
Incroyable manifestation de soutien pour Le Nouvelliste
«Le 19 août dernier, l’électrochoc a frappé à la grandeur de la province. Six journaux, six régions qui risquaient de voir leurs quotidiens s’éteindre. Ici en Mauricie, ça nous apparaît impensable que Le Nouvelliste disparaisse», a déclaré lors d’un vibrant discours la présidente de la FPJQ Mauricie-Centre-du-Québec et journaliste au Nouvelliste, Paule Vermot-Desroches.
«La vérité, c’est qu’aucun média, aucune salle de presse à travers le monde, n’est à l’abri de la crise que l’on traverse.»
La réalité complexe des pertes de revenus publicitaires a été abordée par la présidente de la section régionale de la FPJQ ainsi que les nombreuses compressions déjà réalisées par la presse écrite depuis plus d’une décennie. L’effritement de la presse régionale, auquel est confronté le Groupe Capitales Médias dont fait partie Le Nouvelliste, est une réalité depuis plusieurs années déjà. «Depuis 2012, ce sont 50 hebdos au Québec qui ont fermé leurs portes. Cinquante communautés qui n’ont plus leur propre reflet à travers cette presse locale. Des centaines de conseils municipaux qui ne sont plus couverts, des milliers de réalités qui ne sont plus dépeintes, vérifiées, analysées, rendues publiques», a ajouté Paule Vermot-Desroches dans son discours avant d’enchaîner sur l’importance d’une presse régionale en santé pour les collectivités dont la rentabilité est mise à mal par les géants du web que sont Facebook et Google.

«Non, Facebook et Google ne dépêcheront jamais un journaliste pour couvrir vos conférences de presse ici, en Mauricie et au Centre-du-Québec. Ils ne couvriront pas non plus vos succès, vos investissements, vos efforts, votre dévouement, vos actions, vos revendications. Et non, ils ne couvriront pas non plus vos campagnes électorales.»
Un appel a été lancé pour que les annonceurs, les décideurs et les citoyens posent des gestes concrets qui permettront la survie d’un journal comme Le Nouvelliste. «Un média local, c’est nos yeux, nos oreilles, nos cordes vocales. Lorsque la presse locale disparaît, ce sont les communautés que l’on dépossède de leurs sens. Donnons-nous les moyens d’être puissants collectivement, dans notre belle région», a conclu la présidente de la FPJQ.
Le président de la FPJQ, Stéphane Giroux, est venu de Montréal pour l’occasion. Il a rappelé que si Groupe Capitales Médias disparaît, «c’est la moitié des quotidiens du Québec qui disparaissent d’un trait».

Un clin d’œil de Saint-Élie-de-Caxton
Ne pouvant être présent mercredi au Musée POP en raison d’obligations professionnelles, Fred Pellerin a tout de même tenu à montrer sa solidarité envers Le Nouvelliste en préparant une courte vidéo qui a été projetée sur écran géant. Le conteur de Saint-Élie-de-Caxton a livré un touchant témoignage sur ce que représente pour lui le quotidien régional.
«Nouvelliste, je me présente à toi ce matin comme je le fais tous les matins: la barbe pas faite, échevelé et équipé de mes plus beaux atours de coton ouaté», dit-il au début de sa vidéo.
Plein d’humanité, il rend hommage aux artisans du quotidien régional qui vit actuellement une période difficile. «Petite pensée pour toi Nouvelliste parce que je sais que tu traverses ces temps-ci un détour étrange et que moi je le sais que tu es ben plus qu’un paquet de nouvelles, Nouvelliste», ajoute Fred Pellerin avec sa verve habituelle.
Par la suite, Fred Pellerin raconte des anecdotes vécues avec certains photographes et journalistes. Il évoque ses longues discussions avec le journaliste aux arts François Houde ainsi que la fois où le photographe Sylvain Mayer a voulu lui montrer ce qu’il avait ramené de son dernier voyage en Gaspésie.
Il faut dire qu’à travers les années, Fred Pellerin a accordé des centaines d’entrevues au quotidien régional en plus d’être mentionné dans pas moins de 1145 textes publiés depuis près de 20 ans. La première fois que Le Nouvelliste parlait de Fred Pellerin, c’était en 1998, alors qu’il présentait des contes à la bibliothèque de Shawinigan.
«Le Nouvelliste, c’est pas juste des nouvelles, c’est une belle gang de monde», a conclu le conteur dans sa vidéo, sous les applaudissements des quelque 300 personnes présentes à la soirée de soutien envers Le Nouvelliste.

Les politiciens bien présents
Des personnalités des milieux politiques, économiques, sportifs, communautaires et artistiques des quatre coins de la Mauricie et du Centre-du-Québec se sont déplacées pour soutenir Le Nouvelliste dans ces moments d’incertitude. La quasi-totalité des députés de la région, tant fédéraux que provinciaux, était sur place, dont la ministre de la Justice Sonia LeBel et le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale, Jean Boulet.


