Nouvellement arrivée en poste comme directrice régionale de santé publique en Estrie, à l’époque, la Dre Mélissa Généreux, à qui l’on doit l’idée d’implanter une équipe de proximité qui veille encore aujourd’hui sur la santé psychologique des Méganticois, est l’une de ceux qui ont eu envie de revenir voir ce que la communauté devient.
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«Chaque année, le 6 juillet, je restais plutôt discrète, rappelle-t-elle. Je trouvais que c’était vraiment une histoire de communauté pour Lac-Mégantic et ses environs. Mais cette année, j’ai vraiment ressenti le besoin de venir parce que les 10 ans marquent une étape assez importante», souligne celle qui est aujourd’hui professeure-chercheuse à la faculté de médecine et des sciences de la santé de l’Université de Sherbrooke
La médecin spécialiste croit que la grande majorité des Méganticois vont désormais mieux qu’auparavant.
Par exemple, bien que la dernière année ait été plus difficile pour eux en raison du projet de voie de contournement ferroviaire qui s’envenime, ils ont somme toutes bien réagi à la sortie du documentaire de Philippe Falardeau et de la série de fiction Mégantic, au printemps, et qui auraient pu faire ressurgir de douloureux souvenirs de la catastrophe, signale-t-elle.
«Ça ne veut pas dire que ce n’est pas douloureux, qu’on n’a pas de souvenirs tristes, qu’on ne fait pas une fois de temps en temps un cauchemar. C’est normal, ça le serait pour n’importe qui, mais la communauté a tellement appris. [...] Moi je vois une communauté qui est beaucoup plus solide qu’il y a 10 ans », mentionne la Dre Généreux, en se disant très fière et satisfaite de ce que la communauté devient.
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Directeur du Service de sécurité incendie de Lac-Mégantic en 2013, Denis Lauzon a eu à gérer une catastrophe majeure, inimaginable, qui n’a pas été sans lui laisser de graves séquelles post-traumatiques qu’il a dû dompter.
«C’était très important pour moi d’être ici aujourd’hui, a-t-il raconté sur le parvis de l’église. Ça fait quand même dix ans. […] Je voulais voir les gens, et les gens me l’ont bien rendu parce qu’ils m’ont dit ‘’bienvenue à la maison’'. Ça m’a fait chaud au cœur.»
Depuis quelques années, M. Lauzon enseigne à l’Institut de protection contre les incendies du Québec et discute ouvertement de stress post-traumatique avec ses étudiants. «Je leur dis que ça va leur arriver un jour et de s’y préparer.»
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Député conservateur de Mégantic-L’Érable en 2013, Christian Paradis s’est dit touché par la solidarité qui s’exprime encore à l’égard des Méganticois malgré les années qui ont passé.
«La population a tellement vécu des moments intenses, c’est une tragédie indescriptible et quand j’ai vu qu’il y avait cette commémoration, c’était juste très normal pour moi d’être là. J’apprécie de revoir les gens parce qu’on échange des souvenirs, ça fait du bien pour tout le monde. Je n’aurais pas voulu rester chez nous et assister à ça de façon passive. Il y a trop d’émotions. J’ai des sœurs et des frères d’armes ici. »
Il pose un regard satisfait sur le chemin parcouru en dix ans.
«C’est reconstruit d’une autre façon. Les gens se prennent en main. On parlait tout le temps de résilience à l’époque et on continue de parler de résilience. C’est encourageant de voir que la vie reprend son cours et de voir comment les familles endeuillées ont évolué. Ça reste triste, mais il y a de la vie qui rejaillit de tout ça.»
L’ex-préfet de la MRC du Granit, Maurice Bernier, trouvait pour sa part que les commémorations sont difficiles à traverser cette année, dans le climat de division qu’a fait naître le projet de voie de contournement ferroviaire.
«J’ai mal à ma ville. De tout temps depuis ma naissance, partout où j’allais, quand on me demandait d’où je viens, je disais fièrement que je viens de Mégantic. Mais ce n’est pas ce Mégantic-là. Ce qui me fait mal, c’est la division qui continue. J’ai hâte qu’on retrouve la voie de la guérison, la vraie guérison. C’est ce que je nous souhaite», confie-t-il.
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Le réalisateur et coproducteur de la série de fiction Mégantic, sortie ce printemps sur Illico, tenait quant à lui à être présent par solidarité avec les Méganticois.
«Les gens ont été tellement généreux avec moi quand j’ai fait la série et quand je l’ai sortie. Ils m’ont tellement soutenu, que c’était mon devoir d’être ici avec eux aujourd’hui», estime Alexis Durand-Brault.
«J’ai un peu l’impression que les gens commencent vraiment à tourner la page, ajoute-t-il. Je pense que cette année, avec le 10e, l’avènement de la série, de la série documentaire aussi, les gens sont prêts à passer à autre chose, et je pense que c’est sain. La vie continue.»