Les bêtes proviendraient d’un élevage clandestin, puisque les animaux qui ont été vus n’ont pas d’étiquette d’identification. Il s’agirait d’un hybride entre un porc et un sanglier.
C’est ce qu’indique le propriétaire du Rieur Sanglier, Nicolas Gauthier, le seul éleveur en règle dans le secteur de Yamachiche qui confirme que les bêtes ne proviennent pas de chez lui. «C’est une race que je n’ai pas, que je ne souhaite pas. Ça me confirme encore plus l’amateurisme de la chose», indique-t-il.
«Malheureusement, il y a une vogue d’amateurs de porcs, de porcs exotiques, de porcs au pâturage dans la cour extérieure, des éleveurs qui ne sont pas des éleveurs et qui détiennent ces animaux-là.»
— Nicolas Gauthier, propriétaire du Rieur Sanglier
«Je ne fais pas affaire avec ces individus-là, mais je sais qu’il y en a déjà eu à Louiseville, à Saint-Léon, au petit village de Yamachiche, à Charette, à Saint-Paulin. Il y en a présentement à Saint-Sévère et à Saint-Étienne», indique Nicolas Gauthier.
Celui-ci souligne que l’élevage de sangliers est encadré par des normes strictes, parmi les «plus sévères au monde». «Les bêtes doivent être élevées dans un site conforme, dans des enclos évalués et rendus conformes par le ministère de la Faune. Il faut aussi un permis de garde d’animaux exotiques», rappelle celui qui est éleveur professionnel depuis près de 25 ans.
De nombreux signalements de sangliers ont été faits au Refuge Cécropia. Certains pour deux sangliers, alors que d’autres indiquent en avoir vu trois. «C’est un peu nébuleux», convient Maxime Descôteaux, le cofondateur du centre de réhabilitation de la faune Cécropia.
L’organisme a agi bien malgré lui comme une centrale d’appels au cours des derniers jours, étant en contact avec le ministère de la Faune qui a dépêché une équipe sur le terrain. À chaque fois, l’organisme invite les gens à leur fournir l’adresse et à communiquer avec SOS Braconnage pour transmettre les coordonnées GPS de leur observation, ainsi qu’une photo quand c’est possible.
Pour le moment, les signalements qui sont entrés chez Cécropia n’ont pas parlé de ravages causés par les animaux. «Ce sont plus des signalements parce que les gens aperçoivent cet animal-là et se demandent c’est quoi», précise Maxime Descôteaux, qui croit que la capture des bêtes pourrait être un peu plus compliquée étant donné que les cultivateurs n’ont pas complété leurs récoltes.
De son côté, le propriétaire du Rieur Sanglier, Nicolas Gauthier, ne croit toutefois pas que les deux sangliers qui ont été aperçus puissent faire des ravages dans les champs de la région comme l’ont fait les vaches en cavale à Saint-Sévère, l’an dernier.
«C’est circonscrit, c’est dans un boisé. Ils savent à peu près où ils sont et je pense qu’ils vont installer une espèce de piège de leur fabrication», raconte l’éleveur qui a lui-même offert son aide pour la capture des bêtes au biologiste du ministère de la Faune qui est à la recherche de traces.
«On ne parle pas d’un ravage ou d’une migration monstrueuse. Je ne veux pas banaliser les faits, mais il n’y a pas de danger avec deux sangliers. Ce n’est pas dangereux pour les gens», soutient le propriétaire du Rieur Sanglier.
«C’est effectivement un animal qui fouine dans le jardin et qui va retourner la terre un peu, mais c’est tout de même moins dommageable que les ratons laveurs, les ours, les dindes sauvages et les cerfs, nuance-t-il. En troupe, c’est autre chose. En Europe, quand ils sont en bande de 100, c’est un peu plus envahissant.»
«Ici, au Québec, on n’en a pas à l’état sauvage. Ils viennent donc nécessairement de mauvais élevage. Nul n’est à l’abri d’échapper des animaux, parce qu’on est dans une région où il s’élève beaucoup d’animaux. Quand ce ne sont pas des vaches, ce peut être des poules, ce peut être des chiens, ce peut être des sangliers. Le sanglier est un peu plus sensationnaliste, un peu plus exotique, mais c’est un hybride porc et sanglier qui n’a pas sa raison d’être en liberté.»
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