«Il y a différents aspects qui font en sorte que pour nous, la limite de vitesse est cohérente en fonction de l’environnement routier et elle est sécuritaire en fonction de ce qui se passe sur ce tronçon. Donc, ce n’est pas la limite de vitesse qui est problématique. On a besoin peut-être d’autres mesures pour améliorer la sécurité», explique Roxanne Pellerin, conseillère à la Direction générale des communications du ministère des Transports et de la Mobilité durable.
Le Ministère va donc évaluer la possibilité d’implanter un radar photo à cet endroit. «On pense que le déploiement pourrait se faire progressivement à partir du début de l’année 2025. D’ici là, toutes les Directions [du Ministère] vont être interpellées pour soumettre des emplacements», précise Mme Pellerin. D’autres routes de la région pourraient aussi être suggérées pour accueillir des radars photo. Pour l’instant, la Mauricie-Centre-du-Québec n’en compte aucun. Il y en a présentement 54 dans 8 régions.
Dans son nouveau plan d’action en sécurité routière, présenté en août dernier, le Ministère prévoit augmenter le nombre de radars photo. Avant de procéder à ce déploiement, il est question notamment d’acquérir des appareils plus efficaces et de déposer un projet de loi pour revoir notamment le cadre législatif des infractions, c’est pourquoi un radar photo ne pourra vraisemblablement pas faire son apparition sur la portion trifluvienne de l’autoroute 40 avant 2025.
Le Ministère compte aussi améliorer la diffusion de l’information sur ce tronçon de l’autoroute. «Dans l’étude, on a déterminé que plus du tiers des collisions [34%] était de type collision arrière. Pour nous, ça démontrait clairement que les usagers avaient de la difficulté à anticiper ce qui se passe en avant d’eux et étaient peut-être surpris par un ralentissement ou un arrêt de la circulation. Donc, pour nous, répondre à cette problématique consiste à mieux informer les usagers», note la porte-parole.
Pour mieux informer, le Ministère doit être au courant lui-même de ce qui se passe. Il va donc ajouter des caméras pour couvrir l’ensemble du tronçon. Des panneaux vont être installés. «Il y a déjà des panneaux à message variable, mais ils sont petits et en bordure [de l’autoroute]. On a un projet qui va servir à les remplacer pour en mettre de plus grands formats, soit aux abords de la route ou encore en aérien, pour que ça soit plus évident pour les usagers.»
Un panneau «Préparez-vous à arrêter» qui peut être activé lorsqu’il y a de la congestion ou un ralentissement important est aussi prévu à la hauteur de la 55 sud.
Aucune date n’a toutefois été déterminée pour la mise en place de ces mesures. «On n’a pas d’échéancier de réalisation, par contre, la préparation de ce projet est déjà amorcée», assure Mme Pellerin.
Autre élément qui peut avoir une incidence sur la sécurité, ce sont des problèmes de drainage dans le secteur du pont Lejeune «où il y a une formation de glace en hiver» ainsi qu’à l’approche du pont Radisson en direction ouest «où l’accumulation d’eau sur la voie de gauche peut être propice à l’aquaplanage lors de fortes pluies». «Des analyses se poursuivent pour déterminer s’il y a des mesures qui peuvent être mises en place», mentionne la porte-parole.
Cette dernière rappelle que des travaux sont en cours pour régler une autre problématique dans le secteur du boulevard des Récollets, soit corriger la différence de hauteur entre le pont d’étagement et la chaussée, ce qui fait l’effet d’une bosse pour les usagers qui circulent en direction ouest.
Plusieurs éléments ont été analysés par le ministère des Transports lors de la réalisation de son étude dont le nombre d’accidents pour les années 2019, 2020 et 2021. Au cours de cette période, 609 accidents ont été répertoriés, dont la majorité était de type dommages matériels. «Peu d’accidents graves sont survenus pendant cette période, et aucun d’entre eux n’a été mortel», précise aussi le ministère des Transports, dans un communiqué.
