C’est animés d’une sensibilité et d’un sens du devoir incontestables par rapport aux difficultés d’accès en première ligne, que les médecins de famille se sont investis dans une solution novatrice devant améliorer sensiblement l’accès aux de première ligne. On parle ici de l’inscription de groupe de centaines de milliers de patients et de l’offre des consultations médicales allant de pair avec ces inscriptions, tel que convenu dans l’Entente sur l’accessibilité FMOQ-MSSS, paraphée au printemps 2022. À ce jour, plus de 600 000 patients furent inscrits à la suite de la mise en place des mesures liées à cette entente.
Au-delà du fait que la mise en place des mesures phares convenues dans l’Entente sur l’accessibilité n’a nécessité aucun nouvel investissement supplémentaire de l’État vis-à-vis la profession médicale, il convient de rappeler la présence de certains engagements gouvernementaux dans cette Entente. D’abord il s’était engagé à mettre sur pied des guichets d’accès première ligne (GAP) performants devant filtrer la pertinence des visites demandées en première ligne. Ensuite il s’était engagé à bonifier le soutien à la pratique dans les cliniques médicales qui auront choisi de participer à l’inscription collective de nouveaux patients.
Mais qu’en est-il de ces promesses en Mauricie–Centre-du-Québec près d’un an plus tard?
Tout d’abord le GAP dans nos régions est malheureusement l’un des moins performants au Québec. Autant le temps de réponse à une demande de service que le taux de référence à une visite médicale ne répond pas à la promesse d’un GAP performant. De plus aucun lien formalisé avec d’autres professionnels dans la communauté n’a encore été développé et on ne sent pas la volonté d’améliorer la référence à un professionnel autre que le médecin, ce qui pourtant devait être le plus grand gain pour le patient de cette nouvelle structure organisationnelle. S’il va de soi que nous comprenons les difficultés possibles de recrutement de professionnels dans le contexte actuel, il reste tout de même à espérer que les sommes d’argent consenties par le gouvernement pour la mise sur pied du GAP dans nos régions ont véritablement été investies pour améliorer le soutien précieux à la première ligne.
D’ailleurs dans le même ordre d’idées, dès le mois de décembre 2022, des sommes d’argent supplémentaires ont été transmises aux CISSS et CIUSSS pour permettre le rehaussement des ressources en GMF. Les sommes ont semble-t-il été encaissées mais force est de constater que le rehaussement des ressources, lui, tarde toujours malheureusement.
Aussi, le gouvernement a mis de l’avant un programme transitoire pour les GMF afin d’assurer le rehaussement des ressources en lien avec l’inscription collective de plus de 500 000 patients. Encore une fois, les sommes d’argent ainsi consenties à la première ligne devront transiter par les CISSS et CIUSSS auxquels nous devons faire confiance en ce qui a trait à l’octroi des ressources devant nous permettre d’honorer nos engagements.
Mais voilà que la bonification attendue du personnel infirmier en GMF n’avait pas encore débuté que notre CIUSSS annonçait déjà une réaffectation de tout le personnel infirmer des GMF, présent et futur, vers des unités de soins en deuxième ligne! Faut-il se surprendre d’une telle vampirisation des ressources de la première ligne vers la deuxième ligne? Non, mais nous étions en droit de croire que ce scénario maintes fois observé dans le passé, était réellement d’une autre époque et ne se répéterait pas en 2023.
Nous nous garderons de faire une critique de la gestion interne du CIUSSS régional. Simplement, nous demeurons convaincus qu’en déshabillant la première ligne de ses effectifs infirmiers, on ne réglera pas la problématique des effectifs dans les unités 24/7 de l’établissement. On risque de simplement pas réussir à habiller Jean tout en réussissant par exemple à déshabiller Paul! Alors que tous reconnaissent l’importance des investissements en première ligne pour la santé générale de notre population, les gestionnaires en Mauricie–Centre-du-Québec semblent actuellement prioriser à tout prix l’octroi de ressources ailleurs qu’en première ligne. Cela nous choque et nous attriste grandement.
Cela dit, nous nous devons de laisser le soin au conseil d’administration et aux gestionnaires du CIUSSS régional d’identifier les solutions aux problèmes de gestion et d’attractivité de la profession infirmière aux sein des unités de soins 24/7. Toutefois, nous ne pouvons qu’en appeler au respect, de la part du CIUSSS, des sommes dévolues pour le soutien infirmier en première ligne et demander que ces sommes soient clairement identifiées et placées sous la gouverne hermétique et exclusive du Département régional de médecine générale (DRMG). Alors nous pourrons être confiants que les efforts qui sont déjà faits par les médecins des cliniques médicales seront enfin appuyés par le soutien infirmier prévu dans le programme GMF.