L’enquête déclenchée à la suite d’allégations de falsification de documents et de malveillance généralisée à la DPJ du Centre-du-Québec a ouvert la porte à «des dizaines de demandes d’intervention», rapporte la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse (CDPDJ).

Les parents de la petite Alice sont attendus au tribunal cette semaine. Les services sociaux maintiennent leur requête de placement de la fillette jusqu’à sa majorité, avec interdiction de contacts avec ses parents. Le couple continue de se dire victime de l’acharnement d’une équipe d’intervenants qui sévit en toute impunité, malgré l’enquête en cours, enclenchée dans la foulée d’allégations de malveillance et de falsification de documents à la DPJ de Drummondville. Les noms ici sont fictifs, les faits sont ceux que nous avons constatés.

L’enquête sur les allégations de malveillance et d’abus de pouvoir à la DPJ du Centre-du-Québec sera exhaustive, promet la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse. «On va aller chercher des documents, on va parler à des personnes… les gens peuvent nous dénoncer des situations». Si des actes répréhensibles ont été commis de manière répétée, ou qu’un dysfonctionnement systémique est avéré, des mesures correctrices seront mises en place, assure-t-on. On n’exclut pas non plus le recours aux tribunaux si des «lésions de droits» sont constatées dans certains dossiers particuliers.

L’histoire de la «petite Alice», au cœur d’une impasse mettant en scène ses parents naturels et des allégations de malveillance à la DPJ du Centre-du-Québec, a des échos jusqu’à Québec. Le chef par intérim de l’opposition officielle, Marc Tanguay, se dit préoccupé par les faits rapportés par Le Nouvelliste. Alors que le ministre Carmant, responsable des Services sociaux, vient d’ordonner la tenue d’une enquête indépendante dans le dossier, M. Tanguay exige davantage et se désole du peu de suivi donné aux recommandations de la Commission spéciale sur les droits des enfants et la protection de la jeunesse [commission Laurent].

Au lendemain des allégations de malveillance et d’abus d’autorité de certains intervenants de la DPJ du Centre-du-Québec, le ministre responsable des Services sociaux, Lionel Carmant, ordonne la tenue d'une enquête indépendante. La tâche est confiée à la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse (CDPDJ).

Avant même qu’Alice ne vienne au monde, automne 2021, la DPJ était dans sa vie. Sa maman avait elle-même grandi sous l’aile de l’État et, une fois enceinte, son dossier refait surface. On signale son cas. «Des hypothèses de diagnostic» sont émises. La surveillance est serrée. Futurs parents, Élise et Benoit ont leurs enjeux – trop, jugera la DPJ. Deux semaines de vie à peine, Alice est retirée de son milieu. De visites supervisées en thérapies, le couple tente de retrouver la garde. Rien n’y fait, le temps file et l’adoption semble inévitable. Jeanne, la grand-maman, raconte le calvaire. Invoquant la confidentialité du dossier, les autorités refusent de commenter. Les noms ici sont fictifs. Les faits sont ceux qui nous ont été rapportés.

Décisions arbitraires, tripotage de documents, rapports d’enquête biaisés, abus de pouvoir, processus de plainte dysfonctionnel, des intervenants fustigent les façons de faire de la DPJ au Centre-du-Québec. Plus d’un an et demi après la commission Laurent et les promesses politiques qui l’ont suivie, des familles continuent d’éclater sans que les parents aient l’occasion de se prendre en main, voire de démontrer qu’ils sont sur le droit chemin, déplore-t-on.

Face aux allégations de malveillance et de suivi partial de certains dossiers au Centre-du-Québec, la directrice de la protection de la jeunesse régionale, Martine Scarlett, défend avec vigueur le travail de ses équipe — «nos intervenants sont excessivement engagés et font un travail tous les jours, auprès des enfants, pour assurer leur protection.» Elle convient cependant que l’établissement et le réseau font face à plusieurs défis.