Chronique|

Voilà quelques pépites parmi vos anecdotes de voyageurs gratteux

Difficile de trouver une photo pour illustrer un voyage gâché par un ami trop proche de ses sous, alors en voici une pleine de joie et d'allégresse. Pourtant, vous semblez nombreux à avoir vécu une mauvaise expérience...

CHRONIQUE / Je ne sais trop si je peux vous révéler ce détail, mais puisqu’on imprime encore notre édition du samedi, j’envoie ma chronique du week-end le jeudi soir pour accommoder les collègues au montage.


Alors, quand j’ouvre l’œil le samedi matin, comme je n’ai rien livré la veille, j’ai tendance à oublier que j’ai un texte dans le journal. Semi-éveillé, j’étire le bras pour mettre la radio sur mon téléphone. Au passage, il m’arrive de regarder machinalement la boîte de courriels, pour rien.

Samedi dernier, toutefois, j’ai subi un choc en consultant mon iPhone. Il n’était même pas 9 h que ma boîte de réception s’emplissait de messages de vrai monde! Quoi? Que se passe-t-il? Quelles bêtises ai-je pu écrire qui me valent autant de réactions?

C’était vos anecdotes de voyages avec vos amis gratteux!

Il faut croire que vous les ruminiez depuis longtemps, j’ai senti chez vous un véritable soulagement à les évacuer. Je vous imaginais soudainement sautiller comme une ballerine sur les probiotiques.

Certaines de vos histoires sont savoureuses, ce serait dommage de les garder pour moi, alors je vais livrer ici quelques pépites (en modifiant les noms, je sais que ce peut être sensible).

Mais d’abord, quelques nuances au sujet des histoires que j’ai moi-même relatées. Ce qu’il y a d’exaspérant à voyager avec un grippe-sou, c’est moins de devoir parfois payer pour lui que de subir quotidiennement ses fixations obsessionnelles.

En vacances, ça finit par être ennuyeux d’encaisser les angoisses budgétaires d’un compagnon et de devoir sacrifier une partie de son programme pour atténuer cette anxiété. Ça gâche non seulement le plaisir, mais ça tombe aussi sur les nerfs.

Ça n’a pas toujours de rapport avec les moyens financiers, vous avez été quelques-uns à signaler que certaines manies pouvaient être la manifestation d’une « relation particulière » avec l’argent. Moi-même, je peux parfois avoir une relation particulière avec mon gousset, ce qui ne révèle pas mon côté le plus flatteur. On a chacun ses bébittes.

Vous avez aussi été plusieurs à affirmer qu’il n’y rien de mieux qu’un voyage pour connaître quelqu’un de proche, que ce soit un conjoint ou des amis. Ah, ça, c’est vrai!

Francine raconte que lors d’un voyage avec son conjoint et une amie du couple, elle a surpris cette dernière sortir une boisson de son sac à main pour remplir son verre, au restaurant. Devant les protestations du couple (et sa crainte de l’humiliation), la pingre s’est justifiée en disant que le breuvage coûtait moins cher à l’épicerie qu’au restaurant! Je précise qu’on parle ici de grands adultes.

Plus tard au cours des mêmes vacances, le couple a renoncé à manger à une table réputée pour leur spécialité locale, car celle qui accompagnait les tourtereaux craignait la facture. À la fin, quand le conjoint de Francine a informé les deux femmes qu’il prenait sur lui la note de l’hébergement, l’amie s’est exclamée « avoir su, je serais allée au restaurant… » Non seulement le couple ne l’a pas étripée, mais ils l’ont toujours en affection.

« Mais plus jamais des vacances ensemble! »

Quand on dit qu’on croit connaître les gens ! Claude en sait quelque chose. Lors d’une tournée du Québec avec des amis il y a quelques années, un d’entre eux s’est amené avec le contenu de son frigo dans une glacière sous prétexte de vouloir éviter le gaspillage. « Pendant qu’on allait déjeuner au restaurant, il mangeait ses céréales à sa chambre », raconte notre lecteur.

Le plus drôle dans cette histoire, c’est qu’une laitue défraîchie a accompagné l’équipée tout au long du périple pour terminer son voyage dans une poubelle.

Nathalie raconte une histoire du même genre. Lorsqu’elle et son conjoint sont partis avec un couple d’amis faire le tour de la Gaspésie, il y a une dizaine d’années, les autres n’ont jamais voulu dépenser un sou au restaurant. « C’était des beurrées de beurre de peanuts, des muffins ou des barres tendres le matin, des sardines le midi et le soir, ils faisaient des pique-niques dans leur chambre, avec du vin de l’épicerie. »

Toujours dans la nourriture, l’anecdote de Géraldine n’a rien à voir avec l’argent. Pendant 15 jours, elle et son conjoint ont dû faire des contorsions pour satisfaire un compagnon de voyage qui n’aime rien dans sa bouche. Nommez ce que vous voulez, il trouve ça pas bon! Même pas la pizza et la mayonnaise! Déjà avec des gens au palais accueillant, c’est parfois laborieux de choisir un restaurant. Imaginez avec une personne aussi difficile!

D’autres lecteurs m’ont fait part de leur philosophie de vie, de leurs conseils et autres astuces. Merci Michel, Sylvain, André, Robert, Marc… C’est bien beau, tout ça, mais j’ai peur que ce soit inutile, à un certain niveau, certaines incompatibilités sont insurmontables.

Ne voyagez pas ensemble.