Petite révolution en cours à l’ombre de l’église Saint-Sacrement

Le projet de Carpe Diem s'annonce spacieux et ambitionne de dynamiser la vie de quartier, dans Saint-Sacrement, se réjouit le président de l'organisme, Marc Dontigny (à l'avant-plan).

Ça besogne fort autour de l’ancienne église Saint-Sacrement, à Trois-Rivières. Entre les coups de marteau et les cris des enfants dans la cour d’école voisine, le quartier est en voie de devenir un carrefour du vivre ensemble, où la maladie d’Alzheimer est prise à bras-le-corps. Perte de repères, avez-vous dit? On loge plutôt ici à l’enseigne de l’optimisme. Quitte à se retrousser les manches pour boucler le projet et amasser la bagatelle de 5 millions $.


Les statistiques sur la maladie d’Alzheimer donnent froid dans le dos. De 23 000 nouveaux cas par année, au Québec en 2008, on anticipe 45 500 diagnostics en 2030, toujours sur une base annuelle. Chez les 65 ans et plus, 180 000 Québécois vivront avec la maladie d’ici la fin de la décennie.

Au Centre de ressources Carpe Diem, en attendant une cure, on a fait le pari – et la preuve – qu’il était possible de continuer de mener une existence de qualité si l’approche auprès des gens atteints et de leurs proches en était une d’accompagnement. Et on compte bien mettre 38 ans d’expertise au profit du vaste projet qui est en train de prendre forme dans le quartier Saint-Sacrement.

En préférant «regarder tout ce qui me reste, plutôt que tout ce qui me manque», Blandine Prévost illustre à elle seule l’approche Carpe Diem. La Française reçoit un diagnostic d’une maladie apparentée à l’Alzheimer, «il y a un paquet d’années». La jeune femme trouve alors à Trois-Rivières le souffle de liberté qui lui permet d’envisager la suite de son parcours. Deux maisons Ama Diem – variation sur un thème – voient le jour en France, à la suite de sa rencontre avec l’hyperactive directrice générale et fondatrice de Carpe Diem, Nicole Poirier.

Blandine Prévost, qui vit avec un diagnostic de maladie apparentée à l'Alzheimer, préfère envisager son parcours en portant son attention sur ce qui reste, plutôt que ce qu'elle n'a plus.

Mme Prévost faisait partie des invitées de la conférence de presse de vendredi, où le coup d’envoi a été donné à une campagne de financement «du tonnerre». Il faut dire qu’avec un don de 1,25 million $, gracieuseté de la Fondation Mirella et Lino Saputo, l’objectif de 5 millions $ paraît soudainement plus accessible. Et, Alzheimer ou pas, les lieux font déjà rêver.

Le projet de Place Carpe Diem : Pour vivre et vieillir chez soi se déploie en quatre axes. La maison, toute neuve, voit d’abord sa capacité d’accueil passer de 14 à 24 personnes. L’endroit promet d’être spacieux, tandis que tous les détails ont été pensés pour adoucir l’existence des résidents. On pointe à titre d’exemple la disposition des portes ou la localisation de l’ascenseur comme autant d’éléments susceptibles d’atténuer les angoisses qui accompagnent généralement la progression de la maladie.

Dans l’ancien presbytère, l’actuelle maison deviendra un centre de ressources pour les personnes qui sont toujours dans leur domicile et pour leur proche. Le maintien à domicile est une des clés pour tenir la maladie en garde, explique-t-on. Le va-et-vient avec le centre de ressource peut par ailleurs s’inscrire dans une routine réconfortante et dynamique pour la vie de quartier, s’enthousiasme encore Nicole Poirier.

Le projet ambitionne également d’augmenter son offre de soins à domicile, par des équipes polyvalentes, dans la philosophie de proximité qui sous-tend l’ensemble de l’œuvre.

Enfin, 4e axe, l’église Saint-Sacrement, dont on préservera l’architecture, deviendra un centre multifonctionnel et communautaire.

Marc Dontigny et Nicole Poirier, respectivement président et directrice générale de Carpe Diem, Diane Chaîné et Robert Couture, coprésidents de la campagne de financement du Place Carpe Diem, sur le chantier du futur projet.

Le gouvernement du Québec a déjà injecté un peu plus de 12 millions $ dans l’aventure, indique-t-on. L’enveloppe totale dépasse les 16 millions $.

Mais il était moins question de chiffres que de ressenti, vendredi matin, dans l’église Saint-Sacrement. En attendant une cure, «il n’y a pas de guérison, il n’y a que de l’accompagnement», insiste de façon sentie Diane Chaîné. La femme d’affaires copréside avec son conjoint, l’homme d’affaires Robert Couture, la campagne de financement qui s’amorce. Les deux parents de Mme Chaîné composent avec des troubles cognitifs.

Diane Chainé et Robert Couture, un couple de gens d'affaires trifluviens, coprésident la campagne de financement.

On retiendra ainsi de tous les dignitaires qui se sont succédé au micro, vendredi matin, que la maladie d’Alzheimer ou les troubles apparentés n’épargnent personne. Par-delà les chiffres et les allocutions protocolaires, les gorges s’enrouent à l’évocation du monde qui s’estompe chez un proche, un grand-père, une mère, chez l’être aimé.

On peut d’ores et déjà soutenir la campagne en se rendant au placecarpediem.com