Le spectacle de clôture du TRIP affichait complet, dimanche soir. Faisant leur entrée sous des clameurs survoltées, Joanie Grenier et Lysandre Nadeau en ont eu le souffle coupé. La voix aussi, puisqu’elles se sont d’abord présentées dans le décor en laissant leur micro en coulisse. Comment dire?... On est loin du spectacle d’humour scripté et mis en scène à la sauce «une ligne, un punch».

Accompagnées par Nicol dans le rôle de DJ et de gardien du temps, les deux influenceuses du jouet sexuel ont littéralement laissé le plancher à leur invitée chouchou Christine Morency. Excellent choix en la matière. Celle-ci leur avait fait fracasser des records d’écoute lors de son passage au micro de leur balado, particulièrement avec un extrait du jeu «ça ou ça».

L’humoriste et animatrice radio qui donne rarement dans la dentelle s’est montré une remarquable improvisatrice, capable de ramener des thèmes qui ont marché à deux heures d’intervalle pour leur donner une nouvelle twist comique. Parce que oui, le spectacle a duré plus de deux heures.

Visiblement, le public était conquis d’avance. On avait affaire à des fans qui savaient dans quoi elles embarquaient. Comme de fait, le féminin l’emportait clairement sur le masculin dans cet auditoire composé, à vue de nez, de jeunes femmes de moins de 25 ans à 85 %. Accordons-nous une marge d’erreur de plus ou moins 3 points de pourcentage.

Avec la complicité de quelques invités surprise, ce public était d’ailleurs en tous points visé par le programme de la soirée. L’arrivée en scène de Claude Bégin, auteur-compositeur interprète qui fait partie du collectif Alaclair ensemble et, incidemment, le conjoint de Lysandre Nadeau et tous deux ex-participants à Big Brother célébrités, consistait en un numéro de séduction impliquant chanson de crooner, mouvements de danse et effeuillage. De quoi mettre en valeur les abdos et les tatouages de l’invité. «Merci d’avoir partagé ton quotidien, Lysandre», a lancé Christine Morency après un «slow collé» avec Claude Bégin.

L’ont suivi Claudia Bouvette et Jay Scøtt qui ont tous deux offert des prestations musicales, armés de leurs plus grands succès, nommément Touchée-coulée et Broken, puis Copilote en finale. Ces deux artistes ont su mettre le public dans leur petite poche en le faisant chanter et danser sur des refrains bien connus. Ils se sont aussi commis de quelques confidences, bien qu’on sentait chez eux une certaine pudeur pas déplaisante du tout.

Le spectacle de Sexe oral a repris les codes de son balado avec les jeux qui conduisent inévitablement l’invité à faire des révélations sur ses expériences d’intimité sexuelle. Une longue période a été consacrée à un jeu de «sexe pong», librement inspiré du fameux «beer pong» où le perdant doit révéler ou pratiquer (on a éliminé cette possibilité dans le spectacle) une activité sexuelle ou, s’il refuse, caler un verre. Des deux concurrents – Christine Morency et Claude Bégin - la première était clairement plus à l’aise de relever le défi tout en usant de ses habiletés pour l’humour salace.

On ne se trompe pas trop en disant que ce numéro manquait de rythme et de cohésion. On ne se trompe pas plus en constatant que, pour le public visé, l’effet recherché y était.

S’il fallait juger du succès du TRIP, le tout nouveau festival d’humour trifluvien, par cette seule soirée, on serait bien obligé de dire que Culture Trois-Rivières et l’Amphithéâtre ont réalisé un coup de maître en écoulant tous leurs billets auprès d’une génération - la Génération Z - si difficile à attirer dans les salles. Du moins à Trois-Rivières. Puisqu’on l’a sur Instagram et sur TikTok, pourquoi payer et se déplacer? Mais voilà la magie des succès sur les réseaux sociaux: comme la foi, elle fait des montagnes se déplacer.