Attention, que l’on ne dise pas que ce serait « niveler vers le bas ». Cette rengaine est trop souvent dégainée comme un réflexe. En l’occurrence, elle risquerait encore une fois ici de figer une situation qui produit de mauvais résultats.
Il ne s’agirait pas de ne plus apprendre les exceptions. Pas du tout. Il s’agirait simplement de solidifier l’acquisition de la base générale, de consacrer plus d’heures à enseigner les régularités de la langue française.
Avec plus d’heures sur les régularités, bien des élèves assimileraient probablement mieux ensuite les exceptions. Ils seraient en tout cas sans doute moins nombreux à être en proie à toutes sortes de confusions — et à sombrer dans une perte d’intérêt pour le français et, plus généralement, pour l’école.
L’Association québécoise des professeurs de français promeut un tel changement.
Elle estime depuis longtemps que l’amélioration de la maîtrise de l’écriture (et, partant, des capacités orales) passe par une révision des programmes, mais également par un meilleur soutien des enseignants, par la lecture et par davantage de temps dédié à des exercices d’écriture.
Ajoutons qu’elle passe aussi, très concrètement, par l’acquisition de stratégies de révision des textes.
C’est sur tout cela qu’il faut se pencher. Et depuis tellement d’années!
Si le plan de match présenté par le ministre Bernard Drainville pour renforcer la maîtrise du français à l’école est intéressant, c’est qu’il ouvre des portes pouvant mener à ces idées très concrètes.
Des consultations se dérouleront cet automne sur le projet du ministre de l’Éducation. On y parlera de la réalité des choses. Ainsi que du manque d’enseignants, une réalité bien tangible qui limitera forcément les capacités d’action.
Mais l’inaction n’est jamais une solution.
Cela se saurait
Si les façons de faire actuelles fonctionnaient, cela se saurait. Voilà pourquoi le chemin passe nécessairement par la révision des programmes de français au primaire et au secondaire.
Trois axes sont visés par M. Drainville : ce que les élèves doivent apprendre, la façon dont ils doivent l’apprendre et les moyens de s’assurer qu’ils maîtrisent bien les apprentissages.
Cela étant, le ministère de l’Éducation part encore une fois de loin. À l’heure actuelle, il ignore quelles fautes sont les plus fréquemment commises par les élèves aux épreuves ministérielles de français.
Lorsqu’elle sera connue, cette information devrait permettre de mieux identifier les actions et les stratégies à mettre en œuvre. Elle constituera une base fondamentale lors des consultations.
Pas de cavalier seul
La simplification des règles encadrant l’accord des participes passés ne devrait pas figurer au menu des consultations. Il ne le faudrait pas!
En cette matière, mieux vaut le statu quo que de voir le Québec faire une espèce de cavalier seul dans la francophonie.
Mais insistons une dernière fois sur l’élément suivant : on pourrait déjà grandement améliorer la situation si, tout en enseignant les exceptions, on consacrait plus d’heures à enseigner les régularités de la langue française. On n’a pas toujours besoin de réinventer la roue.