Une RPA ferme à Trois-Rivières: 66 aînés devront déménager

Quelque 66 aînés devront se résoudre à déménager à Trois-Rivières, après l'annonce de la fermeture d'une autre RPA dans la région.

Une autre résidence privée pour aînés déclare forfait en Mauricie. La Maison Valeo Jean XXIII invoque le nombre d’unités vacantes, la pénurie de main-d’œuvre et l’inflation galopante pour expliquer sa décision. L’aile ressource intermédiaire (RI) de l’établissement trifluvien demeure toutefois ouverte. Ce sont 66 aînés qui devront trouver un endroit où se reloger.


La nouvelle survient alors que des travailleurs du CIUSSS de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec sont «en soutien» aux opérations à la Maison Valeo-Jean XXIII depuis quelques mois. Les autorités évoquaient «certaines préoccupations» pour justifier leur intervention auprès de la ressource.

La Maison Valeo-Jean XXIII explique d’ailleurs avoir «décidé de cesser ses activités en RPA pour se concentrer sur son mandat en Ressources intermédiaires en partenariat avec le réseau public de la santé».



«La transition se fera en collaboration avec les intervenants du CIUSSS MCQ pour accompagner les résidents de la RPA dans la relocalisation au sein d’un autre milieu de vie, correspondant à leurs besoins et à leur condition», indiquent les gestionnaires de la Maison Valeo-Jean XXIII dans une communication écrite.

Du côté du CIUSSS MCQ, on assure que le propriétaire a remis un plan de cessation de ses activités qui respecte les délais prescrits dans le cas d’une fermeture du genre.

«Notre rôle auprès des résidents et de leur famille, c’est de les soutenir, de les accompagner et de répondre à toutes les inquiétudes qu’ils peuvent avoir à la suite d’une annonce comme celle-là qui peut être déstabilisante», admet l’agente d’information, Julie Michaud.

«Nos équipes seront interpellées pour soutenir les résidents et les familles dans l’évaluation de leurs besoins, identifier un nouveau milieu de vie et toute la transition vers ce nouveau milieu de vie», ajoute-t-elle.



Sur place mercredi après-midi, la tension était palpable, alors que les familles des résidents avaient été conviées à une rencontre à ce sujet. Si le courriel envoyé ne donnait aucun détail concernant la fermeture de la résidence, les craintes de plusieurs se sont finalement avérées véridiques.

C’est le cas de France Dauphinais, la fille d’une résidente de 100 ans qui a reçu ladite lettre un peu plus tôt lundi et qui redoutait une telle nouvelle.

«Je me doutais qu’il y avait quelque chose parce qu’il y a eu un gros roulement de personnel dernièrement, mais ce qu’on se disait, c’est que c’était gros comme résidence et que ça allait bien, et en plus, tous les services étaient bons. On se disait que peut-être que ça pourrait arriver un jour, mais rien ne laissait présager la fermeture aujourd’hui», a-t-elle confié au Nouvelliste.

Quant à la suite des choses pour sa mère, c’est l’inquiétude totale, avoue Mme Dauphinais.

«Ça va nous perturber un peu parce que ça fait un an et demi qu’elle est ici, elle commençait à avoir ses repères et on va devoir changer la donne», s’attriste-t-elle.

Les employés, pour leur part, ne semblaient pas plus au courant de la situation avant lundi, a-t-on appris. Ces derniers auraient d’ailleurs été rencontrés par la direction un peu avant les familles pour leur annoncer la mauvaise nouvelle, a confirmé une employée qui a préféré conserver l’anonymat.



Une vague de fermetures

La résidence trifluvienne comptait 110 unités, selon les registres officiels. Il semblerait qu’un nombre important d’entre elles étaient effectivement vacantes. La fin de ses activités s’inscrit néanmoins dans une vague de fermetures de ressources pour aînés qui ne semble pas s’essouffler dans la région.

Depuis 18 mois, près d’une vingtaine de résidences ont effectivement mis la clé sous la porte en Mauricie et au Centre-du-Québec. Une situation qui pourrait aller en s’accélérant, croit le président de la Table des RPA de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec, Richard Maziade.

«C’est dur d’opérer une RPA parce que l’on a beaucoup de contraintes au niveau de la certification et de la formation de nos employés. Puis, le réseau de la santé engage tous les préposés qui sortent de l’école», fait-il valoir, indiquant que la pénurie d’employés fait en sorte que les lits ne sont pas tous comblés et que la rentabilité n’est plus au rendez-vous.

Celui-ci estime qu’un financement public serait salutaire pour s’assurer qu’il y ait de la place pour combler les besoins d’hébergement avec le vieillissement de la population, alors que les listes d’attente risquent de s’allonger avec la vague de fermeture.

Il donne en exemple l’argent qui est mis en soutien à domicile, dont une partie pourrait être remise aux propriétaires de RPA pour héberger les personnes âgées en perte d’autonomie quand elles ne sont plus capables de rester à la maison.

«Quand tu les envoies en RPA, tu as une économie. Si ça te coûte 4000 $ par mois de garder une personne en perte d’autonomie à la maison, et qu’elle s’en va en RPA. Peux-tu donner 2000$? Tu viens de sauver 50%», plaide Richard Maziade.

«En ce moment, il n’y a pas d’aide. Ce qu’ils font, c’est qu’ils éteignent des feux et ils veulent instaurer des ententes. On est en train d’essayer d’en instaurer. Il faudrait le faire, parce que pendant ce temps-là, les résidences ferment. C’est sûr que s’il n’y a pas d’aide pour assumer ces soins-là, les RPA, on va toutes les fermer une après l’autre.»