Jeudi, le maire Michel Angers est demeuré prudent dans ses commentaires. «Oui, les discussions vont bien, mais j’ai surtout hâte de pouvoir annoncer à l’ensemble de la population c’est quoi le plan de match pour les prochaines années», déclare-t-il. Discrétion également au ministère de l’Environnement, où on indique que les parties «collaborent au développement d’un plan correcteur». Or, selon nos sources, le ministère aurait accepté de façon «officieuse» le plan d’action soumis par la Ville de Shawinigan.
Dans les documents de l’appel d’offres, dont Le Nouvelliste a obtenu copie, la Ville anticipe un chantier qui s’étendra sur un horizon de quatre à sept ans. Si l’appel d’offres lui-même est un signe qu’une mise en branle du projet pourrait être imminente, on ne s’avance sur aucune date.
«Des mesures transitoires et permanentes sont à prévoir telles qu’assurer le maintien de la station actuelle, effectuer des modifications importantes à la filière de traitement, à la prise d’eau ainsi qu’au traitement des rejets», détaille-t-on par ailleurs dans le devis technique.
Notons que la Ville y concède sans détour que «le procédé de filtration membranaire est inapte à assurer la production d’eau potable sur une base pérenne».
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Selon ce qu’il a été possible d’apprendre jusqu’à présent auprès de différentes sources gravitant autour du dossier, la Ville opterait pour une filière de filtration traditionnelle [au sable] et un agrandissement de la coquille actuelle du bâtiment. On compterait aussi installer des équipements de traitement par ultraviolets pour la phase transitoire des travaux. Cette dernière mesure permettrait d’éviter que la Santé publique n’impose un nouvel avis d’ébullition prolongé aux 30 000 usagers du réseau d’eau potable desservis par la station.
Impossible de dire pour l’instant si le ministère a entériné le plan de la Ville dans son intégralité ou si des modifications ont été demandées. Nos sources proches du dossier indiquent qu’une discrétion absolue sur le sujet règne depuis quelque temps à l’hôtel de ville.
Quoi qu’il en soit, une fois que le projet aura reçu le sceau d’approbation des autorités environnementales, le maire Michel Angers aura la tâche de défendre son projet au ministère des Affaires municipales. Il s’agira de voir dans quelles mesures les instances supérieures accepteront de délier à nouveau les cordons de la bourse, alors que la station actuelle du Lac-à-la-Pêche a bénéficié d’un généreux financement, il y a quelques années à peine.
Le maire Angers répète comme un mantra que les Shawiniganais n’ont pas à payer pour une usine qui avait obtenu l’aval des autorités compétentes, mais qui s’est avérée dysfonctionnelle dès sa mise en marche. Le dossier est devant les tribunaux. Mais dans l’attente d’un dénouement, Shawinigan compte sur la main tendue de Québec pour éponger la note. L’issue des discussions sera significative pour les finances de la Ville. Aucun programme normé ne prévoit la subvention intégrale d’une infrastructure municipale.
Construite au coût de quelque 45 millions $ et inaugurée début 2020, la station du Lac-à-la-Pêche est en proie à un encrassement continu des membranes de filtration sur lesquelles repose sa technologie. Les ingénieurs de la Ville ont tout tenté pour solutionner le problème, mais sans succès. Après avoir dû composer avec une fermeture de l’infrastructure pendant sept mois, et un avis d’ébullition qui y était assorti, les contribuables shawiniganais doivent absorber les coûts du dysfonctionnement, qui se chiffrent par millions $.