«La survie de nos médias locaux est extrêmement importante. C’est difficile de passer à côté du Nouvelliste dans la région. C’est une icône qui est là depuis longtemps et il est très lu. Ça permet d’avoir une diversité des voix. On ne peut pas avoir que les journaux de Montréal et de Québec», mentionne la députée de Champlain et ministre de la Justice, Sonia LeBel. «Le gouvernement a donné un appui à la presse régionale, mais maintenant il faut que la communauté travaille très fort pour donner son appui au Nouvelliste et voir comment on va permettre la survie.»

Doyen des députés à la Chambre des communes, Louis Plamondon avoue aussi être très attaché au Nouvelliste. «C’est ma drogue quotidienne d’information. Il n’y a pas de meilleure façon de connaître sa région qu’avec le quotidien. Il va toucher tous les aspects de la vie des communautés», mentionne le député fédéral de Bécancour-Nicolet-Saurel.

Les municipalités de la région étaient aussi très bien représentées. Les maires des plus grandes localités étaient tous présents et tenaient à exprimer leur volonté de conserver une presse régionale forte. «J’ai grandi avec Le Nouvelliste et j’ai de la misère à concevoir Trois-Rivières sans ce quotidien», estime le maire de Trois-Rivières, Jean Lamarche.

«Lorsqu’on est maire d’une ville, on est des acteurs de notre communauté. Et la façon de rejoindre notre population est à travers les médias écrits et parlés», ajoute pour sa part le maire de Shawinigan, Michel Angers. «Les médias régionaux nous permettent de rayonner dans notre région, mais aussi ailleurs au Québec via les autres journaux de Capitales Médias. [...] N’eût été du Nouvelliste, ça aurait été très difficile de se positionner à Shawinigan comme on l’est actuellement et faire valoir nos bons coups.»

Le milieu économique était aussi bien représenté. La directrice générale de la Chambre de commerce et d’industries de Trois-Rivières, Andréanne Guilbert, estime «qu’il est inconcevable de perdre Le Nouvelliste». «Si la chambre rayonne autant et fait parler d’elle, c’est en bonne partie grâce au Nouvelliste», précise-t-elle.

Bien que les projecteurs soient surtout sur le Groupe Capitales Médias depuis quelques semaines, les autres médias ne sont pas étrangers à la crise actuelle. Afin de montrer leur solidarité, de nombreux journalistes des autres médias de la région se sont rendus mercredi au Musée POP auprès de leurs confrères du Nouvelliste. D’ailleurs, ce sont des journalistes des autres médias de la région et membres du conseil d’administration de la FPJQ qui ont le plus contribué à l’organisation de l’événement.

Des appuis du milieu sportif
Ancien journaliste à la presse écrite devenu directeur général du Grand prix de Trois-Rivières, Dominic Fugère est très fier de répéter qu’il a appris à lire avec Le Nouvelliste et à écrire dans Le Droit, où il a commencé sa carrière.
«Je suis vraiment touché de la mobilisation. Je ne suis plus journaliste à la presse écrite, mais je me sens très impliqué. C’est mon Nouvelliste. Je pense que le plus beau message qu’on peut envoyer c’est que les citoyens engagés sont derrière leurs médias régionaux et on a besoin d’une diversité des voix», affirme-t-il.

Un quotidien comme Le Nouvelliste se donne la mission de suivre les athlètes d’ici et de partager leurs bons résultats. Double champion de la série NASCAR Pinty’s et ancien camelot au Nouvelliste, Louis-Philippe Dumoulin rappelle que Le Nouvelliste suit sa carrière depuis ses débuts. «Nos premières expériences avec les médias c’était avec Le Nouvelliste», précise-t-il. «Pour mon frère Jean-François Dumoulin, pour Dumoulin Compétition ainsi que pour moi-même, Le Nouvelliste et les autres médias de la région ont été notre rampe de lancement.»
Du réconfort pour les artisans du Nouvelliste
Le président et éditeur du quotidien Le Nouvelliste, Alain Turcotte, s’est dit très impressionné de l’ampleur de la manifestation de soutien. «C’est vraiment une belle vague d’amour», a-t-il avoué. «La première journée, on avait des craintes que les gens allaient nous fuir. Mais dès le lendemain de l’annonce, on a vu monter cet élan et cette vague. Et ce soir, c’est l’aboutissement de tout ça. De voir autant de gens de tous les milieux, c’est quelque chose de vraiment réconfortant; réconfortant pour la pérennité du Nouvelliste et pour l’ensemble des employés de cette institution.»