Un trésor dans les toilettes

Le réalisateur Wim Wenders avant la première cannoise de Perfect Days. L'acteur Koji Yakusho brille dans le film et célèbre à droite.

CANNES — C’est bien connu, le Festival de Cannes table depuis trois quarts de siècle sur les célébrités, le glamour et les paillettes. Et si la perle de cette année se cachait plutôt dans des toilettes?


Quand on cherche bien, on peut trouver de la poésie partout. Le vétéran Wim Wenders le montre de splendide manière dans Perfect Days, un film à la fois contemplatif et ultra concret qui fait vraiment chaud au cœur.

Si Dany Laferrière a déjà proclamé qu’il est un écrivain japonais, l’Allemand Wenders peut revendiquer le titre de cinéaste nippon.



Ce grand amoureux de la ville de Tokyo, qui a souvent été récompensé à Cannes — dont une fois de la Palme d’or pour Paris, Texas en 1984 —, est revenu dans la capitale japonaise pour nous la présenter sous un angle insolite, celui de ses toilettes publiques.

Il nous offre surtout le point de vue d’un homme digne et extrêmement attachant, qui entretient minutieusement ces lieux d’aisance urbains au quotidien.

Notre héros, Hirayama, ne vit pas dans le luxe. Mais on comprend au fil d’une histoire minimaliste qu’il vient d’un milieu plus aisé.

<em>Perfect Days</em> de Wim Wenders

Il est féru de littérature et de musique : le titre inspiré de Lou Reed annonce une trame sonore des plus riches et réjouissantes, savourée sur de bonnes vieilles cassettes.



Il a choisi ce travail qu’on pourrait regarder de haut, un mode de vie réglé comme une horloge, mais porteur pour lui de satisfaction et pourvoyeur de confort pour des inconnus.

On est tous passés par là dans des endroits parfois rebutants : quand il faut y aller, il faut y aller!

Wim Wenders nous offre un personnage absolument magnifique dans Perfect Days. Il est incarné avec talent, maîtrise et humanité par l’acteur Koji Yakusho, qui n’a pas tant de texte à interpréter en campant cet homme très peu bavard (ça limite aussi les sous-titres...).

Tout se passe dans son regard doux, rieur ou ému. Et dans ce sourire timide et bienveillant.

Il n’y a pas un iota de cynisme ou de méchanceté dans ce film qui adopte le même état d’esprit que son protagoniste.

Juste de l’humilité, des mains tendues, des livres et des chansons.



Le magazine Variety nous a appris que les acheteurs se bousculaient autour de cette production avant sa projection à Cannes.

En espérant qu’il arrive sur nos écrans avant longtemps. C’est uniquement de la beauté et ça fait du bien.

L’âge encore..

Des femmes plus âgées qui tombent sous le charme d’adolescents. On en a vu déjà.

Après le personnage de Julianne Moore dans May December de Todd Haynes, Léa Drucker incarne à son tour une adulte qui succombe à l’attrait de l’adolescence dans L’été dernier de Catherine Triet.

Avec son beau-fils, de surcroît.

Catherine Breillat nous transpose cette histoire sulfureuse dans un contexte ensoleillé. Et elle nous nous y immerge à force de gros plans.

La cinéaste filme ce couple indécent de près.

Des personnages les jugent. Mais pas la caméra.



Les frais de ce reportage ont été payés en partie par le Festival de Cannes.

Nous avons vu

Perfect Days

Wim Wenders

9/10

L’été dernier

Catherine Breillat

7,5/10