Des 547 employés qui ont perdu leur emploi il y a deux semaines à TVA, 25 sont à la station régionale de Trois-Rivières. Ils ont quelques mois pour se trouver un plan B, leur mise à pied étant prévue dans trois mois.
À partir de février, l’équipe de TVA Trois-Rivières sera réduite à deux caméramans, deux vidéojournalistes et deux journalistes. Les bulletins seront enregistrés à partir de Québec. Une pente qui peut être glissante pour que le milieu soit couvert adéquatement, selon des élus.
«On sait que c’est l’information régionale qui va être condamnée à ce moment-là. Et que tout va venir de Montréal et de Québec », mentionne le maire de Shawinigan Michel Angers.
«On va entendre quoi? La 13 nord est bloquée? Le pont Jacques-Cartier ne va pas bien? C’est ça qu’on va entendre. Les médias locaux, chez nous, il faut que ça reste tel quel », lance pour sa part le maire de Louiseville, Yvon Deshaies.
Par ailleurs, tout le monde semble conscient que la crise dépasse largement le Groupe TVA. Plus tôt cet automne, une centaine de travailleurs des Coops de l’information, dont Le Nouvelliste fait partie, ont opté pour un programme de départ volontaire, et des coupes sont également attendues à Radio-Canada.
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Champagne rencontre Péladeau
Par ailleurs, le ministre François-Philippe Champagne rencontrera le patron de Québecor Pierre Karl Péladeau.
«On est privilégié dans la région. On a toujours eu des médias forts: Le Nouvelliste, Radio-Canada, TVA. Je m’inquiète de voir disparaître cette antenne-là. Regardez ce qu’on fait ici. Qui va informer la population si on n’a pas de médias régionaux? Je ne suis pas sûr que ça va être les antennes de Québec et de Montréal.»
Se disant touché par l’annonce de la disparition de 547 postes au sein de TVA qui touchent plusieurs journalistes et cameramen en régions, François-Philippe Champagne entend discuter de l’importance de l’information régionale en Mauricie lorsqu’il s’entretiendra avec Pierre-Karl Péladeau, au cours des prochains jours.
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«L’information régionale, c’est fondamental. On parle justement de ce qui arrive ici en région. Ma crainte est de perdre un peu cette dimension régionale dans l’information dont on a besoin. C’est pour ça que je suis en appui à leurs démarches [des gens de TVA]. C’est la voix que je vais porter auprès de M. Péladeau», raconte le député fédéral de Saint-Maurice-Champlain et ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie.
Le ministre Champagne rappelle que sa collègue du cabinet Trudeau, Pascale St-Onge, est en mode solutions. La ministre du Patrimoine canadien mène notamment des discussions avec le gouvernement québécois.
«La protection de l’information, c’est fondamental dans une démocratie. On le voit de plus en plus. Avoir des gens qui nous rapportent les faits, une analyse critique, des idées, je pense que c’est important.»
Trois-Rivières aussi
La Ville de Trois-Rivières entend par ailleurs adopter une résolution mardi, afin de «Requérir de la part des gouvernements du Québec et du Canada une intervention d’urgence afin de trouver des solutions à la crise qui touche directement l’industrie des médias et des communications, et ce, dans le but notamment de préserver la qualité de l’information dans notre région et de contribuer ainsi au maintien d’une saine démocratie.»
Le maire de Trois-Rivières Jean Lamarche était aussi présent lundi, comme plusieurs de ses homologues.
«C’est clair qu’il y a une transformation qui se fait, en ce moment, dans les médias, mais il ne faut pas nécessairement qu’elle se fasse au détriment de l’information régionale.»
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Il était notamment accompagné de la coordonnatrice de l’organisme COMSEP, Sylvie Tardif, qui craint de ne plus avoir de visibilité si la centralisation se poursuit.
«On a besoin des médias pour faire entendre notre voix. Et là, avec les coupures qu’il y a, je ne suis pas sûre qu’on va passer dans les priorités.»
Le Bloc en mode pression
Le député du Bloc québécois René Villemure, a pour sa part annoncé qu’il lancera une campagne publicitaire pour soutenir les médias locaux et leurs artisans. Il a dégagé des fonds à même son enveloppe de circonscription pour le faire.
«Cette campagne de publicité se veut un geste de solidarité envers une profession et ses artisans qui encaissent de nombreux coups durs. Devant l’atteinte injustifiable et déraisonnable de Meta et Google à la démocratie et envers le milieu médiatique, je ne pouvais rester de marbre. Les pertes d’emplois des dernières semaines font mal à l’industrie et à la démocratie», a-t-il souligné.
Le Bloc québécois demande d’ailleurs toujours un fonds d’urgence de 50 millions pour aider les médias.
Rappelons que le projet de loi C-18 du gouvernement fédéral, qui visait à forcer les géants du web à payer des redevances aux médias, a poussé META à bannir les nouvelles de ses sites, dont le réseau social Facebook.
Des discussions sont toujours en cours avec Google, qui menace de claquer la porte aussi.