Dissension autour du PTI à Shawinigan

Le conseiller municipal du district des Hêtres, à Shawinigan, Jean-Yves Tremblay, s'est opposé à l'adoption du PTI 2024-2026, lundi après-midi.

Fait rarissime dans le ciel politique shawiniganais, le Programme triennal d’immobilisations (PTI) 2024-2026 a été adopté lundi après-midi sur fond de dissension. Le conseiller municipal Jean-Yves Tremblay s’est opposé à la motion de ses collègues, tandis que les conseillers Christian Hould, Nancy Déziel et Guy Arseneault brillaient par leur absence. Le programme de 46,8 millions $ pour l’année à venir a néanmoins été entériné à majorité.


Rien ne laissait présager la dissidence du vétéran conseiller du district des Hêtres, d’autant que la réfection de la piscine Saint-Marc, qui trône au sommet des investissements pour l’année à venir, était un souhait de longue date de M. Tremblay. Le PTI avait été présenté aux journalistes plus tôt en après-midi, et la chose paraissait presque entendue.

Habituellement ponctuels, les élus sont toutefois arrivés avec une dizaine de minutes de retard dans la salle du conseil pour leur assemblée extraordinaire, laissant présager que quelque chose ne tournait pas rond. Les mines étaient longues et on devine que les discussions ont peut-être été agitées derrière les portes closes.



Impossible cependant de connaître le fond de l’histoire et la motivation de M. Tremblay à exprimer une exceptionnelle voix discordante autour de la table des élus shawiniganais. Celui-ci s’est rapidement éclipsé après la tenue du vote, déclinant notre demande d’entrevue. Mutisme également du côté du maire Angers, qui s’est contenté de dire qu’il s’agissait d’une «difficile journée aujourd’hui».

Baignade subventionnée, emprunt pour l’eau potable

Si le maire Michel Angers qualifie l’enveloppe de 46,8 millions $ pour l’année à venir de «modeste», des investissements plus importants – 48 et 70 millions $ – sont anticipés en 2025 et 2026.

Outre la dissension de M. Tremblay, on retiendra que la piscine Saint-Marc, dans le parc Antoine-St-Onge, compte pour 8,1 millions $ des investissements municipaux pour 2024. Celle-ci bénéficie toutefois de subventions de l’ordre de 43% pour éponger la note.

À l’inverse, les 4 millions $ prévus pour «les travaux entourant le fonctionnement déficient de la Station de traitement de l’eau du Lac-à-la-Pêche», comme le libelle la Ville, reposent en totalité sur des règlements d’emprunt.



Ainsi, si le maire Angers souligne qu’il maintient ses règlements d’emprunt pour l’année sous la limite du 16 millions $ que prévoit la politique de gestion de la dette, le dossier de l’eau potable et des défaillances à l’infrastructure du secteur Saint-Gérard-des-Laurentides continue de peser sur ses finances.

Outre les 75 000 $ qui seront affectés au suivi des travaux de nettoyage dans le ruisseau Perchaude, la Ville compte acheter l’Actiflo qu’elle loue depuis deux ans pour environ un million $ par année. L’acquisition de l’équipement qui permet de traiter les eaux de rejet est évaluée à 2 millions $.

Invité à commenter l’achat tardif du module de filtration, tandis que d’importantes sommes ont été englouties dans sa location, le maire Angers pointe qu’il était difficile d’envisager la suite des choses au moment où l’équipement a été installé comme un appendice à la station de filtration. Il apparait aujourd’hui que celui-ci s’inscrit dans le plan plus large pour solutionner le dysfonctionnement chronique qui plombe ses opérations. «Il y a des bonnes chances qu’on en ait besoin pour plusieurs années», avance M. Angers.

Notons que les 2 millions $ restants iront vers la gestion plus globale du dossier – la Ville prévoit à terme investir 80 millions $ pour résoudre l’ensemble de la problématique. Michel Angers garde toujours espoir que le ministère des Affaires municipales sera au rendez-vous pour accompagner financièrement la Ville une fois que le ministère de l’Environnement donnera son aval au projet qu’elle lui a soumis.

Décontamination et fermeture de l’Écocentre

Autre projet important, la Ville entame la décontamination de l’avenue de la Transmission dans le cadre du déploiement de la zone d’innovation de la Vallée de la transition énergétique. Quelque 7,6 millions $ d’investissement sont annoncés en 2024, pour boucler un budget total de 10 millions $, entièrement subventionné.

Le projet prévoit la décontamination du terrain de l’Écocentre. Celui-ci devrait donc fermer autour du 1er octobre, pour une durée de quatre à cinq semaines, anticipe-t-on. Passé cette période, les citoyens pourront se prévaloir du service au garage municipal, lieu où l’on déménage les installations de manière permanente. Dans l’intervalle, l’Écocentre de Saint-Étienne-des-Grès pourra servir de solution de rechange, fait-on valoir.



Le maire de Shawinigan, Michel Angers, flanqué à sa droite d'Alain Gravel, trésorier de la Ville, et à sa gauche, du directeur général Normand Dupont, a présenté le PTI 2024-2026 aux journalistes, en milieu d'après-midi.

En vrac

Différents projets viennent boucler l’ensemble des activités d’investissement prévues au calendrier 2024.

Le pavage des rues bénéficie à nouveau d’un montant de 2,5 millions $. Le «réaménagement et la bonification» du site Chahoon fera l’objet d’un investissement de 1 million $, notamment afin d’y construire un stationnement pour les utilisateurs de la Marina.

Quelque 2,5 millions $ seront dédiés à la mise à niveau des infrastructures souterraines du secteur Saint-Georges. Les divers centres communautaires de la Ville bénéficieront par ailleurs d’une enveloppe totale de un million $ pour différentes interventions.

Enfin, des jeux d’eau seront implantés dans le secteur Saint-Gérard-des-Laurentides à la faveur d’un investissement de 450 000 $.

Soulignons que la Ville de Shawinigan rompt définitivement avec la tradition, en présentant son PTI quelque deux ou trois mois avant l’adoption de son budget. Le maire de Shawinigan maintient que la décision permet de bénéficier de coûts avantageux lors de l’émission d’appel d’offres, tandis que les entrepreneurs ne croulent pas sous la demande.

Il s’agira par ailleurs de voir si la dissension du jour est un accident de parcours, ou s’il s’agit du symptôme d’un mal plus profond autour de la table des élus. Depuis le début du présent mandat, seul le conseiller Christian Hould avait manifesté son désaccord avec une décision de ses collègues, dans le dossier du BTI, en s’excusant presque de faire bande à part, tandis que le maire Angers saluait son travail. L’ambiance était tout autre lundi après-midi.