Poursuite contre l’UQTR: une rupture du lien de confiance en cause, selon des témoins

Le professeur Martin Caouette fut codirecteur de la thèse de doctorat de Coralie Sarrazin, tâche qu'il a interrompue, a-t-il expliqué, pour une question de rupture de lien de confiance.

C’est une chose rare qu’un, voire deux directeurs d’une thèse de doctorat abandonnent leur étudiant ou leur étudiante en cours de route. C’est du moins ce qu’a affirmé à la cour Danielle Leclerc qui était directrice du département de psychoéducation entre 2016 et 2019, soit au moment où Coralie Sarrazin était doctorante à l’UQTR.


Or, cette situation rare n’est pas arrivée une fois, mais bien deux fois à Coralie Sarrazin au cours de ses études doctorales à l’UQTR, a-t-on appris, mercredi, alors que se poursuivait le procès qu’elle intente contre son université. Dans les deux cas, les témoins ont évoqué une question de rupture du lien de confiance entre les directeurs de thèse et l’étudiante.

Selon Danielle Leclerc, le professeur Yves Lachapelle, qui fut le premier à diriger la thèse de doctorat de Coralie Sarrazin, n’était pas satisfait de l’attitude de l’étudiante au point où ce dernier a décidé d’abandonner la direction de sa thèse.



Mme Leclerc a expliqué que des problèmes de comportement et de manque de respect qu’aurait eus Mme Sarrasin envers le professeur Lachapelle, voire d’arrogance, seraient à l’origine du désistement de ce premier directeur de thèse.

Et de deux

À ce moment-là, le professeur Martin Caouette était codirecteur de sa thèse.

À la suite du désistement du professeur Lachapelle, une autre professeure du département, Sylvie Hamel, a levé la main pour prendre la relève en demandant au professeur Caouette de demeurer à la codirection.

Mais ce ne sera pas la dernière fois que la directrice du département, Danielle Leclerc, entendra parler de l’étudiante. Martin Caouette lui aurait lui aussi fait part de certaines insatisfactions face à son étudiante de la France.



Appelé à témoigner, mercredi, le professeur Caouette a parlé lui aussi du comportement de son étudiante.

Rappelons que Mme Sarrazin avait reçu une bourse doctorale avec laquelle elle devait donner une série de formations sur l’autodétermination des personnes en situation de handicap, le sujet de sa thèse, à des intervenants de trois associations, en France, avec lesquelles l’UQTR avait signé une convention.

Le professeur Caouette a expliqué qu’au début, il l’a accompagnée en France pour donner ces formations, question de lui enlever du stress et de l’aider à trouver sa zone de confort pour transmettre les connaissances.

Coralie Sarrazin intente une poursuite de 150 000 $ contre son université, l'UQTR.

Conflits

Selon le professeur Caouette, lorsque les participants aux formations remettaient en question ses paroles, Mme Sarrazin réagissait fortement. Elle aurait également développé un conflit avec une des trois associations qui étaient sous convention avec l’UQTR et aurait expliqué à son codirecteur de thèse que ces gens n’avaient pas été gentils avec elle. Elle aurait même donné une formation en pyjama, a-t-il affirmé.

En novembre 2017, elle lui aurait annoncé qu’elle ne pourrait pas donner les formations de trois jours annoncées ce mois-là parce qu’elle était malade. Puis, elle a demandé de ralentir le rythme dans le but de rédiger sa thèse. En janvier 2018, elle aurait songé à nouveau d’annuler les formations qu’elle devait dispenser, prétextant qu’elle avait jusqu’en 2020 pour les donner, ce qui n’était pas le cas, a affirmé le professeur Caouette puisqu’il s’agissait de formations annuelles.

Martin Caouette a expliqué qu’elle avait le droit, en pareil cas, de prendre un congé de maladie, mais elle lui aurait dit qu’elle n’en avait pas besoin. C’était une situation difficile à gérer, a-t-il expliqué à la cour, car il ne savait plus trop si elle était malade ou pas.



Autres démissions

Le professeur Caouette a également souligné que Mme Sarrazin allait néanmoins faire des interventions auprès d’autres associations qui ne faisaient pas partie de l’entente avec l’UQTR, entente qu’elle aurait dû honorer en priorité.

À plusieurs reprises, Martin Caouette a indiqué qu’il n’arrivait pas à savoir si elle avait des problèmes de santé ou non et si la convention pourrait être respectée ou pas.

La nouvelle directrice de recherche, Sylvie Hamel, et Martin Caouette ont donc fini par annoncer à leur direction de département qu’ils se retiraient aussi tous les deux du cheminement doctoral de Coralie Sarrazin.

Selon Danielle Leclerc, ce fut une fois de plus pour une question de rupture du lien de confiance.

Deux autres professeurs, une de l’UQTR et l’autre de l’UQAT, ont ensuite pris la relève et permis à Coralie Sarrazin de terminer son doctorat.

Rappelons que Mme Sarrazin a décidé de se représenter seule. C’est donc elle qui a procédé au contre-interrogatoire du professeur Caouette. La seule question qu’elle avait pour lui est de savoir si elle avait été sa première doctorante à diriger, ce à quoi il a répondu dans l’affirmative.

Quant à la directrice du département, Mme Sarrazin n’a eu aucune question pour elle en contre-interrogatoire.