Qu’est-ce qu’on a pu faire au bon Dieu?

L'auteur de cette lettre se demande comment certaines décisions douteuses ont pu être prises par les membres du conseil municipal de Trois-Rivières...

Parole aux lecteurs / Vous rappelez-vous cette expression que les gens employaient pour tenter de s’expliquer l’origine d’un malheur qui leur arrivait: «Oui, mais qu’est-ce qu’on a pu faire au bon Dieu pour se mériter celles et ceux que nous avons élus pour gérer nos finances publiques?». J’ai rarement pu observer des prises de décisions aussi irréfléchies et des stratégies politiques aussi insensées que celles que nous subissons présentement. Un exemple récent: la vente à rabais par la Ville de Trois-Rivières de l’immeuble abritant la Caisse Desjardins sur la rue Royale, en face du parc Champlain. Il n’y a guère de site plus exceptionnel pour un immeuble qui a toujours été bien entretenu.


Je ne peux pas croire que la ville aurait acquis cet immeuble en 2016 au coût de 1,5 million $ afin de pouvoir le brader quelques années plus tard à un promoteur au prix de 1,2 million $, subissant ainsi une perte de 300 000 $. Est-ce que l’administration municipale a réexaminé les intentions de départ de la Ville lorsque celle-ci a déboursé un million et demi pour s’approprier cet édifice? Lorsqu’on achète quelque chose d’important, on a des intentions, un projet... Qui n’est certes pas de jeter son argent (ici l’argent des contribuables!) par les fenêtres de l’hôtel de ville. Et quelle était l’urgence de mettre la main sur ce 1,2 million $ lorsqu’on peut compter sur un locataire le plus fiable qui soit, Desjardins, dont le contrat courait jusqu’en 2026? Et quelle urgence de toucher ce montant lorsqu’on dispose d’un budget de près de 350 millions $; on parle ici d’un tiers de 1% d’un budget! Ce serait comme si vous gagnez 100 000 $ par année et que l’on vous fait «donner la patte» pour 325 $!

Un autre bel exemple de stratégie ratée, prise plus haut cette fois: les têtes d’affiche du gouvernement actuel se pètent leurs bretelles d’avoir tellement bien réussi en affaires: les Legault, Fitzgibbon, Girard et cie... Mais comment ces hauts dirigeants soi-disant expérimentés et l’avocate vedette de la Commission Charbonneau, Sonia LeBel, ont-ils pu s’accorder une augmentation de salaire de 30%, et ce avant même d’avoir réglé avec les travailleurs de la santé, les professeurs, les policiers de la SQ... Comment Sonia LeBel, la présidente du Conseil du trésor et détentrice de la clé du coffre-fort, n’a-t-elle pas pu convaincre ses collègues d’attendre et de la laisser conclure les conventions collectives avant de piger dans le plat de bonbons à pleines mains? Vigneault l’a bien chanté: «Tout le monde il veut de l’argent... beaucoup, beaucoup, beaucoup d’argent... tout le temps...»

Exemple d’ailleurs suivi sans aucune pudeur par les membres du conseil municipal trifluvien, qui disent du même souffle manquer d’argent pour protéger des citoyens d’inondations récurrentes... Et que dire lorsqu’on voit s’envoler des dizaines, pour ne pas dire des centaines de milliers de dollars pour satisfaire les fantasmes de certains intégristes du vélo: piste ridicule et ratée le long du boulevard des Forges, pose et enlèvement deux fois par année de dizaines et de dizaines de blocs de béton et de piquets délimitant les pistes cyclables; véritable dictature d’une minorité! Minorité qui a squatté les trottoirs, qui ne respecte pas les règles de la circulation: feux rouges et signaux d’arrêt, qui n’est astreinte à aucune limite de vitesse et qui représente, avec la vogue d’accélération du tout électrique, le plus grand des dangers pour les piétons... Minorité qui voudrait bien que je fasse mon épicerie à bicyclette à –30 cet hiver... Je pourrais bien y survivre... mes tomates et mes bananes, certainement pas!

Guy Godin

Trois-Rivières