Outre les deux étoiles françaises, la bouffe elle-même vole la vedette dans cette œuvre gourmande adaptée d’un roman de Mathieu Burniat et présentée en compétition officielle.
Avec à peine quelques mots échangés, la première demi-heure donne le ton, tandis que nous suivons de très près la préparation d’un festin dans une cuisine de la fin du XIXe siècle. Les gestes sont précis et généreux, on sent presque les effluves à travers l’écran.
Nous voilà chez le bien nommé Dodin Bouffant (Magimel), gastronome passionné et chantre du menu (en bien ou en mal, il traduit en poésie toute critique culinaire).
Il est le patron depuis 20 ans de l’experte cuisinière Eugénie (Binoche), qui fait de la magie du potager aux fourneaux.
Leur amour partagé pour l’art sensuel de la bonne chère s’est depuis un moment transformé en relation intime… Même si madame refuse toujours d’épouser monsieur.
Celui qui s’est si souvent régalé des plats de sa complice réussira-t-il à lui mettre la bague au doigt en lui faisant à son tour à manger?
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Tran Anh Hung dirige toute une chorégraphie dans La passion de Dodin Bouffant. Anciens amoureux dans la vie, Juliette Binoche et Benoît Magimel, de grands acteurs maintes fois primés, se mettent au service de cette partition avec beaucoup de talent et une dose d’effacement.
Le film propose un hommage incarné à un art si cher à la France. Une histoire ancrée dans le passé, mais qui résonne encore à notre époque sans doute plus superficielle, où d’aucuns se plaisent à prendre leurs plats en photos au restaurant.
On n’est pas loin de la food porn… Et dans une expérience diamétralement opposée à celle décrite dans le film Club Zero de Jessica Hausner, également en compétition.
Pendant que les uns ripaillent, les autres jeunent. C’est aussi ça, Cannes!
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Un présent souriant chez Nanni Moretti
Le nouveau film du salué réalisateur italien Nanni Moretti nous promet Vers un avenir radieux. Trempé dans le doute, une nostalgie attendrissante et beaucoup d’humour parfois un brin cynique, il offre certainement au spectateur un présent souriant.
Lauréat de la Palme d’or en 2001, le réalisateur y incarne… un réalisateur. Celui-ci fait un film aux cinq ans, il tient à ses rituels. Il peinera à remarquer que tout le monde a évolué, ou à tout le moins bougé pendant qu’il restait accroché à ses repères.
Le scénario se montre bienveillant envers ce personnage doux, visiblement atteint d’un trouble compulsif. La musique nous emporte, la mise en scène se laisse emporter aussi.
Un feel good movie, comme on ne dit pas en italien.
Nous avons vu
La passion de Dodin Bouffant
Tran Anh Hun
7/10
Un avenir radieux
Nanni Moretti
7,5/10
Les frais de ce reportage ont été payés en partie par le Festival de Cannes.