je ne suis pas un gars qui a toujours regardé mes statistiques et mes points produits. J’aime faire les petites choses, m’appliquer sur les détails comme gagner les mises en jeu importantes en territoire défensif. Ce n’est pas tout le monde qui remarque ces choses-là, mais ça peut nous permettre d’éviter un but, sortir de la zone et obtenir une chance de marquer. C’est de cette façon que je veux donner l’exemple sur la glace », poursuit Giroux.

Gilles Bouchard en mission

Le Phœnix possède encore des joueurs qui remplissent bien des cases dans la liste de critères pour devenir un bon capitaine, mais quand on y songe bien, une conclusion nous saute aux yeux.

Le rôle de l’entraîneur sera bien plus important cette saison dans le vestiaire du Phœnix.

Pas que Stéphane Julien l’a eu plus facile la saison dernière. Mais Gilles Bouchard devra certainement dire des choses que Stéphane Julien n’avait pas à rappeler à des joueurs comme Joshua Roy, Jacob Melanson, David Spacek.

« Ce que je veux, c’est de voir les gars acheter le plan de match et embarquer dans le bateau chaque soir. Quand les cinq gars sautent sur la patinoire, six avec le gardien, ils doivent pousser dans le même sens et tout devient plus facile dans ce temps-là durant une reconstruction. Mon travail sera de partager notre philosophie, inculquer les bonnes habitudes à nos jeunes joueurs et former une équipe qui travaille ensemble. Construire ou renouveler une culture d’équipe, ce ne sera pas l’histoire d’un seul camp, je vous en passe un papier. Ce sera ça ma priorité pour encore un bon bout, ne soyez pas inquiets… » assure Gilles Bouchard, en rappelant qu’un nouveau cycle commence au Palais des sports.