Sous son nécessaire aspect protocolaire, la cérémonie a été prétexte à de fort belles prises de paroles, notamment de la part de politiciens. S’ils étaient toujours aussi sensibles et éloquents, on se plaît à penser que le cynisme et le désabusement d’une grande partie de l’électorat serait grandement atténué.
Ainsi, le ministre du Travail, ministre responsable de la région de la Mauricie et de la région du Nord-du-Québec Jean Boulet a ouvert le bal avec distinction en exprimant la fierté de l’ensemble de la population pour cet événement. «Ça nous permet d’être continuellement enchantés, a-t-il dit. Il n’est pas nécessairement opportun de référer aux retombées financières de l’événement. Je pense que d’abord et avant tout, ça nous enrichit tous de différentes façons.»
Il a poursuivi en citant Ernest Pépin qui a si joliment parlé de Trois-Rivières en 2006: «Si vous allez à Trois-Rivières, dites à la poésie combien je l’ai fêtée. Dites aussi au fleuve que ses mots m’ont ému. Et si je n’ai pas répondu à l’oiseau qu’il m’a tendu, c’est que je reviendrai pour baiser ses paupières.»
Ah! si on entendait ça plus souvent à l’Assemblée nationale...
Le député fédéral René Villemure n’a pas été tellement moins inspiré et pertinent en disant que la poésie allège l’angoisse de l’époque.
Quant au maire Jean Lamarche, à la veille du Jour national de la Vérité et de la Réconciliation, il s’est remémoré sa rencontre bouleversante avec la poétesse Natasha Kanapé Fontaine dans le cadre du festival. «Cette dame m’a fait réaliser à la fois la modernité et l’enracinement, la passion, la culture, le souci de l’histoire mais aussi le souci de transmettre. Je vous souhaite à tous de pareilles rencontres au cours des prochains jours.»
Des Prix
L’ouverture officielle du FIPTR est traditionnellement l’occasion de dévoiler les récipiendaires des différents Prix qui l’accompagnent et qui sont les suivants. Récompense par excellence, le Grand Prix Québécor du FIPTR a été remporté par Paul Bélanger.
Le Prix de la poésie Jaime-Sabines/Gatien-Lapointe a été remis à la poétesse mexicaine Silvia Eugenia Castillero. Pour ce qui est du Prix Félix-Antoine Savard de poésie, il a été octroyé à Corinne Chevarier. Andrelle Gusain, de son côté, a été couronnée du Prix Félix-Leclerc alors que le Marocain Nabil Mansar a remporté le Prix Fernando D’Almeida. Pour ce qui est du Prix Jean-Lafrenière/Zénob, c’est Anick Arsernault qui l’a reçu. Le Prix innovation en poésie a, lui, été décernée à une enseignante au niveau collégial, Roxanne Lajoie. Le Prix Piché de poésie de l’UQTR et le Prix Pierre-Chatillon sont revenus à Marie-Josée Ayotte.
Sans rien enlever à qui que ce soit, c’est à cette dernière, qu’on doit les remerciements les plus touchants. Elle a ainsi expliqué ce Prix destiné à la relève reçu à un âge où on n’en fait habituellement plus partie. «Enseigner, enfanter, les deux emmêlés, m’ont littéralement happé à l’aube de mes trente ans. Ce don de soi entier et perpétuel me laissait bien peu de forces pour mener à bien mes projets d’écriture. Et pourtant, la terre tremblait, tantôt dans des fragments de prose, tantôt en jets de vers. Un jour, cette terre s’est ouverte pour ne plus se refermer, pour dire ce qui frémit, craque et cède.»
Souhaitons-nous de retrouver souvent pareille élégance d’ici au 8 octobre.
Dix journées qui verront défiler quelque 70 poètes en provenance du Québec et du Canada pour la majorité mais aussi de 16 pays étrangers: Liban, France, Mauritanie, Bolivie, Argentine, Italie, Mexique, Inde, Honduras, Danemark, États-Unis, Maroc, Belgique, Pologne, Autriche, Croatie et Australie.
Ils rencontreront leur public dans plus de 250 activités tenues dans une trentaine de lieux différents. Apéros-poésie, dîners-poésie, spectacles, expositions, ateliers d’écriture... le menu est dense et on ne peut que recommander la consultation de la programmation au www.fiptr.com. On retient évidemment la Grande soirée Québécor de la poésie du 7 octobre, 20h, à la salle Anaïs-Allard-Rousseau dont l’entrée est gratuite pour peu qu’on ait un laissez-passer disponible via www.culture3r.com ou au téléphone, au (819) 380-9797.
Bonne poésie.