
Église Saint-Jean-de-Brébeuf: la vente est suspendue
«[...] Parce que le projet de vente de l’église Saint-Jean-de-Brébeuf, risque de susciter envers les musulmans de Trois-Rivières, de la haine et de l’incompréhension, et pour tenter de garantir la paix qui a été perturbée, je me vois obligé de suspendre la décision unanime des marguilliers d’accepter la proposition d’achat qui leur a été faite en bonne volonté et qui a été reçue en bonne volonté», a déclaré Mgr Bouchard, lors d’un point de presse, jeudi après-midi, à la cathédrale de Trois-Rivières.
Mgr Bouchard, qui n’était pas présent à la rencontre de mardi, a aussi demandé pardon à la communauté musulmane de Trois-Rivières si des propos les ont offensés. «Si des manques de respect et d’incompréhension ont été émis vis-à-vis les citoyens musulmans de Trois-Rivières, je dois leur en demander pardon.» Il condamne d’ailleurs fermement tout propos haineux.
L’évêque a avoué que certaines réactions engendrées par cette possible vente l’ont «beaucoup surpris». «Nous sommes loin de l’esprit de fraternité que tente de promouvoir le pape François», a-t-il mentionné.

Rappelons qu’une entente de principe avait été conclue entre le Centre culturel islamique de la Mauricie et la fabrique de la paroisse du Bon-Pasteur pour la vente de l’église Saint-Jean-de-Brébeuf au montant de 500 000 $. Il s’agissait d’une offre non sollicitée.
Toutefois, craignant que les esprits ne s’échauffent encore davantage, Mgr Bouchard a estimé qu’il valait mieux suspendre le processus. «Il fallait prendre une décision pour calmer les choses, susciter autant que possible un temps de paix», explique-t-il. Il a voulu éviter que la situation s’envenime et «glisse vers la haine».
«On va laisser retomber les émotions, la charge émotive pour être capable de voir ensuite ce qu’on fait dans les semaines et les mois qui vont suivre», ajoute René Beaudoin, responsable du comité sur l’avenir des églises en Mauricie.
Selon lui, la décision de l’évêque ne signifie pas que les gens qui ont pu émettre des propos intolérants ont gagné la partie. «Ça dit: prenons un temps d’arrêt, calmons-nous tout le monde, et ensuite on réfléchira à la question, et on regardera toutes les avenues possibles.»
Cette suspension de la transaction ne signifie pas que l’église ne sera jamais vendue. D’ailleurs, le statu quo n’est pas possible, a avoué l’évêque relativement à la situation actuelle des églises dans le diocèse. Le comité diocésain sur l’avenir des églises en Mauricie est d’ailleurs chargé de se pencher sur cette question difficile avec les fabriques. Une rencontre sur la question est d’ailleurs prévue le 16 novembre.
«Le grand défi c’est de soutenir les édifices que nous avons présentement et nous savons qu’on ne peut pas les soutenir tous, et un moment donné, il faut prendre des décisions si difficiles soient-elles», a expliqué l’évêque.
Mgr Bouchard a aussi profité de ce point de presse pour remercier la communauté musulmane pour leur offre et les membres de la fabrique du Bon-Pasteur pour le travail qu’ils ont effectué dans ce dossier. Le président de la fabrique, Pierre Morand, a dit comprendre la décision de l’évêque. «J’approuve absolument. J’en ai parlé à l’ensemble des marguilliers. On trouve sage la décision de l’évêque de suspendre pour l’instant pour essayer de calmer les esprits.»
Il n’a pas été possible d’obtenir les commentaires du Centre culturel islamique de la Mauricie jeudi. Rappelons que la communauté musulmane de Trois-Rivières tente de se trouver un nouveau local parce que leur mosquée actuelle, qui se trouve tout juste en face de l’église Saint-Jean-de-Brébeuf, est trop petite pour le nombre de fidèles.
