«Au départ, j’avais un bac en sociologie au Togo», dit-elle. Elle arrive au Québec à l’automne 2019 avec une admission à l’UQTR en communication sociale, mais après deux sessions, elle comprend que ce n’est pas la discipline qu’elle veut approfondir. «J’ai donc fait une demande d’admission pour la maîtrise en gestion de projet», des études qu’elle amorcera à l’automne 2020, durant la COVID-19. Elle réussira ses études haut la main en août 2022. Dans sa famille, on juge important que les femmes soient diplômées, raconte-t-elle.
«Mon objectif, c’est d’immigrer, faire un certain nombre d’années ici et après, aller bâtir quelque chose chez moi», explique-t-elle. «J’ai des projets entrepreneuriaux», confie-t-elle.
La jeune Togolaise, qui a grandi au Burkina Faso, rêvait de venir au Canada depuis toute petite et mieux encore, c’est au Québec qu’elle voulait venir s’installer. «Ça a commencé quand j’ai découvert un chanteur qui s’appelle Corneille en regardant une vidéo tournée à Montréal», dit-elle.
C’est lorsqu’elle termine son bac, dans son pays d’origine, qu’elle découvre la difficulté qu’il y avait de trouver du travail et combien le taux de chômage était élevé. «Après mon bac, j’ai eu à faire des stages et après, c’était compliqué d’obtenir un emploi», raconte-t-elle.
Or, Kékéli est une personne travaillante qui est capable de bosser dur. Il n’était donc pas question pour elle d’être au chômage. Le moment était donc bien choisi pour réaliser son rêve d’enfance.
Étudier au Québec, ça coûte cher quand on vient de l’étranger. Sa famille l’a fort heureusement aidée à payer une partie de ses études, mais Kékéli a dû multiplier les boulots, certains qu’elle n’aimait pas du tout, pour compléter le manque à gagner. «Il fallait le faire pour payer les factures», fait-elle valoir. Elle a donc travaillé à temps partiel dans une usine d’abattage et de transformation de la viande ainsi que comme caissière dans un supermarché. Elle travaillera aussi pour une entreprise de nettoyage industriel pendant neuf mois, la nuit, de minuit à 6h du matin.
On peut comprendre qu’après ses études durement gagnées, Kékéli voulait un bon emploi à son goût. Or, un diplôme canadien a beaucoup de valeur en Afrique, dit-elle, et c’est une clé pour obtenir un meilleur emploi. «Ça va me donner une plus-value si je veux rentrer un jour. Au moins, je sais que je vais travailler», fait-elle valoir.
Alors, pourquoi obtenir une citoyenneté canadienne si, au bout du compte, elle entend retourner au Togo? «Et bien c’est qu’à tout moment, si tu as envie de revenir au Québec, tu peux venir. Tu n’as pas besoin d’attendre d’avoir un visa», fait-elle valoir. «Quand j’aurai des enfants, ce sera une ouverture pour eux, pour venir étudier», ajoute-t-elle.
Après ses études, Kékéli est passée par le centre Le Pont dans l’espoir d’obtenir son premier véritable emploi dans son domaine. En attendant de le trouver, elle est embauchée par une résidence pour personnes âgées où elle travaillera pendant deux mois à titre d’aide-préposée.
Elle raconte qu’elle s’est souvent retrouvée toute seule sur son étage à faire du travail de préposée. C’était beaucoup pour une seule personne, dit-elle, car elle devait aider les personnes âgées à se laver et à manger en plus de faire du nettoyage. «À un moment, ça devenait pénible. Quand on est deux, toutefois, ça se passe bien», dit-elle.
Après tous ces efforts, elle obtient enfin un contrat d’un an à titre d’agente de projet pour la Table de concertation du mouvement des femmes de la Mauricie.
Tout récemment, elle a été embauchée à titre de chargée de projet à Développement Mauricie.
Même si elle fait enfin ce qu’elle aime, Kékéli n’en restera pas là. Elle n’a en effet pas l’intention de demeurer salariée toute sa vie. Et elle a le sens des affaires, une aptitude qui lui vient de ses parents entrepreneurs. Dans ses temps libres, elle exerce d’ailleurs un peu ce don en faisant des coiffures africaines.
«J’ai toujours fait ça depuis mes études», dit-elle. La jeune femme s’intéresse aussi à l’immobilier et aimerait démarrer une entreprise de restauration rapide... africaine. Elle a l’intention de travailler sur ces deux projets en Afrique, mais elle en a aussi quelques cartes dans son jeu pour le Québec. «J’aime gérer des projets, aider l’humain, contribuer au bien-être de ma communauté», souligne-t-elle.