
«On a fait ça pour son bien»: un complotiste est accusé de possession d’explosifs et d’arme à feu prohibée
René Clermont parle avec émotion de son frère Martin, un partisan de théories complotistes en cette pandémie. Il a été arrêté par la police le 8 janvier, lourdement armé, pour ensuite être accusé de possession de substances explosives et d’arme à feu prohibée. Le comportement de cet homme bipolaire soulevait alors de l’inquiétude auprès de son entourage qui a choisi d’appeler la police.
Le 8 janvier, la Sûreté du Québec a débarqué chez Martin Clermont, sur la rue Saint-Ubald à Louiseville, et a saisi une arme à feu CZ 858, la même utilisée lors de l’attentat contre la mosquée de Québec en janvier 2017 et lors de l’attentat du Métropolis en 2012. Dix-huit chargeurs de 30 balles, des bombes artisanales, plus de 1000 munitions de divers calibres et une arbalète ont aussi été trouvés, de même que plus de 650 grammes de cannabis et 230 grammes de résine de cannabis.

Selon René Clermont, si la famille a décidé de faire appel à la SQ, c’est en raison de propos tenus par son frère qui disait vouloir se sauver dans le bois en amenant son fils considéré comme étant «l’élu». Martin Clermont est décrit par son frère comme étant un homme intelligent et qui lit beaucoup de choses sur internet concernant la pandémie de COVID-19.
«Il croyait à plein d’affaires. C’était rendu une obsession. Il faisait juste regarder les réseaux sociaux, sur YouTube, des gens qui étaient contre le vaccin, que le gouvernement nous contrôle. Il parlait du vaccin avec une puce, la transformation génétique, la 5G. Il mélangeait tout ça. Je ne l’ai jamais dénoncé à la police, mais j’ai collaboré avec la police. Ça a été fait avec amour et tristesse. Quand ils (les policiers) l’ont embarqué, j’en ai braillé un coup.»
René Clermont est le voisin de son frère. Il savait que ce dernier communiquait avec des gens pour faire des provisions, lui qui craignait une guerre civile. Mais il n’a jamais menacé sa famille, précise-t-il.

«Qu’est-ce que tu veux qu’on fasse? Lui aimait mieux être prêt. Je le voyais bricoler un truc pour filtrer l’eau. Mon frère est un survivaliste. Il voulait protéger sa famille, car il avait peur de choses qu’il voyait sur internet. Oui, il est complotiste. Dangereux? C’est une autre affaire. Ce que je sais est qu’il allait mal. Il n’est pas rationnel. Ça fait longtemps qu’il fume du cannabis, mais il devait prendre autre chose, car il ne dormait plus. Quand tu manques de sommeil, ça devient difficile pour ta santé mentale.»
L’individu avait été condamné en 2009 à une probation de 18 mois pour possession non autorisée d’une arme.
«C’est inquiétant»
«Tout ce qu’il avait, c’est inquiétant. C’est pas des pommes, pas seulement du cannabis. C’est des armes.»
Yvon Deshaies ne cache pas avoir fait le saut lorsqu’il a appris la nouvelle concernant Martin Clermont. Le maire de Louiseville indique que les dommages auraient été sérieux si le suspect avait décidé d’utiliser son arsenal de guerre.
«On ne sait pas ses intentions. C’est lui qui a fait les bombes. Le gars qui a fait l’attentat à la mosquée (de Québec), il avait la même arme. Je ne sais pas qui lui a eu cette arme, ça a pris un contact. Déjà, en partant, ce n’est pas normal. Il commençait à être dérangé.»


M. Deshaies connaît peu l’individu. Il l’a rencontré l’été dernier, car Martin Clermont voulait lui parler de projets d’invention, notamment pour la production de cannabis.
«Il était calme et serein. Il avait l’air sain d’esprit. Il n’a jamais parlé des armes. Maintenant, j’espère qu’ils vont en avoir soin. C’est important de ne pas le laisser aller», déclare le maire, qui estime que toutes les contraintes associées à la pandémie n’ont certainement pas aidé.
Libéré sous conditions
En plus de faire face à des accusations de possession d’arme à feu prohibée et de possession de substances explosives, Martin Clermont est accusé de menace de mort contre des membres de sa famille, d’entreposage négligent d’une arme à feu et de possession de stupéfiants.
Il a été libéré le 19 janvier sous différentes conditions, dont celles de ne pas harceler certains membres de son entourage et de ne pas consommer de drogue. Il lui est interdit de posséder des armes. Le tribunal lui ordonne de prendre sa médication.
Son dossier reviendra en cour le 19 mars.