Reset²: la grande exclusivité de Véronique Giasson à DansEncore

Toute l'équipe de conception du spectacle de danse contemporaine Reset 2 de Véronique Giasson est au travail toute la semaine à la salle Anaïs-Allard-Rousseau. Ce sont, de gauche à droite, le dramaturge Mathieu Leroux, Jonathan Saucier, concepteur des décors et des costumes, Tiffanie Boffa, conceptrice des éclairages ainsi que la chorégraphe Véronique Giasson.

Le Festival international DansEncore a misé sur un seul spectacle de danse contemporaine cette année et on a privilégié le travail d’une Québécoise en pleine ascension: Véronique Giasson qui présentera Reset² en grande exclusivité.


Il s’agit de la toute première oeuvre dont elle assure la chorégraphie sans être impliquée comme interprète alors qu’elle l’était pour Reset, le duo datant de 2021 et qui a servi de socle au nouveau spectacle.

De deux interprètes, elle a choisi de passer à quatre dans un effort pour explorer plus avant ses propres idées. «Le duo était de 20 minutes et cette oeuvre-ci est d’une durée de 45 minutes. C’est vraiment un gros défi mais ça m’a vraiment beaucoup appris parce que j ‘ai monté ce projet de A à Z.»



«Ne pas danser et devoir trouver les bons mots et la bonne manière d’exprimer ce que tu recherches est un gros mais riche apprentissage. J’avoue qu’il y a des choses que je ressens physiquement qu’il m’est encore difficile à exprimer auprès des danseurs mais je suis de plus en plus à l’aise. Je me sens confortable dans ce nouveau rôle.»

Explorer l’espace

Ce nouveau Reset se veut d’abord et avant tout un effort d’exploration de l’espace. Il n’est pas dans l’intention de la créatrice d’offrir un point de vue sur une thématique sociale, par exemple. «J’avais très envie de trouver des trajectoires complexes dans l’espace et de l’explorer à son plein potentiel, explique-t-elle. En duo, j’ai adoré traverser l’espace avec mon partenaire et en ajoutant un couple, je trouvais fascinant de découvrir tout ce que ça pouvait amener de nouveau. Ça tient d’une recherche minutieuse, presque mathématique de ma part et exécutée avec un grand souci de précision.»

Il importe de dire que l’équipe, puisqu’ils sont quatre à travailler à la conception, a élaboré le tout sur l’idée d’une excursion, comme si les quatre interprètes étaient des randonneurs au départ d’un long périple. Au début, on vit la préparation des randonneurs. Ensuite, c’est la découverte d’un espace à parcourir. Suit le cœur de ce parcours difficile et on termine avec l’expression de la fatigue qui émerge d’un exercice épuisant.

«Le désir derrière cette oeuvre, dit Véronique Giasson, c’est d’exprimer mon grand plaisir à m’élancer dans un espace. J’aime aussi beaucoup la fatigue, l’épuisement que j’affronte parfois quand je danse mais surtout l’état qui en émerge. Parce que quand on arrive au bout de nos ressources physiques sur scène, ce qui ressort, c’est une vérité dans l’interprétation. On tombe en mode économie d’énergie, on essaie moins de se présenter au public et tout devient plus vrai.»



On ne s’étonnera pas de savoir que la danseuse est aussi une fervente randonneuse intriguée par ce qui pousse les adeptes à se lancer à l’assaut de montagnes à répétition. À quoi tient ce désir d’affronter des obstacles pour partir à l’assaut du plus grand que soi. Est-ce la seule soif du vertige qu’on ressent au sommet?

Recherche de sens

«Ça reste de la danse contemporaine et donc quelque chose d’abstrait, analyse la chorégraphe en toute lucidité. Je ne sais pas si le public va le lire comme ça parce qu’on n’a pas intégré d’éléments de décors rappelant la montagne, par exemple. J’espère que les gens vont le percevoir mais je crois qu’ils vont sentir que c’est un parcours ardu.»

Il importe d’ailleurs de noter que l’équipe compte sur un dramaturge, Mathieu Leroux en l’occurrence, qui a servi de référence à la chorégraphe pour assurer limpidité et pertinence du propos et garantir la fluidité des transitions. «Il arrive que tu aimes beaucoup un moment dans le spectacle pour sa beauté propre mais un œil expert est là pour me ramener à l’intention de base, celle que j’ai évoquée dans mes demandes de bourses. Je ne veux pas que l’oeuvre soit juste du mouvement; je veux qu’il y ait un sens à tout ça. Je pense qu’on y est arrivé parce que Mathieu était là.»

Reset

Le public ne manquera pas de constater la pertinence du titre puisque la pièce se compose de constantes boucles dans les trajectoires physiques des interprètes. Les danseurs revenant au point de départ pour reprendre leur souffle et ensuite reprendre le même trajet, à chaque fois plus fatigués mais plus riches des parcours précédents.

La chorégraphe s’est aussi fait un point d’honneur de présenter la notion de partenariat entre les interprètes en gommant chez ses quatre interprètes, deux hommes et deux femmes, les connotations de genre. «Pour moi, dès le duo, c’était une relation d’égal à égal. Dès qu’il y avait une connotation romantique ou lyrique dans le mouvement, je me suis appliquée à la casser.»

Il importe évidemment de rappeler que Reset² sera présenté vendredi soir à 19h30 à la salle Anaïs-Allard-Rousseau mais que cette représentation est précédée de toute une semaine de résidence pour l’équipe de quatre danseurs et quatre concepteurs. Or, nouveauté intéressante, le public aura la possibilité de se procurer un billet pour assister à une répétition publique mercredi dès 13h et assister à un échange avec les créateurs au terme de celle-ci.



«Je trouve ça formidable comme initiative, clame la meneuse du projet. Je trouve ça extrêmement pertinent pour le public de voir un processus de création, d’entendre parler du travail avant de venir voir la pièce, surtout dans des œuvres contemporaines qui sont parfois difficiles à lire pour un public moins initié. Ça peut enlever une première couche de questions et offrir une piste pour l’aborder.»

On peut se procurer des billets pour assister à cette répétition publique comme à la représentation de vendredi par le biais du site du festival au dansencore.ca.

Absence d’AAINJAA

La direction du festival a convenu mardi matin au terme de nombreuses tractations qu’elle ne pourra finalement accueillir la troupe colombienne AAINJAA cette année. Des délais dans l’obtention de leurs visas empêchent les artistes de se joindre à la fête.

On a élaboré des plans B pour chacune des prestations prévues pour la troupe. Vendredi soir, sur la rue des Forges, ils seront remplacés par des déambulatoires alors que leur spectacle sur la scène portuaire à 20h sera repris par Break City All-Stars qu’on a pu voir à l’émission Révolution.

Samedi, le Cirque Kikasse sera en spectacle à 19h à un endroit à déterminer. À 19h40, la troupe Sway-Pole se produira au parc portuaire alors qu’à 21h15, le public pourra assister à une soirée Battle sur la scène du parc portuaire.

Un seul membre d’AAINJAA sera présent à Trois-Rivières pour participer à DansExpérience jeudi après-midi ainsi qu’offrir la classe de maître en percussions.