
Fin de l’urgence à Cloutier-du Rivage: le CIUSSS se veut rassurant, les syndicats demeurent inquiets
À compter de lundi prochain, les citoyens pourront donc se présenter à l’ancienne urgence du Centre Cloutier-du Rivage, mais pour des problèmes de santé mineurs, qui ne nécessitent pas les équipements que l’on retrouve uniquement dans les urgences. En personne ou par téléphone, ils pourront prendre rendez-vous pour rencontrer une infirmière praticienne spécialisée (IPS). Selon le problème de santé qu’ils ont, celle-ci pourra les prendre en charge elle-même ou les référer à une infirmière clinicienne, un travailleur social, une infirmière praticienne spécialisée en soins de première ligne ou à une spécialisée en santé mentale, ou encore à un médecin de famille. Une dizaine de personnes y travailleront chaque jour.
Le CIUSSS croit que cette formule permettra d’offrir une prise en charge et un suivi mieux adapté aux problématiques de santé des patients que ceux que peut assurer une urgence. «On veut s’assurer qu’il y a quelqu’un qui répond à la problématique de santé (des patients), qu’un suivi soit fait et que s’il y a une référence à faire vers un autre programme du CIUSSS pour mieux répondre à leur problématique, on va pouvoir le faire. On n’a pas le temps de le faire et ce n’est pas la mission quand on est dans une salle d’urgence», souligne Karine Lampron, directrice adjointe des services de santé primaire au CIUSSS MCQ.

La transformation de l’urgence Cloutier-du Rivage en clinique qui sera ouverte sept jours sur sept, mais seulement de 8 h à 20 h la semaine et de 8 h à 16 h la fin de semaine, a soulevé l’ire de nombreux citoyens au cours des dernières semaines. Une pétition demandant le maintien de l’urgence a d’ailleurs a été déposée à l’Assemblée nationale la semaine dernière. Elle a recueilli 7000 signatures.
Le président-directeur général du CIUSSS, Carol Fillion, a reconnu vendredi que la transformation de l’urgence en clinique inquiète encore beaucoup de gens. Il s’est toutefois engagé à ce qu’un suivi soit fait pour s’assurer que la nouvelle clinique réponde réellement aux besoins de la population. Pour faire ce suivi, plusieurs chercheurs vont observer la transition et faire des recommandations au CIUSSS au besoin.
«On a des instituts de première ligne, un à Sherbrooke et un à Québec. On va voir comment on peut travailler avec notre partenaire de la première ligne. Il y a un projet de recherche autour de la pratique des IPS et leur intégration dans les services de première ligne. Et nous-mêmes, qui avons une mission universitaire, pourrons travailler avec des chercheurs, principalement de l’UQTR, pour nous épauler. Pour que ce soit vraiment efficace et agile, on va travailler avec quelques équipes de recherche», précise M. Fillion.

Problème de recrutement
Présents à l’inauguration de la clinique, les représentants du Syndicat du personnel paratechnique des services auxiliaires et de métier du CIUSSS MCQ (SPPSAM-CSN) et du Syndicat des professionnelles en soins de la Mauricie et du Centre-du-Québec (SPS-FIQ) disent demeurer inquiets. Tous deux trouvent que la transition est trop rapide et accusent la direction du CIUSSS de ne pas les avoir consultés, ni même prévenus dans un délai raisonnable.
La question du recrutement demeure une grande préoccupation pour les deux syndicats. En effet, sur cinq postes d’IPS créés à la clinique multidisciplinaire, seulement deux ont pour le moment été comblés, l’un en soins de première ligne et l’autre en santé mentale. Or, la personne qui occupera ce dernier poste ne sera disponible que trois jours par semaine. «Elle avait déjà un engagement, elle enseigne à l’UQTR, précise Guillaume Cliche, porte-parole du CIUSSS. Mais s’il survient des situations problématiques en santé mentale lorsqu’elle n’est pas là, le médecin peut y répondre, de même que le travailleur social.» L’infirmière travaillera à temps plein une fois la session universitaire terminée, ajoute M. Cliche.

Du point de vue de Nathalie Perron, présidente du SPS-FIQ, les difficultés du recrutement auraient dû inciter le CIUSSS à attendre davantage avant de transformer l’urgence du Centre Cloutier-du Rivage en clinique multidisciplinaire. «Pour bien faire les choses, il aurait fallu prendre le temps de mettre en place ce qui devait l’être, croit-elle. Quand on s’est fait présenter le projet et dire qu’il y aura cinq IPS, on s’est dit: c’est beau. Mais quand on sait que la capacité, présentement c’est une seule IPS (en soins de première ligne), il faut s’ajuster.»
Mme Perron ajoute que le CIUSSS aurait dû attendre que tous les postes soient pourvus avant d’ouvrir la clinique. «C’est une question de respect aussi pour les gens sur le plancher», affirme-t-elle.

Débordements à prévoir au CHAUR?
Le SPPSAM-CSN craint également que la disparition de l’urgence au Centre Cloutier-du Rivage ait pour effet de faire déborder l’urgence du Centre hospitalier affilié universitaire (CHAUR) de Trois-Rivières. Même si le CIUSSS indique avoir affecté un médecin supplémentaire à la seule urgence demeurant ouverte à Trois-Rivières, le syndicat croit que cela ne sera pas suffisant.
«L’enquête menée par le CIUSSS montrait que 80 % des patients qui venaient à l’urgence Cloutier-du Rivage étaient p4 ou p5 (à faible priorité). Mais où vont aller les 20 % restant? Si on les reçoit sur les civières au CHAUR, on va avoir besoin de ressources supplémentaires pour les accueillir», prévient Pascal Bastarache, président du SPPSAM-CSN.
Le CIUSSS indique pour sa part que le volume de patients se présentant à l’urgence du CHAUR sera
évalué, afin de voir si des ajustements supplémentaires sont nécessaires.