De quoi faciliter la tâche des infirmières

Comment savoir si un aîné représente un danger sur la route?

Un projet de doctorat a permis de tester un nouveau guide d’évaluation et d’accompagnement des aînés en matière de sécurité routière.


Ce contenu est produit par l’Université Laval.

Comment savoir si un aîné représente un danger sur la route? À l’instar des médecins, des ergothérapeutes, des psychologues et des optométristes, les infirmières font partie des professionnels de la santé autorisés légalement à juger de l’aptitude d’une personne à conduire. Or, il n’existe aucun guide d’évaluation et d’accompagnement destiné spécifiquement à cette profession.

Elle-même infirmière, Camille Savoie a constaté le besoin criant d’avoir un tel document. Son projet de doctorat, qui fera l’objet d’une conférence au prochain colloque étudiant de l’Institut sur le vieillissement et la participation sociale des aînés (IVPSA), visait à tester la création, l’acceptabilité et la faisabilité d’un guide d’évaluation et d’accompagnement des aînés en matière de sécurité routière.

«Dans une clinique d’évaluation gériatrique spécialisée où je travaillais, j’ai été confrontée à plusieurs cas d’aînés qui consultaient, par exemple, pour des troubles de mémoire ou de mobilité et se faisaient retirer leur permis de conduire. Pour eux, ce fut tout un choc d’arriver avec leur permis et de repartir sans. Comme infirmière, je cherchais à savoir comment je peux mieux intervenir auprès de ces personnes, mais il n’y avait aucune référence pour la profession. De là est venue l’idée d’un projet doctoral sur le sujet», explique celle qui est maintenant professeure adjointe à la Faculté des sciences infirmières, où elle poursuit ses recherches.

Pour les besoins de sa thèse, Camille Savoie a créé un guide d’accompagnement de 23 pages. Ce document est le fruit d’entretiens menés auprès de 16 infirmières, 4 omnipraticiens, 7 ergothérapeutes, 8 personnes âgées et 6 de leurs proches. Ce projet a été suivi d’une seconde phase de la recherche qui consistait à évaluer l’acceptabilité et la faisabilité du guide en contexte de pratique. Encore une fois, la doctorante a fait appel à des professionnels, soit 3 infirmières et 3 médecins, qui ont testé le guide auprès de 9 patients.

Simple d’utilisation, le guide comprend notamment un algorithme pour guider les infirmières dans le repérage de risques à la conduite, des informations sur le soutien émotionnel à fournir à la personne qui doit faire le deuil de son permis, une liste de solutions de rechange possibles à l’auto, ainsi que des renseignements sur les règles et le fonctionnement de la Société de l’assurance automobile du Québec.

«Ce guide a été développé dans le cadre de ma thèse, un peu comme une étude pilote, précise Camille Savoie. Une étude d’acceptabilité et de faisabilité de plus grande envergure dans des secteurs urbains et ruraux devra être réalisée afin de peaufiner le guide et le lancer à plus grande échelle.»

Il n’empêche que le guide dans sa mouture actuelle a eu des retombées concrètes. D’abord, il a mis en lumière la nécessité d’avoir un tel outil dans la formation et la pratique des infirmières, en plus de faire avancer les connaissances sur les enjeux et les défis auxquels cette profession se frotte. Les infirmières interviewées se disent favorables à l’implantation du guide, lui ayant attribué une note moyenne de 9,5/10. Même son de cloche du côté des médecins, pour qui le projet a fait ressortir l’importance d’une collaboration étroite avec les infirmières pour accompagner les conducteurs âgés.

«Ce qui fait l’unicité du guide – au-delà du fait qu’aucun outil comparable n’est disponible actuellement –, c’est le tour d’horizon complet qu’il permet de faire. Les guides des autres professions regroupent peu d’informations sur le repérage, l’évaluation et l’accompagnement des aînés qui doivent cesser de conduire. Ces éléments représentent le cheval de bataille des infirmières, qui font une prise en charge holistique de la personne dans tous ses aspects biologiques, psychosociaux et culturels. Le guide permet à l’infirmière d’accompagner l’aîné dans l’ensemble de son rôle à partir du moment où elle voit des drapeaux rouges», souligne Camille Savoie.

Un colloque pour partager les savoirs

Celle dont la thèse a été dirigée par le professeur Philippe Voyer profitera du colloque de l’IVPSA pour partager ses résultats, en plus de découvrir d’autres projets de recherche étudiants.

Le programme comprend cinq autres conférences. Il sera question, entre autres, de l’inclusion sociale des aînés, de la multimorbidité et de la fin de vie des adultes ayant une déficience intellectuelle.

«Ce sera une super journée pour faire la promotion de nos projets, se réjouit la professeure Savoie. Il est tellement important de faire connaître son sujet de recherche, d’échanger avec des chercheurs et des cliniciens, qui viennent souvent assister aux présentations. Ce genre d’événement peut permettre de se créer un réseau de contacts et susciter des collaborations.»

Le colloque étudiant de l’IVPSA se déroulera le 29 septembre à la salle Le Cercle du pavillon Alphonse-Desjardins. L’événement est ouvert à tous, mais l’inscription est obligatoire d’ici le 25 septembre.

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