Chronique|

L’avant et l’après 29 mai 2023

Le premier ministre François Legault voit en la Vallée de la transition énergétique une vision qu'il souhaitait concrétiser depuis longtemps... mais les défis seront grands pour y parvenir.

CHRONIQUE / Notez bien la date sur votre calendrier: au Centre-du-Québec et en Mauricie, il y aura un «avant» et un «après» 29 mai 2023. L’annonce officielle du développement ici de la Vallée de la transition énergétique marquera l’histoire économique et sociale de la région comme bien peu d’annonces ont pu le faire depuis les vingt dernières années.


Sous ce chapiteau érigé non loin du boulevard Bécancour lundi après-midi, on cherchait bien à savoir qui était venu assister à cette importante annonce. La réponse? Tout le monde, ni plus ni moins. Évidemment, les acteurs des milieux politique et économique de la région, ça allait de soi. Mais quand même le CIUSSS assiste à ce genre d’annonces, c’est signe que c’est le visage social de toute une région qui est sur le point de changer.

Cette zone d’innovation, on le savait, c’était le grand projet de François Legault, le legs qu’il voudra laisser, dans une société où il faut prendre désormais les devants pour assurer cette transition énergétique sans dépendre du reste du monde. Pour créer ici la richesse qui permettra d’espérer atteindre des objectifs imposés par le plus gros défi auquel l’humanité est désormais confrontée: les changements climatiques.

Ça doit forcément passer par ce développement majeur pour permettre ici de voir naître le grand virage de l’électrification des transports dans notre coin du monde. Et si le pari est loin d’être gagné d’avance, la vision qu’on propose est nécessaire pour enfin se lancer dans l’aventure et envoyer le message clair que désormais, c’est dans cette direction qu’on avancera au Québec.

La réalité, c’est qu’on n’a plus vraiment le choix d’aller dans cette direction. En ce sens, l’annonce de lundi avait ceci de différent de toute autre annonce déjà réalisée pour annoncer l’ouverture d’entreprises, la mise en place de partenariats régionaux… ou même l’implantation, il y a dix ans, d’un Plan de diversification économique au lendemain de la fermeture de Gentilly-2.

La différence ici, c’est que le Québec est condamné à la réussite. Ce ne sont pas des politiciens cherchant une réélection, ou encore des dirigeants d’entreprises intéressés à voir leur cote monter à la bourse qui le disent. Ce sont les défis climatiques qui l’obligent, et les générations futures qui comptent sur cette réussite.

Ça devra obligatoirement passer par la recherche, par l’inévitable collaboration de notre pôle universitaire régional qu’est l’UQTR. Ça devra aussi passer par davantage de collaboration que de guerres de clochers, comme on a parfois pu en voir dans le passé.

Mais bien plus que des investissements économiques majeurs, la Vallée de la transition énergétique, on peut s’y attendre, changera le visage social de la région. Lorsqu’on parle de plus de 10 000 emplois créés dans une zone qui placera nos deux régions au coeur de cette vision, on ne peut penser autrement que ce visage, il se transformera grandement.

Alors, 10 000 emplois, ce sont 10 000 familles qui s’implanteront ici pour en profiter. Ça apporte évidemment son lot de défis, de besoins également. Des besoins en logement, en transport, en services sociaux, en santé, en éducation. Ça veut dire des écoles de plus. Ça veut aussi dire des besoins de places en garderie, des services de santé, davantage de soins offerts dans les établissements de nos régions, des infrastructures routières capables d’encaisser cette nouvelle démographie et ses déplacements. Ça doit aussi vouloir dire repenser la façon de se déplacer, si on veut être en cohésion avec cette transition verte que l’on tente de mettre en place.

C’est là possiblement le plus grand défi de François Legault et de son gouvernement. Outre de relever le défi d’attirer ici les entreprises qui viendront se joindre à GM-Posco pour développer cette filière, non pas seulement dans la composante de batteries, mais dans la batterie elle-même, son plus grand défi sera de se donner les moyens de ses ambitions.

En réalité, ce qu’on annonçait concrètement lundi, outre l’aide financière octroyée à GM-Posco pour la soutenir dans son investissement de 600 M$, ce sont 8 M$ d’argent public qui serviront à réaliser sept projets d’infrastructures et de recherche. On se doute bien que c’est un début. On sait que d’autres investissements suivront. Encore faudra-t-il qu’ils soient à la hauteur des défis qui sont à relever dans cette transition, qui dépasse largement l’implantation d’entreprises ou le développement de la recherche.

Parce que dans une réalité budgétaire où les besoins sont toujours plus grands que les moyens, il faudra faire des choix courageux pour assurer la réussite de cette vision, à la fois pour le développement économique mais aussi pour le bien-être de la population qui soutiendra cette vision et qui la fera fleurir.