Les jeunes veulent savoir quoi faire avec leur argent

La gestion de l’argent n’est pas facile pour tous les jeunes.

Si certains croient que les cours d’éducation financière ne sont pas appréciés par les adolescents, détrompez-vous. Budget, investissement, impôt : ils sont populaires et pourraient l’être encore plus si l’offre grandissait.


Vendredi matin. 9h00.

La cloche sonne pour plusieurs étudiants de Québec. Mais pour certains, c’est plutôt dans une des classes du Carrefour jeunesse-emploi Montmorency que les cours commencent. Et le cursus est un peu différent, plus impliqué.

Une quinzaine de jeunes de 17 à 23 ans sont assis devant Alexis Tremblay-Morel, ancien enseignant d’éducation physique, maintenant conseiller financier autonome, mais également formateur pour le programme Mes Finances, Mes Choix de Desjardins.

Tous les profils s’y trouvent : réinsertion sociale, décrochage scolaire, poursuite de nouvelles ambitions.

Alexis Tremblay-Morel explique les détails que contient le relevé de paie à une quinzaine de jeunes de 17 à 23 ans.

Sous le toit du centre, des groupes, comme celui rencontré par Le Soleil, participent à un des 17 ateliers d’éducation financière, créés il y a 10 ans par Desjardins.

Un PowerPoint défile et les mains se lèvent. Toutes les questions sont bonnes : comment faire fructifier son argent? Est-ce que je dois mettre des sous dans ma retraite dès maintenant? Que se passe-t-il si je me blesse au travail? Ça vient d’où le travail au noir?

Des questions qui peuvent également être posées à la hauteur de 50 heures par année dans les écoles secondaires, sous les thèmes dictés par le ministère de l’Éducation : consommation, endettement, épargne et pouvoir d’achat. Mais seulement en cinquième secondaire.

Ne pas faire l’autruche

Un peu tard dans le parcours, selon le professeur Alexis.

« Quand j’ai commencé à faire le programme l’an dernier dans les écoles, je ne savais pas à quoi m’attendre. Mais en commençant, les jeunes me disaient qu’ils aimeraient avoir ça comme programme, que ça devrait être un cours à l’école. »

Il croit notamment que le peu d’heures offertes dans les écoles fait défaut aux élèves « à long terme ».

Alexis Tremblay-Morel, ancien enseignant d’éducation physique, maintenant conseiller financier autonome, mais également formateur pour le programme Mes Finances, Mes Choix de Desjardins.

« Je commence toujours en leur disant que s’ils ne commencent pas à s’y intéresser, ça va les rattraper plus tard. Français, math, anglais, tu peux trouver un emploi où ces notions ne sont pas importantes. Mais l’argent, tu n’as pas le choix. »

« On apprend la vraie vie, les vraies choses », lance Jade.

« C’est utile, parce qu’il y a même plusieurs adultes qui n’ont pas de base [en économie]. Et ils n’ont pas nécessairement accès à ça », pointe son amie Marianne, qui désire sauver suffisamment d’argent pour payer ses études de thanatologie en école privée.

Marianne, 17 ans, qui désire un jour être thanatologue.

Assis à l’avant tout au long du cours, Philippe détient déjà de bonnes connaissances financières. « J’ai eu plusieurs jobs », raisonne-t-il.

« Mais quand j’étais jeune, je dépensais tout mon argent. Je le prenais tout cash dans mes mains. Je me faisais des palettes. Alors, quand tu dépenses, tu ne vois pas nécessairement l’argent descendre. »

Une habitude qu’il désire briser, comme plusieurs dans la classe. Et ils affirment tous que les connaissances apprises leur permettront d’être autonomes.

Philippe, 18 ans, souligne que la volonté est là. «On décide de venir. Si ça ne te tente pas, tu ne viens pas. »

Le programme, Mes Finances, Mes Choix, de la coopérative Desjardins offre notamment des ateliers sur une panoplie de sujets tels que l’endettement, l’épargne, le crédit, mais aussi la sécurité numérique.

Toutes les caisses de l’institution, autant au Québec qu’en Ontario, offrent la formation. Un total de 114 organismes communautaires et écoles participent également ainsi que cinq cégeps, explique Isabelle Garon, première vice-présidente marketing, communications, coopération et bureau du président chez Desjardins.

Depuis 2013, plus de 500 000 jeunes ont profité du programme. Mais dix ans plus tard, ces derniers sont confrontés à une nouvelle réalité.

« Le besoin est là, à un demi-million de participants. On a besoin de continuer. On voit comment c’est difficile, avec la récession, le ralentissement économique, le coût de la vie, tout augmente, lance Mme Garon. Alors c’est fondamental que les gens aient des connaissances de base. Ce n’est pas tout le monde qui est intéressé par la finance, et c’est correct. Mais il faut prendre des décisions éclairées. »

« L’objectif de base, c’est de les éveiller par rapport à l’argent. Que ça arrête d’être tabou », conclut Alexis, au cœur du mois de la littératie financière.