Martel, un Nicolétain de 49 ans, a aussi reconnu sa culpabilité aux accusations de voies de fait causant des lésions corporelles, de voies de fait armées [il a utilisé un bâton pour frapper Florent Dumas, une personne vivant avec une déficience intellectuelle], d’avoir forcé ce dernier à commettre un acte de bestialité, d’outrage à un cadavre et de possession d’une carte bancaire qu’il savait frauduleuse. Il y a eu un arrêt conditionnel sur l’accusation de séquestration.
Michel Dumas était au palais de justice de Trois-Rivières afin d’assister à la suite de l’enquête préliminaire de Martel. Son frère Florent vivait chez Martel depuis un certain temps lorsque les événements se sont déroulés au printemps 2022. C’est dans le sol de la cour arrière de la maison de ce dernier que le corps de Florent Dumas a été découvert le 26 mai 2022.
«Je ne m’attendais pas à ça ce matin [mardi]. [Qu’il reconnaisse sa culpabilité], ça ne me satisfait pas vraiment. Je savais que c’était lui depuis le début. On ne cherchait pas ailleurs. On savait déjà que c’était lui. Pour ce qu’il a fait vivre à mon frère, même s’il pognait 40 ans [d’emprisonnement], ça ne me contenterait pas. Ça va être d’encaisser le coup et de vivre avec.»
— Michel Dumas, frère de la victime
Ex-conjointe de Pascal Martel, Carmen préfère taire son nom. Toute l’histoire entourant Martel lui a visiblement fait revivre des émotions difficiles.
«Il a causé assez de mal autour de lui... Ça a détruit des vies. Pas juste celle de Florent et sa famille. Il a détruit la vie de plusieurs familles autour de lui.»
— Carmen, ex-conjointe de Pascal Martel
Michelle Manseau, qui milite pour les droits des personnes ayant des déficiences intellectuelles, estime que le plaidoyer de culpabilité de Martel va faire du bien.
«C’est une bonne affaire qu’il ait plaidé coupable pour s’assurer que ça ne plante pas au procès. Les familles viennent de Sherbrooke. Ça va permettre de passer à autre chose. Peut-être que le procès aurait été plus dur pour eux qui n’ont eu connaissance de rien. Et je suis contente que ce soit fini. Dans mon petit cœur, j’ai envie de croire qu’il y a un côté de lui qui ressent une responsabilité de ce qui s’est passé, en plaidant coupable», mentionne Mme Manseau, en souhaitant une sentence «exemplaire».
Me Benoit Larouche affirme s’être présenté au palais de justice de Trois-Rivières avec l’idée de faire entendre un dernier témoin expert lors de l’enquête préliminaire.
«On a reçu une offre ce matin [mardi] et on s’est mis à négocier. L’offre proposée initialement avait suffisamment de sens comme étant une bonne base de discussions pour entamer des discussions qui se sont concrétisées. Il n’y a pas eu de grosses négociations sur les chefs, de sorte que la preuve est pratiquement admise au complet», déclare Me Larouche, procureur de la poursuite, en ajoutant que tout règlement de ce type est une bonne affaire, étant donné que cela évite un possible appel et que la reconnaissance de culpabilité est la manifestation d’un minimum de repentir de la part d’un accusé.
Me Larouche, ainsi que Me Yan Primeau et Me Alexandre Biron, les procureurs de Pascal Martel, se retrouveront devant la juge Annie Vanasse le 13 juillet afin d’effectuer leurs observations sur la peine. Il est déjà convenu que les deux parties soumettront une suggestion commune à la juge Vanasse.
Une personne reconnue coupable de négligence criminelle causant la mort est passible d’une peine d’emprisonnement à perpétuité. La différence avec une accusation de meurtre est qu’il n’y a pas un nombre minimum d’années à purger avant d’avoir accès à une demande de libération conditionnelle.
Selon Me Larouche, la peine qui sera proposée se situe dans la fourchette supérieure.
«Quand on regarde le portrait global de monsieur, la peine de pénitencier qu’on va suggérer reflète bien l’état de monsieur et du crime qu’il a commis. En négociant une peine, on sait que normalement la première évaluation se fait au tiers ou aux deux tiers par la Commission nationale des libérations conditionnelles. Nous, à l’oeil, on a une idée du temps que monsieur peut faire à compter de son plaidoyer.»
— Me Benoit Larouche, procureur de la poursuite
La nature de la suggestion de peine a été abordée avec l’entourage de la victime. Ni Michel Dumas ni Carmen ne semblaient satisfaits.
Invité à commenter ces plaidoyers de culpabilité, Me Yan Primeau a poliment décliné l’offre du Nouvelliste. Il a toutefois indiqué à la cour que son client n’a jamais eu l’intention de tuer Florent Dumas même s’il reconnaît les gestes qui lui sont reprochés.
Plusieurs antécédents judiciaires apparaissent au dossier de Pascal Martel. Il a notamment été condamné par la justice pour des dossiers de vol, de voies de faits et de stupéfiants au cours des quelque 30 dernières années.
Le fils de Pascal Martel, Jason Martel, fait aussi face à la justice concernant cette histoire. Il est accusé d’outrage à un cadavre et de négligence causant la mort. Son dossier reviendra en cour le 4 juillet.