Junjie Yan a été reconnu coupable, en septembre 2022, d’avoir eu en sa possession cette marchandise illégale au Canada qui lui a valu une accusation de possession de matériel de pornographie juvénile, un crime punissable d’une peine minimale d’un an de prison. La poupée avait été saisie à son domicile en août 2020 après qu’une voisine, à qui il avait demandé d’aller relever son courrier en son absence, ait vu l’objet sur son lit.
Même si son client a été reconnu coupable, Me Gagnon estime que ce dernier n’a pas à subir le châtiment prévu par la loi, car si elle est sévère, c’est en raison des victimes qu’engendre la pornographie juvénile. Mais dans ce cas, il n’y a aucune victime.
«On peut considérer ce matériel dégoûtant, mais il faut garder en tête qu’il n’a fait aucune victime. La création de cette poupée ne s’est inspirée d’aucun humain réel et aucun enfant n’a été agressé pendant le processus de fabrication du mannequin. L’analyse objective du dossier résulte en l‘absence de victime», a dit Me Gagnon dans la plaidoirie qu’un interprète devait traduire en mandarin. Au lieu de l’emprisonnement, il demande une ordonnance de probation pendant laquelle il devrait exécuter des heures de travaux communautaires.
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Une culture différente
Yunjie Yan est venu au Québec pour apprendre le français et suivre des cours de mécanique automobile. Fils unique en raison de la politique chinoise de l’époque, l’homme de 40 ans est né à Shanghai et jouit du support de ses parents, a dit Nicolas Gagnon. Avant d’émigrer ici, il a travaillé dans une usine d’assemblage de Volkswagen. Selon Me Gagnon, son client ne savait pas que ces poupées, légales en Chine, sont interdites au Canada. Et même si nul n’est censé ignorer la loi, on peut en tenir compte quand vient le temps de prononcer la sentence. D’ailleurs, les rapports présentenciel et sexologique demandés par la cour ont établi que le risque de récidive est inférieur à la moyenne.
Au chapitre des facteurs atténuants, Me Gagnon a rappelé que son client a vu son rêve anéanti et vit depuis trois ans tous ces problèmes dans un pays étranger en respectant toutes ses conditions de remise en liberté. «Il aurait pu facilement se présenter dans un consulat chinois et demander un passeport temporaire pour s’enfuir en Chine où il n’y a pas de traité d’extradition avec le Canada. Mais il est resté parce qu’il a donné sa parole.»
Faute de la disponibilité de l’interprète, Me Gagnon a dû interrompre sa plaidoirie au retour de la pause du midi et Junjie Yan devra patienter jusqu’au 30 octobre pour entendre la suite et recevoir la peine de la juge Rouleau.