Le jour de l’accident, le camion avait été en opération en bordure de la piste cyclable longeant le lac Boivin. L’employé en poste a quitté le camion pour se rendre chez la représentante de l’entreprise Luv Shack, Lucie Lamarche, et la conduire jusqu’au camion afin qu’elle procède à sa fermeture.
Or, la génératrice utilisée pour alimenter les appareils utilisés dans le camion était en fonction et les portes du véhicule étaient toutes fermées, ce qui a entraîné une accumulation de monoxyde de carbone, un gaz inodore.
« Il y a eu des conditions durant la journée qui a fait en sorte que la génératrice a fonctionné durant environ 25 minutes alors que le véhicule était complètement fermé, les portes étaient fermées », explique Luc Lefebvre, un des inspecteurs de la CNESST à la Direction régionale de la Yamaska qui a participé à l’investigation.
Concentrations mortelles
Une simulation réalisée par les inspecteurs dans le cadre de leur enquête a permis de démontrer que la victime est entrée dans le camion et a réussi à éteindre la génératrice, après quoi elle a perdu connaissance.
« Elle a été exposée à des concentrations mortelles de monoxyde de carbone, ce qui a mené rapidement à une perte de conscience », indique M. Lefebvre.
La simulation a également permis d’établir que le taux de monoxyde de carbone était entre 10 000 et 15 300 parties par million (ppm).
« À titre comparatif, lorsqu’on est à 12 800 ppm, selon le Centre antipoison Belge, une personne qui est exposée à de telles concentrations, perd immédiatement connaissance et le décès survient entre une et trois minutes », explique M. Lefebvre.
C’est un autre représentant de Luv Shack qui a retrouvé la dame inanimée dans le camion. Des manoeuvres de réanimation ont été entreprises, mais son décès a été constaté à l’hôpital de Granby.
L’investigation menée par la CNESST a identifié deux causes qui ont joué un rôle dans la tragédie. D’abord, le fonctionnement de la génératrice à l’intérieur du camion de cuisine de rue, alors que les portes étaient fermées, a entraîné une accumulation de monoxyde de carbone. Puis, la représentante de Luv Shack a été exposée à une concentration mortelle de monoxyde de carbone.

Prévention
Ce décès est le premier à survenir dans de telles circonstances dans un camion de cuisine de rue au Québec.
La CNESST transmettra d’ailleurs les conclusions de son enquête à l’Association des restaurateurs de rue du Québec afin qu’elle informe ses membres, indique Hélène Hamann, directrice santé et sécurité au service de la prévention-inspection à la Direction régionale de la Yamaska.
Afin de prévenir les accidents qui sont liés à l’utilisation d’une génératrice et d’autres équipements qui produisent du monoxyde de carbone, la CNESST rappelle qu’il faut placer ces appareils à l’extérieur. Il est aussi important de suivre les recommandations du fabricant sur l’installation de la génératrice.
Les employeurs sont également invités à former les travailleurs sur l’utilisation sécuritaire des appareils qui produisent du monoxyde de carbone.
L’entreprise Luv Shack n’est plus en activité aujourd’hui. Après analyse du dossier, la CNESST a décidé de ne pas donner de constat d’infraction à l’employeur.