Chronique|

La chaise musicale du maire

Si le ton dans les échanges entre membres du conseil municipal de Trois-Rivières a paru s’apaiser, les différends sont demeurés intacts.

CHRONIQUE / Peut-être en raison de l’esprit festivalier qui a commencé à imprégner l’air trifluvien, la tension permanente au sein du conseil municipal de Trois-Rivières a semblé se radoucir.


Mais on s’entend que si le ton dans les échanges entre membres du conseil a paru s’apaiser, les différends, eux, sont demeurés intacts.

On ne s’entend pas plus qu’avant sur certains dossiers devenus émotifs, mais on a laissé tomber les invectives personnelles.



On aurait beau penser qu’avec le festival DansEncore qui sert de grande bougie d’allumage à l’été trifluvien, on ferait volontiers quelques pas de danse ensemble. Mais on n’est toujours pas deux pour danser le tango municipal.

Peut-être que la reprise des assemblées en comité, en présence des journalistes, sert un peu d’exutoire. On relâcherait un peu de vapeur accumulée. Peut-être aussi est-on devenu sensible aux reproches de bien des gens qui regrettent que ces prises de bec façonnent une mauvaise image à la ville.

On l’a vu avec la nouvelle tentative infructueuse du conseiller du district de La-Vérendrye, Dany Carpentier, de faire accepter la confection d’une étude qui établirait une vision d’ensemble sur le développement économique de la ville.

Cette proposition avait déjà été soumise au vote en janvier et elle avait été rejetée dans une atmosphère beaucoup plus survoltée que cette semaine.



Même si on s’en défend et sans glisser dans les procès d’intention, on peut déduire que pour utile et aussi pleine de bons sens qu’elle est en soi, la réalisation d’une telle étude aurait eu comme première conséquence de repousser plus loin dans le temps une prise de position sur le développement ou pas du parc industriel Carrefour 40-55.

On attend le dépôt d’une troisième mouture, à laquelle devraient avoir contribué des spécialistes de l’UQTR, ce qui pourrait rendre le projet socialement plus acceptable, ou à tout le moins plus compatible avec les soucis de protection des milieux humides qui s’y trouvent.

Ce qui a cependant pu surprendre, c’est que les «opposants» ou réticents à ce développement sont moins pressés de clore le dossier.

Alors qu’on dénonçait volontiers il y a peu que plusieurs dossiers importants à la Ville soient mis comme en suspens dans le but, semble-t-il, d’attendre le retour à table du conseil du maire Jean Lamarche, l’urgence est devenue moins urgente.

«J’espère que vous ne ferez pas ça à la sauvette», parlant du 40-55, n’a pas hésité à plaider haut et fort le conseiller du district de Pointe-du-Lac, François Bélisle, insistant pour qu’on en débatte et qu’on passe au vote quand tous les membres du conseil seront présents.

C’est que le conseiller, qui a subi une chirurgie cette semaine, ne sera pas de retour à la table du conseil avant le mois d’août. Mais il y a aussi la conseillère du district de Saint-Louis-de-France, Geneviève Auclair, qui est en convalescence.



Du coup, il y a comme une compréhension sur l’absence prolongée du maire Jean Lamarche qui pourrait lui aussi être de retour pour la première réunion en août du conseil municipal.

Le discours de ne pas bloquer l’avancement de la ville en raison de l’absence du maire perd en décibels.

Et, ce qui pourrait surprendre, on ne tire plus vraiment de flèches en direction de ce dernier. Ça peut attendre!

Pour compenser ou se soulager, c’est peut-être le conseiller du district de Sainte-Marthe, Daniel Cournoyer, qui sert de soupape.

Puisqu’il est devenu «préférable» de mettre sur la tablette jusqu’au retour de tout le monde, y compris le maire, les dossiers controversés, on réclame, dans les milieux opposants, de tasser le conseiller Cournoyer de ses fonctions de maire suppléant pour y nommer un autre conseiller. Une façon sans doute de continuer le combat.

On peut même commencer à se demander si non seulement on doit attendre le rétablissement du maire, mais si on ne souhaiterait pas aussi chez certains, dans le groupe des «non-alignés», qu’il choisisse de compléter son mandat.

Car Jean Lamarche n’a jamais caché qu’au-delà de ses ennuis de santé, il était aussi entré en réflexion sur son avenir politique. Ce qui nécessiterait alors une nouvelle élection à la mairie.

Le conseiller du district des Carrefours, René Martin a déjà reconnu qu’il pourrait être intéressé par la mairie. Mais pas si l’élection avait lieu en cours du présent mandat.



Le conseiller Martin, qu’on a pu concevoir comme un allié du maire Lamarche, doit donc souhaiter que celui-ci revienne à la tête de la Ville jusqu’en 2025.

Un souhait qui pourrait aussi être partagé par le conseiller Bélisle.

En colère cette semaine parce que le Festival brassicole, qui se tenait habituellement dans son secteur, allait plutôt se tenir à l’île Saint-Quentin, le conseiller Bélisle a raconté vivre une forte montée de pression... qui ne venait pas de son opération.

Poussé dans ses réflexions par l’animatrice de Toujours le matin, Marie-Claude Julien, à Radio-Canada, le conseiller s’est laissé aller à dire «qu’avec des événements comme ça», cela le galvanisait pour la mairie en 2025.

Il établissait même son niveau de réflexion à 7 sur 10 pour y aller.

Mais il écarte toute idée d’être candidat à une élection partielle advenant une démission du maire Lamarche.

Cela peut faire sourire, mais on est porté à en déduire que pour lui aussi, comme pour le conseiller Martin, il serait dans son intérêt que Jean Lamarche reprenne son poste et complète son mandat.

Car s’il y avait des élections dans les mois qui viennent, la personne qui serait élue à la mairie serait très difficile à déloger deux ans plus tard.

Et des candidats, il y en aurait. On peut penser qu’Action Trois-Rivières serait sur les rangs.

Mais aussi le conseiller du District de Châteaudun, Luc Tremblay, qui a récemment laissé savoir qu’il briguerait la mairie si Jean Lamarche quittait son poste. De là à penser qu’il le souhaite...

Il pourrait donc y avoir un petit désalignement dans l’alignement des non-alignés.

Il y a de fortes personnalités au sein du conseil municipal, des deux côtés de la table.

Il est loin d’être impensable qu’il y a en a d’autres qui seraient disposés à être partants en 2023, comme en 2025.

Comme s’il y avait une chaise musicale à la mairie.

Coup de cœur

Puisqu’il fêtera son 25e anniversaire, il faut en conclure qu’il est entré dans le cœur de bien du monde. Alors, oui, allons danser en ville au Festival international de DansEncore.

Coup de griffe

Lors du grand feu qui a menacé Wemotaci en 2010, il y avait 1100 travailleurs de toutes sortes en forêt pour combattre les incendies. Un peu plus de 500 cette semaine. Cherchons l’erreur!