Chronique|

Oser créer ses propres opportunités

La nouvelle résidente de Shawinigan vit avec une incapacité auditive depuis sa naissance.

CHRONIQUE / Nombreuses sont les barrières qui se dressent entre un emploi à combler et une personne vivant avec un handicap physique, intellectuel, visible ou invisible. Qu’on parle de préjugés réels ou perçus, d’obstacles à la mobilité ou d’incompréhension face aux différentes réalités, les personnes en situation de handicap doivent relever plusieurs défis pour se tailler une place sur le marché du travail.


Avec le contexte de pénurie de main-d’œuvre que l’on connaît additionné à une société qui tend à devenir plus inclusive, on pourrait croire que l’embauche d’une personne handicapée au sein d’une entreprise n’est qu’une formalité. Malheureusement, ce n’est pas tout à fait le reflet de ce qui se passe sur le terrain. Les employeurs comme les personnes en situation de handicap doivent encore parcourir un bout de chemin pour que ce groupe soit mieux représenté en milieu de travail.

À l’occasion du mois national de la sensibilisation à l’emploi des personnes handicapées, j’ai rencontré la pétillante Kim Auclair, consultante Web et coporte-parole de la campagne «Entreprise inclusive, entreprise d’avenir» présentée par l’Office des personnes handicapées du Québec.

Si Danièle Henkel qui partage le rôle d’ambassadrice se penche davantage vers les entreprises pour les inviter à passer à l’action, Kim, elle, s’adresse directement aux personnes en situation de handicap qui hésitent encore à amorcer le processus de recherche d’emploi.

«Oui, il y a des ressources qui peuvent aider à vous intégrer, mais vous aussi, n’ayez pas peur de contacter directement les employeurs… même si c’est juste pour un emploi à court terme. Montrez que vous êtes capable !»

Kim Auclair parle par expérience. La nouvelle résidente de Shawinigan vit avec une incapacité auditive depuis sa naissance. Souhaitant mener une vie «comme les autres», Kim a accepté sa surdité «sur le tard» et a commencé à en parler publiquement seulement vers l’âge de 34 ans. Avant de se montrer sous un jour plus vulnérable, celle qui a poursuivi des études collégiales en graphisme se débrouillait avec un appareil auditif à son unique oreille entendante et lisait sur les lèvres pour arriver à comprendre les autres.

Kim ne demandait jamais d’aide. Passionnée d’entrepreneuriat et du monde des communications, elle n’a pas attendu que les employeurs s’adaptent à elle.

C’est en partie grâce à internet que Kim Auclair a pu se lancer en affaires.

«J’ai créé mes propres opportunités parce que je vivais des préjugés par rapport au domaine des communications. Quand j’avais postulé pour des emplois, on me disait : comment vas-tu parler au téléphone, comment vas-tu faire tes suivis, vas-tu comprendre les autres ? On cherche quelqu’un d’autonome…»

Qu’à cela ne tienne! C’est en partie grâce à internet que Kim Auclair a pu se lancer en affaires. Cet outil de communication lui a permis de miser sur ses forces plutôt que sur les difficultés occasionnées par sa surdité.

«J’adore les Zooms ! En ayant mon entreprise, j’ai pu acquérir toutes les compétences que j’ai aujourd’hui. Je reconnais mes forces, mes faiblesses… faut juste le dire. Mais avant, je n’étais pas capable de juste le dire.»

Et c’est sur ce point que Kim Auclair souhaite interpeller les personnes handicapées qui ont envie de travailler, mais qui n’osent pas soumettre leur candidature de peur d’être jugées et mal adaptées à l’environnement. Selon elle, il faut nommer les difficultés et aller au-devant des inquiétudes d’un éventuel employeur en l’informant des adaptations possibles et des programmes d’aide.

Car des subventions, il y en a, autant pour soutenir le salaire de la personne handicapée à l’emploi que pour adapter les lieux à son handicap. Reste que la ligne est parfois mince entre l’aide reçue et le besoin d’être reconnu comme une personne à part entière aux yeux de la société.

«Quand j’allais me chercher des emplois durant l’été pour acquérir des expériences en communications, ça ne me dérangeait pas quand on m’embarquait dans un programme de subventions, même si ça me réduisait un peu… je suis beaucoup plus que ça, je ne veux pas qu’on s’arrête à ça !»

Bien que la subvention pour combler une partie du salaire soit assurément un avantage pour un employeur et que Kim Auclair croit qu’il est bon de s’en servir pour se démarquer lors des entrevues, elle estime néanmoins qu’une fois en poste et formée, il est plus beaucoup plus valorisant pour la personne handicapée de se retrouver sur le même pied d’égalité que ses collègues sans handicap.

Aujourd’hui, Kim fonctionne avec un implant cochléaire. Elle entend davantage de sons et comprend mieux la parole, mais c’est aussi plus épuisant et la fatigue accumulée peut être un enjeu au niveau de sa concentration. Elle a donc appris à gérer ses énergies et ce n’est visiblement pas son handicap qui l’empêche de s’épanouir dans son travail.

D’ailleurs, le mot handicapé ne fait pas partie de son vocabulaire favori.

«J’utilise le mot handicap parce que c’est comme ça que la société fonctionne… J’aime pas ça le mot incapacité, j’aime pas ça le mot handicap. Mais c’est le message que je veux faire passer qui est important. Je ne veux pas qu’on sente que je suis handicapée, dans le sens que je me suis débrouillée autrement. Le mot handicapé, c’est un problème de société, on nous catégorise dans une case et c’est comme si on est complètement à part.»

Pourtant, une main-d’œuvre qualifiée, motivée et prête à relever un défi de plus avec enthousiasme attend l’ouverture qui lui permettra d’accéder au marché du travail. Une ouverture qui est généralement très peu coûteuse et encore moins compliquée à mettre en place.

Mais pourquoi attendre quand on peut oser créer ses propres opportunités ?

***

Vous souhaitez vous faire connaître dans les médias et multiplier les opportunités d’affaires ? Visitez le site internet de Kim Auclair

Pour en savoir plus sur les programmes et mesures disponibles, visitez le site Web de l’Office