
Les églises ne sont pas des bars, plaide Mgr Lacroix
Lors d’un point de presse tenu dans la cour de l’archevêché de Québec, en fin de journée lundi, Mgr Lacroix, n’a pas caché son étonnement et sa stupéfaction face à l’annonce du gouvernement de mettre sur un pied d’égalité les lieux de prière et les débits de boisson. «Ce n’est pas juste, ce n’est pas acceptable.»
La décision est d’autant plus difficile à accepter, dénonce-t-il, que les prêtres et les équipes de bénévoles du diocèse ont mis «les bouchées doubles» depuis cet été afin de rendre les lieux de culte les plus sécuritaires possible.
Aussi les déplacements sont limités au minimum dans les allées. Le fidèle se désinfecte les mains dès son entrée dans l’église, avant de se rendre à son banc, dans le respect de la distanciation. Lors de la communion, le couvre-visage est exigé tant pour le prêtre que pour le fidèle. Aucun chant n’a lieu pendant l’office religieux. «Il n’y a à peu près pas de déplacement» précise Mgr Lacroix.
Aucun échange
«La santé des gens nous occupe et nous préoccupe. On veut protéger nos fidèles et nous protéger nous-mêmes. Nos preuves sont faites. On est capables de respecter les consignes établies» mentionne Mgr Lacroix, soulignant qu’aucune éclosion de COVID n’avait été répertoriée dans un lieu de culte.
Disant parler au nom de la table interreligieuse de concertation, regroupant plusieurs communautés de tous horizons, Mgr Lacroix, également primat du Canada, en appelle à un «dialogue franc et ouvert», en face à face, avec des représentants du ministère de la Santé et de la Direction de la Santé publique. Jusqu’à maintenant, déplore-t-il, tout s’est fait par un intermédiaire.
«On a appris (le reconfinement des églises) en même temps que tout le monde. Aucune consultation, aucun échange. Ça fait un peu curieux. On nous reconfine sans nous consulter au préalable.
Inquiétant pour l’avenir
Selon Mgr Lacroix, le diocèse reçoit «une quantité incroyable» de coups de fil et de messages de familles qui veulent célébrer des mariages ou des funérailles à l’église, mais qui ne savent trop à quel saint se vouer en raison des directives sanitaires.
«Il n’y a pas de problèmes avec les mariages et les funérailles. S’il y a des problèmes, c’est après, dans les salles de réception et les maisons, où l’on fait la noce. À l’église, tout se passe sans aucune difficulté.»
Dans un contexte où les finances des fabriques étaient déjà mal en point avant une pandémie qui a forcé la fermeture des églises pendant trois mois et demi, Mgr Lacroix croit que l’avenir des églises est plus que jamais en péril. «Ça ne peut pas rester comme ça indéfiniment. C’est très inquiétant pour l’avenir», conclut-il.