Les employés du Groupe TVA ont été conviés, jeudi, pour une annonce importante: 547 employés seront mis à pied, incluant 300 en production interne, 98 liés aux opérations des stations régionales de TVA et 149 dans d’autres sections. Il s’agit de 31% des effectifs.
Ces coupures s’inscrivent dans une importante réorganisation afin d’assurer la pérennité du Groupe TVA. Les personnes touchées recevront un préavis d’au moins 16 semaines, a précisé le Groupe par voie de communiqué.
La restructuration de l’entreprise comprend la refonte de son secteur de l’information, la fin de ses activités de production interne en contenu de divertissement et l’optimisation de son parc immobilier.
La suppression de 140 postes ainsi que le retrait de certaines émissions annoncés en février étaient des efforts « clairement insuffisants » pour garder l’entreprise à flot, a dit M. Péladeau jeudi, en conférence de presse au siège social de Québecor, avant de dévoiler les nouvelles coupes.
Le Groupe a effectué cette annonce la journée de la publication de ses résultats financiers du troisième trimestre, qui ont dévoilé que l’entreprise a un déficit de 13 millions $ pour son secteur de la télédiffusion, comparativement à une perte de 1,6 million $ à pareille date l’année dernière.
Les résultats révèlent également que Groupe TVA a enregistré des revenus de 118,6 millions $ au troisième trimestre, soit une baisse de 11,9 millions $ comparativement au troisième trimestre de 2022.
« Le modèle d’affaires de la télévision traditionnelle est indéniablement et dorénavant bouleversé pour toujours », a affirmé M. Péladeau.
Il a attribué les difficultés financières de l’entreprise à la baisse des revenus publicitaires, à la diminution des abonnements et à la diminution de l’auditoire, pointant du doigt les grandes plateformes de diffusion en ligne.
Malgré que les parts de marché du Groupe TVA ont connu une hausse, « les revenus publicitaires traditionnels poursuivent leur chute libre depuis plusieurs années », affirme-t-on par voie de communiqué.
Mettre le point final
Le Groupe TVA a également évoqué la « surenchère sur les plans des contenus en divertissement et des droits sportifs ». En juin 2022, TVA Sports avait annoncé que la chaîne ne diffuserait plus les matchs de la Major League Soccer (MLS), alors qu’Apple TV avait signé une entente exclusive avec la MLS.
Le Groupe TVA met fin à la production interne de ses émissions de divertissement. La production du Tricheur, de La Poule aux œufs d’or et VLOG sera entre les mains de producteurs externes et demeureront à l’antenne de TVA.
Seules les émissions matinales Salut Bonjour et Salut Bonjour Week-end, les bulletins de nouvelles, les contenus d’information de TVA et de LCN, et certaines émissions de TVA Sports continueront d’être produites à l’interne.
« TVA c’est plus qu’une entreprise, c’est plus qu’une marque. C’est un véhicule historique, un véhicule historique important pour notre culture, pour son écosystème, pour notre langue et pour notre information au Québec, ici à Montréal, et en région. Nous avons le devoir de sauver TVA »
— Pierre Karl Péladeau
« Nous allons poursuivre l’exploitation de ces droits et autres droits sportifs dont nous avons fait l’acquisition. Par la suite [après 2026], on déterminera l’avenir par rapport à la négociation des droits », a-t-il répondu sur l’avenir de TVA Sports.
Deux « pôles de production » à Québec et à Montréal
M. Péladeau a également dévoilé jeudi que l’entreprise aura désormais «deux pôles de productions médiatiques et numériques», à Montréal et à Québec.
Le Groupe TVA a présenté son plan d’optimisation de son parc immobilier. L’entreprise dit être en «réflexion quant à la prochaine vocation du bâtiment de son siège social, situé au 1600, boulevard de Maisonneuve Est», et vouloir concentrer ses activités dans le bâtiment du 4545 rue Frontenac, à Montréal.
«La direction souhaite entamer une discussion avec les autorités municipales de Montréal et le gouvernement du Québec, eu égard à la pénurie de logements, sur la possibilité de convertir l’immeuble en logements sociaux», peut-on lire dans le communiqué diffusé par le groupe, jeudi après-midi.
L’immeuble de la rue Frontenac accueillera les équipes des médias de Québecor, qui comprennent notamment le 24 heures, Le Journal de Montréal et QUB radio, et des magazines de TVA Publications.
Cette mesure fait partie de la restructuration du secteur de l’information dévoilée par l’entreprise. Alors qu’à Montréal, les équipes des médias traditionnels et numériques de Québecor seront réunies dans l’immeuble de la rue Frontenac, dans la capitale provinciale, les équipes du Journal de Québec emménageront dans les bureaux de TVA Québec.
En février dernier, Québecor avait aboli 240 emplois dont 140 postes au sein de sa filiale Groupe TVA.
« Nous intensifierons la collaboration entre l’ensemble des médias de Québecor et de Groupe TVA, pour tirer profit des forces de chacun »
— Pierre Karl Péladeau
Toutefois, chaque média continuera d’effectuer ses propres choix éditoriaux et de développer des contenus exclusifs, a-t-il précisé.
« TVA et LCN conserveront également leur direction distincte et indépendante, par rapport à celle des journaux, et des autres médias de Québecor », a dit M. Péladeau.
Le Groupe TVA a aussi annoncé que TVA Québec assurera désormais l’enregistrement des bulletins de nouvelles de toutes les stations régionales.
Même si l’entreprise dit qu’elle « procédera à une réduction de son parc immobilier en région », elle assure que les équipes de journalistes pour les antennes de TVA de l’Est-du-Québec, du Saguenay-Saint-Jean, de Sherbrooke et de Trois-Rivières seront maintenues sur le terrain.
Le Groupe TVA affirme également avoir formé un comité de transition pour accompagner les employés au courant de cette période de restructuration.
Les employés de TVA « consternés »
Le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), qui représente les employés de TVA, a vivement réagi à l’annonce des coupes dans l’entreprise.
Selon le syndicat, «il s’agit là d’un nouveau chapitre tragique dans le déclin continu des institutions médiatiques et culturelles québécoises».
« Nous vivons une journée sombre qui marque un nouveau tournant dans la crise du journalisme et de la culture au Québec. Les travailleurs et travailleuses de TVA sont sous le choc, et nous allons tout faire pour les soutenir. Nous nous assurerons notamment de sauver le plus d’emplois possible et ferons valoir leurs droits quoi qu’il leur arrive », a déclaré Steve Bargoné, conseiller syndical au SCFP, par communiqué.
« Le plan de restructuration annoncé aujourd’hui est complexe et demandera analyse et réflexion. Les raisons qui y ont mené sont nombreuses, mais on peut déjà dire que le déclin des revenus publicitaires de TVA au profit des géants du numérique a été décisif. Il y a donc un examen de conscience à faire à travers la société québécoise », a-t-il ajouté.