C’est toujours la même chose. Les mêmes discours, les mêmes menaces, les mêmes chicanes.
On s’assoit aux mêmes tables de négociations depuis des mois et on nous dit que les choses n’avancent pas, que ça piétine. Qu’on ne parle pas des vrais enjeux.
On nous raconte les mêmes histoires dans les médias de mois en mois.
Je pourrais ressortir des entrevues faites dans les années 90, que le discours serait sensiblement le même.
Les syndicats demandent 21% d’augmentation sur 3 ans et le gouvernement offre 9%.
Le gouvernement parle de réorganisation du travail, les syndicats martèlent que l’enjeu numéro un, ce sont les salaires.
Comment voulez-vous qu’on règle les enjeux, si en fin de compte, on ne discute pas des vraies affaires?
La présidente du Conseil du Trésor, Sonia LeBel, demande aux syndicats d’élaguer leurs demandes, pour les ramener à cinq, les syndicats crient au scandale et soutiennent qu’il s’agit d’un manque de respect, voire d’une menace.
Je discutais cette semaine sur les ondes du 106.9, avec le président de l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux, Robert Comeau, de la grève à venir, et il me disait que de leur côté, ils ont 18 demandes sur la table depuis le début et qu’il serait surprenant qu’ils en viennent à en retrancher 13 pour plaire au gouvernement.
M. Comeau me disait que ce serait laisser sur la table trop de demandes.
Actuellement, il n’y a aucune discussion sur la table concernant le salaire. C’est vous dire à quel point on est loin d’une entente entre les deux parties.
Je me pose également une sérieuse question concernant les avantages d’utiliser un Front commun syndical.
Je comprends la stratégie d’y aller avec la force du nombre. Mais je doute du résultat. En représentant 420 000 membres de la fonction publique et en agissant collectivement pour faire bouger les choses, les syndicats pensent que la force de frappe est plus puissante.
Mais le problème se situe dans le fait que dans chacune des branches syndicales, ils représentent des corps de métier bien différents, avec des enjeux et des défis différents.
Ce n’est pas vrai que les 420 000 fonctionnaires vivent la même chose au quotidien. Juste entre le domaine de la santé et celui de l’éducation, la réalité est différente.
Même dans le même créneau d’emploi, difficile d’enligner les mêmes demandes. La réalité d’un enseignant au primaire et bien différente de celle d’un enseignant au collégial. Et les conditions de travail également.
Je crois qu’en fin de compte, en agissant en groupe, les centrales syndicales viennent à se faire mal les uns, les autres.
Parlant du Front commun, on nous annonçait mardi que le mandat de grève avait obtenu un vote historique à 95% d’appui.
En fouillant un peu plus loin, le taux de participation était dans certains cas, entre 30 et 45 pour cent. Oui, certains frôlaient le 100 pour cent. Mais on parle d’un groupe de travail de 5 à 6 personnes.
Vous savez, on peut faire dire bien des choses aux chiffres.
Même si les centrales syndicales se disent plus que satisfaites du taux de participation, je le trouve particulièrement bas.
Il me semble que lorsqu’on est syndiqué, la moindre des choses est de se présenter aux assemblées, lors d’un vote important.
Que tu sois d’accord ou non avec le mandat de grève, se présenter, faire entendre sa voix et prendre position est une base élémentaire.
Ça fait un pourcentage assez élevé de syndiqués qui préfèrent demeurer silencieux.
C’est la même chose lorsqu’on regarde les taux de participation aux élections municipales, provinciales et fédérales. Ils sont très bas.
Nos gouvernements sont élus grâce à une minorité de citoyens. Et la majorité demeure silencieuse.
C’est inquiétant.
Allons plus loin dans la réflexion. La négociation actuelle des conventions collectives est bien plus qu’une négociation traditionnelle.
Il y a une dimension politique, économique et sociale dans cette négociation. Derrière l’augmentation de salaire demandée se cache aussi une question plus large.
Est-ce que ça revient aux travailleurs d’absorber l’inflation sur l’économie?
Pour avoir discuté avec des experts en économie dans les derniers mois, plusieurs s’entendent pour dire qu’en augmentant les salaires, tu viens ajouter au cycle inflationniste dans lequel nous vivons actuellement.
Le problème est que ceux et celles à qui tu refuses de donner un salaire plus important, ce sont les mêmes qui devront payer des hypothèques plus élevées et des produits alimentaires plus dispendieux.
C’est comme lorsqu’on aborde le sujet épineux de l’augmentation du salaire minimum.
D’emblée, je suis pour l’augmentation du salaire minimum. Mais ç'a de l’impact sur tout le reste.
Ça veut dire dans certains cas, la fermeture de certaines entreprises. Ça veut dire une augmentation des salaires de ceux et celles qui gagnent tout juste au-dessus du salaire minimum. Et ça ne finira plus.
C’est une roue sans fin. Un cercle vicieux dans lequel nous sommes tous et toutes plongés.
C’est une réalité qui frappe tout le monde, syndiqués comme non-syndiqués.