Sainte-Thècle: des centaines de milliers de dollars en dépenses imprévues

La directrice générale, Valérie Fiset, et la mairesse par intérim de Sainte-Thècle, Roxanne Bureau-Grenier, ont présenté le rapport financier de la Municipalité pour 2022.

Les citoyens de Sainte-Thècle présents à l’assemblée extraordinaire du conseil municipal, lundi soir, ont eu la mauvaise surprise d’apprendre que leur Municipalité avait dû débourser des centaines de milliers de dollars de plus que prévu pour l’année 2022. L’excédent accumulé a fondu comme neige au soleil, passant de 882 075 $ en 2021 à 68 840 $ l’année suivante.


C’est l’adoption du rapport financier et du rapport de l’auditeur indépendant qui a révélé cette série de mauvaises surprises aux citoyens. La plus coûteuse de ces surprises a été la réalisation des travaux d’asphaltage autour du lac du Jésuite. Alors que le conseil croyait pouvoir obtenir une subvention d’environ 200 000 $, le montant reçu a plutôt été de 20 000 $. C’est donc la Municipalité qui a assumé la quasi-totalité des frais.

La Municipalité a également dépensé au moins 140 000 $ de plus que prévu en frais d’intérêt. Les coûts de déneigement ont grimpé de 93 000 $. Au chapitre des loisirs et de la culture, les dépenses ont elles aussi beaucoup augmenté, notamment avec des coûts supplémentaires de plus de 40 000 $ pour le stationnement d’un parc.



«Il y a aussi eu plus d’activités en 2022 qu’en 2021, après la fin de la pandémie, et plus de salaires à payer», a expliqué la directrice générale de la Municipalité, Valérie Fiset.

Notons d’ailleurs que cette dernière était absente pour maladie une grande partie de l’année 2022. Elle n’était donc pas en poste lorsque ces dépenses imprévues ont été faites.

Enfin, la Municipalité a dépensé autour de 100 000 $ en lien avec des plaintes pour harcèlement psychologique, un dossier qu’elle traîne depuis 2021. Ce dossier avait d’ailleurs valu de sévères remontrances de la Commission municipale du Québec (CMQ) à l’égard de l’ancien maire Michel Rheault, qui a démissionné il y a bientôt deux semaines.

Ce dossier aura coûté, en 2022, près de 100 000 $ à la Municipalité, dont plus de 40 000 $ en frais d’avocats. Frais qui continueraient d’ailleurs à s’accumuler, puisque le litige n’est toujours pas réglé. Rappelons que la CMQ avait ordonné à la Municipalité de reprendre l’enquête sur les plaintes. À savoir si cet épineux dossier tirait à sa fin ou non, la mairesse par intérim Roxanne Bureau-Grenier a simplement répondu que «tout est en cours encore», sans pouvoir commenter davantage.



Environ 21 000 $ ont également été défrayés en frais d’avocats dans le cadre des négociations pour le renouvellement de la convention collective des employés municipaux.

Citoyens remontés

Interloqués par l’ampleur des dépenses imprévues en 2022, plusieurs citoyens ont critiqué le travail des élus.

«Pourquoi vous n’avez pas réagi?», a demandé l’un d’entre eux, alors qu’un autre leur a rappelé qu’ils avaient été élus pour diriger la Municipalité de manière responsable.

Des citoyens ont critiqué le travail des élus, lundi soir, concernant les importantes dépenses imprévues en 2022.

«On ne s’est pas juste mis la tête dans le sable, on a travaillé fort», s’est défendue Mme Bureau-Grenier, alors que certains citoyens ont laissé entendre que les conseillers auraient laissé carte blanche à l’ancien maire Rheault.

Le conseiller Frédéric Lapointe a pour sa part pointé du doigt l’ancien conseiller municipal Jean-François Couture après que celui-ci ait questionné la gestion du dossier des relations de travail par ses successeurs.

«Vous étiez en poste quand ça a commencé, le 9 août 2021», a-t-il lancé. «Nous, on est arrivé avec une patate chaude dans le four, et on l’a gérée.»



Le conseiller Frédéric Lapointe (à gauche) a dit estimer que d'anciens conseillers ont laissé à leurs successeurs «une patate chaude».

M. Couture était d’avis que la problématique a plutôt débuté après les élections de novembre 2021.

«Si vous considérez que le conflit a débuté à cette date-là, c’est votre droit», s’est-il contenté de répondre.

Rencontré par Le Nouvelliste après la séance publique, M. Couture ne se disait pas particulièrement heurté par cet échange avec le conseiller Lapointe. Ce n’était toutefois pas le cas d’une autre ancienne conseillère municipale, qui l’a visiblement moins bien pris.

«Je ne suis pas contente de me faire dire que j’ai causé une injustice. J’ai de la rage en dedans», a-t-elle mentionné, une fois la rencontre terminée.

Jean-François Couture, ancien conseiller municipal.

«On fait notre possible pour ramener tout ça»

Rencontrée elle aussi après la réunion publique, la directrice générale Valérie Fiset indique que le conseil municipal a déjà posé plusieurs actions pour redresser la situation financière de la Municipalité.

«On prend tous les moyens nécessaires, avec le conseil municipal, pour que la situation se rétablisse le plus rapidement possible», souligne-t-elle. «Le conseil a fait des coupures aux endroits où c’était possible, sans brimer les services. Le conseil municipal a tout fait pour essayer d’arriver avec une année 2023 qui ne sera pas déficitaire.»

Il est trop tôt pour savoir à quel point ces dépenses imprévues affecteront le budget pour la prochaine année, indique Mme Fiset. Celle-ci ajoute enfin que l’adoption du rapport financier et le rattrapage de certaines obligations va aussi permettre à la Municipalité de toucher du financement qui était auparavant bloqué.

«On fait notre possible pour ramener tout ça. À date, pour cette année, ça va bien. Le conseil a bien travaillé, et la directrice générale aussi», a ajouté la mairesse Bruneau-Grenier.



La mairesse par intérim Roxanne Bureau-Grenier.

Celle-ci a par ailleurs assuré aux citoyens que cet imprévu ne remettait pas en question la construction d’un nouveau garage municipal.

«Il y a une subvention très intéressante qui est associée à ça et si on laisse tomber le projet, on va la perdre», a-t-elle expliqué, tout en mentionnant que si les coûts étaient jugés déraisonnables au terme du processus d’appel d’offres, le conseil aurait toujours le loisir de changer d’avis.

La construction du nouveau bâtiment est estimée à environ 2,6 millions $. Le conseil municipal souhaite adopter un règlement d’emprunt d’un peu plus de 3 millions $. Un avis de motion a été déposé à cet effet, lundi soir.

Élection partielle le 5 novembre

Enfin, en raison du départ du maire Michel Rheault, le conseil municipal a annoncé la tenue d’une élection partielle, le 5 novembre. La période de mise en candidature s’étendra du 22 septembre au 6 octobre. Le vote par anticipation aura lieu le 29 octobre.

Rappelons que M. Rheault a annoncé sa démission, le 5 septembre dernier, pour des raisons de santé et familiales. Il avait été élu lors des dernières élections municipales générales, en novembre 2021.