
Monde vu d'ici: plans de relance féministe, un appel qui résonne à l’international
Selon l’Association pour les droits des femmes dans le développement (AWID), il est nécessaire d’aller à la source de la crise actuelle et de transformer nos modèles économiques pour qu’ils soient «plus justes, plus équitables et plus durables». Cette organisation féministe internationale a lancé un manifeste en novembre 2020 pour réclamer une relance économique mondiale féministe, plutôt qu’un sauvetage économique centré sur la finance et les grosses entreprises à l’image de la crise de 2008. Dans son manifeste, l’AWID appelle à prioriser le bien-être collectif et l’environnement. On y propose une panoplie d’angles d’action: réinvestissement en santé, en éducation et dans l’accès au logement, lutte aux discriminations systémiques, lutte à l’évasion fiscale, imposition progressive, soutien aux organisations féministes locales dans leur travail contre les violences sexuelles et domestiques, rejet des brevets dans le domaine de la santé pour assurer l’accès mondial aux médicaments et vaccins, etc.
Dès juin 2020, plus de 300 féministes africaines publiaient une déclaration féministe africaine sur la relance économique post-COVID. Elles y suggèrent une douzaine de pistes d’action pour une relance centrée sur la protection des écosystèmes et sur les besoins des communautés les plus touchées par la crise sur le continent africain. Elles y rejettent le modèle habituel des «plans de développement qui privilégient le gain à court terme au détriment de la terre et du bien-être des peuples africains à court, moyen et long terme». Selon cette coalition panafricaine, le renforcement des services publics, le renforcement des droits des travailleuses et travailleurs (incluant le secteur informel, à majorité féminine) et la reconnaissance du travail invisible des femmes sont parmi les priorités pour une relance juste.
Du côté de l’Océanie, la Commission sur le statut des femmes de l’État d’Hawaï avance que «la relance économique ne doit pas se faire sur le dos des femmes». Cette commission publiait un plan de relance économique féministe dès avril 2020 et demandait d’éviter toute mesure d’austérité post-COVID. On y parle plutôt d’investir dans la santé et les services sociaux, d’augmenter le salaire minimum pour ainsi réduire la pauvreté des femmes et d’implanter un moratoire sur la hausse des loyers, entre autres.
D’autres appels pour une relance féministe sont depuis apparus en Irlande du Nord, au Canada et ici même au Québec dans le mouvement féministe communautaire. Qu’ont en commun ces appels qui résonnent d’un bout à l’autre de la planète? La dénonciation d’un système économique global fondé sur les inégalités et l’exploitation des plus marginalisées que la pandémie est venue renforcer. Un système que les mouvements féministes invitent à transformer depuis bien longtemps.
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