Bris de service évité au dépotoir de Champlain

Le LET de Champlain arrivait à pleine capacité, laissant craindre un bris de service pour les citoyens de la MRC des Chenaux.

Énercycle pourra surélever les cellules d’enfouissement au dépotoir (LET) de Champlain, en attendant son agrandissement, statut le ministère de l’Environnement. Le certificat d’autorisation a été émis le 22 septembre dernier. La décision arrive in extremis, tandis que le site atteignait sa pleine capacité, laissant poindre le risque d’un bris de service.


«La limite de la coquille autorisée (hauteur) de la cellule du côté des matières résiduelles devrait être atteinte au mois d’août 2023», anticipait Énercycle dans le compte rendu d’une réunion tenue en juin et dont nous avons obtenu copie. La MRC des Chenaux dépend du lieu d’enfouissement technique de Champlain pour sa gestion des matières résiduelles.

Ainsi avait-on demandé au ministère d’autoriser une surélévation d’une hauteur d’environ 10m de plus que ce qui est actuellement permis. La mesure transitoire, en attendant l’autorisation ministérielle visant à agrandir le site, permettrait de recevoir jusqu’à 90 000 tonnes supplémentaires pour une période maximale d’un an, détaillait-on.

Un décret de soustraction à la procédure d’évaluation et d’examen des impacts sur l’environnement avait été émis le 19 juillet dernier, étant donné que la démarche avait été faite dans le cadre du projet plus large d’agrandissement du site. Or, le certificat d’autorisation du ministère tardait à venir.

Dernière minute

Chez Énercycle, le directeur général Stéphane Comtois convient qu’il était moins une. Il explique que des mesures avaient été prises afin d’éviter le bris de service.

«Matrec [gestionnaire du site] a ralenti l’arrivée de ses propres matières à lui. Probablement qu’il est allé en déposer ailleurs, dans d’autres sites d’enfouissement. Il fallait qu’il nous garde de la place pour la MRC des Chenaux jusqu’à Noël», pointe le directeur général. L’horizon 2024 menaçait toutefois d’être une impasse.

L’autorisation de dépassement qui vient d’être accordée est valable pour un an, avec possibilité de prolongation, précise M. Comtois.

Le temps commençait à presser, convient Stéphane Comtois, directeur général d’Énercycle.

Marécages, eau potable et 5 millions de tonnes de déchets

L’autorisation d’opérer en dérogeant aux règles de façon transitoire survient au même moment où le BAPE vient de donner un avis favorable au projet d’agrandissement du LET de Champlain, que l’on juge «justifié».

Ce sont quelque 250 000 tonnes de déchets supplémentaires que l’on entend traiter à Champlain, de manière annuelle au cours des 20 prochaines années, si Québec donne son aval à la demande d’Énercylce. Notons que la gestion des déchets de la MRC des Chenaux ne compte que pour 3% de l’agrandissement demandé. Matrec importerait le reste des matières résiduelles de ses propres clients, dans le cadre de son entente avec Énercycle.

Des compensations financières seront toutefois exigées pour la destruction de 2,5 hectares de milieux humides, si les travaux projetés vont de l’avant. Énercycle n’était pas en mesure de dire mercredi à combien s’élevaient lesdites compensations, mais le directeur général Comtois laisse entendre qu’il s’agit d’un montant substantiel.

Le BAPE sur l'agrandissement du LET de Champlain a conclu que le projet était justifié.

Le BAPE a par ailleurs recommandé que le ministère de l’Environnement exige qu’Énercycle «procède à l’inventaire et la caractérisation de la qualité de l’eau des puits se trouvant dans un rayon d’un kilomètre en aval des limites du projet d’agrandissement, avant le début des travaux». Un risque de contamination de l’eau potable a été identifié durant les audiences publiques.

Énercycle assure qu’on entend se conformer à la l’exigence. «C’est quelque chose qu’on connaît de toute façon au niveau des sites d’enfouissement. Ça fait souvent partie des règlementations qu’on a à surveiller», note M. Comtois.

On s’attend à ce que le décret autorisant le projet soit émis d’ici décembre. «Ça se peut qu’on l’ait avant, mais la date limite, c’est pas mal mi-décembre», avance Stéphane Comtois. Le gestionnaire dit avoir confiance que le conseil des ministres entérine la demande, compte tenu du rapport favorable soumis par le BAPE.