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Quelque 34% des accidents sont survenus pendant les heures de pointe, soit 11 % le matin (de 7 h à 9 h) et 23 % lors du retour à la maison (de 16 h à 17 h 30).
Le Ministère a aussi procédé à plus de 10 000 relevés de vitesse. Il en a conclu que «la limite de vitesse est globalement respectée par la majorité des usagers». Il y a tout de même 22% des accidents qui ont été causés par une vitesse excessive. Les autres causes sont les manoeuvres dangereuses (24%), les distractions ou inattentions (11%) et les facultés affaiblies (2%).
Parmi les autres causes relevées par le Ministère, il y a aussi la présence d’animaux ou d’obstacles sur la chaussée (9 %), la défectuosité d’un véhicule (6 %) et les conditions météorologiques (6 %). Aucune cause n’a pu être déterminée pour 11 % des accidents.
Entre 59 000 et 67 000 véhicules circulent sur ce tronçon par jour. Des statistiques qui sont en augmentation.
Une demande de la Ville de Trois-Rivières
Les résultats de cette étude ont été présentés aux membres du comité sur la mobilité durable, mardi matin. Plusieurs élus y étaient. L’étude découle notamment d’une résolution adoptée par le conseil municipal de Trois-Rivières en septembre 2021. Cette résolution demandait au Ministère «de proposer des solutions pour diminuer les risques d’accident, augmenter la sécurité et réduire les nuisances sonores dans la partie trifluvienne des autoroutes 55 / 40».
Si certains élus souhaitaient à l’époque y inclure spécifiquement une requête pour une diminution de la limite de vitesse à 80 km/h, ils avaient finalement accepté cette formulation pour obtenir l’assentiment d’une majorité de conseillers. La résolution avait d’ailleurs été adoptée à l’unanimité.
Le conseiller Pierre Montreuil porte ce dossier depuis 2017. Il est évidemment déçu de la décision du Ministère. «Ma première réaction, c’est d’être triste parce que sérieusement, il y a selon moi une certaine dangerosité, autour du pont Radisson particulièrement. D’un autre côté, je suis de ceux et celles qui souhaitent appuyer ses décisions par des données probantes. Alors, je dois m’incliner devant les trois années d’observations que le ministère a compilées.»
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Il estime toutefois que la cohabitation entre des usagers qui roulent au-dessus de la limite permise et d’autres qui circulent plus lentement parce qu’ils sont en transit entre des rues ou des boulevards de Trois-Rivières constitue aussi un facteur de dangerosité. Sans compter le nombre de véhicules qui est en constante augmentation.
Le conseiller du district du Carmel est d’accord avec les mesures que le Ministère souhaite implanter comme l’ajout de panneaux et de radars photo. Toutefois, il déplore qu’aucun échéancier n’ait été établi.
Dans le cas de l’autoroute 55, entre l’autoroute 40 et le pont Laviolette, le Ministère a indiqué en janvier dernier que la limite de vitesse ne serait pas abaissée à 80 km/h. Il estime que la limite de vitesse de 100 km/h est «adéquate» sur cette portion de l’autoroute.
Pour ce qui est du bruit causé par la circulation, il n’a pas fait partie des éléments analysés. «Ça n’a pas du tout été étudié. On l’avait dit quand on a statué pour l’autoroute 55 en janvier dernier. Les nuisances associées au bruit ne font pas partie des critères considérés quand on analyse une limite de vitesse ou la sécurité routière», explique Mme Pellerin.
Elle ajoute que le Ministère s’est engagé à prendre part au comité qui vise à trouver des solutions pour contrer la pollution sonore.
D’ailleurs, pour M. Montreuil, d’autres facteurs auraient dû être pris en compte dans cette étude comme le bruit justement ou la diminution des gaz à effet de serre. «Il y aura toujours des gens qui vont dépasser les limites, mais allons-y, faisons quelque chose, que ce soit la communication, les radars photo, les mesures alternatives comme le covoiturage, le transport actif, le transport collectif. Mais je suis conscient que changer les habitudes de vie c’est un défi, un grand défi.»