Le milieu scolaire toujours à la recherche de personnel

Le recrutement de personnel scolaire, même dans les établissements collégiaux, est difficile et plusieurs postes sont à combler.

Enseignants, éducateurs spécialisés, personnel en service de garde, surveillants d’élèves, secrétaires, agents de bureaux, techniciens en administration. Le Centre de services scolaire du Chemin-du-Roy et le Cégep de Trois-Rivières ont besoin de ressources humaines.


Dans les deux cas, des opérations séduction sont en cours pour tenter de freiner la pénurie de personnel.

Jeudi, le Centre de services scolaire du Chemin-du-Roy, deuxième plus grand employeur de la région, organise une journée d’embauche au Complexe Laviolette.

Il s’agira de la quatrième activité d’embauche, «mais la première de cette envergure», précise le directeur général, Luc Galvani.

La journée se divise en trois temps, en fonction des chercheurs d’emplois visés. La plage horaire de 10h à midi est réservée aux employés actuels de l’organisation. Par la suite, jusqu’à 18h, on reçoit tout candidat externe répondant aux exigences mentionnées sur le site web du CSS. Il faut arriver sur place bien préparé, en effet, avec tous les documents requis. De 16h à 18h, finalement, on tentera d’attirer les retraités de l’enseignement légalement qualifiés.

Cégep de Trois-Rivières

Du côté du Cégep, on mise sur la santé pour se faire connaître comme employeur de choix, un objectif inséré au cœur de son plan stratégique 2022-2026. À ce sujet, le Cégep vient de lancer une nouvelle campagne de recrutement appuyée par 33 ambassadeurs et ambassadrices parmi son personnel.

Le Cégep de Trois-Rivières devra vraisemblablement suspendre des programmes l’automne prochain.

En juin dernier, l’établissement s’est doté d’une politique institutionnelle en matière de santé globale afin d’assurer un milieu de vie sain tant au personnel qu’aux étudiants. Pour y parvenir, l’institution a mis sur pied le Comité de santé globale et mentale positive et une programmation favorisant la santé physique au travail, ce qui lui vaut la Certification Entreprise en santé, niveau 2.

Toute la gomme

Le directeur général du CSS du Chemin-du-Roy, indique pour sa part que c’est du côté des enseignants qu’il y a le plus de besoins, cette année.

«Il y a quelques années, c’était Montréal et Québec qui étaient touchées par ça. En ce moment, la pénurie est provinciale,»

—  Luc Galvani, directeur général du CSS du Chemin-du-Roy

Le CSS fait donc tout ce qu’il peut pour se faire voir depuis quelque temps, incluant dans des événements comme le FestiVoix. «On a des panneaux publicitaires qui ont été installés sur l’autoroute pour que les gens viennent travailler chez nous.»

Le CSS veut mettre toute la gomme, «parce qu’on n’est pas les seuls à recruter. Tout le monde est en pénurie de main-d’oeuvre», rappelle Luc Galvani.

L’an dernier, alors que le problème de manque de main-d’oeuvre frappait dur aussi, le CSS avait réussi à pourvoir tous les postes vacants, hormis quelques postes de professionnels.

Luc Galvani, directeur général du CSS du Chemin-du-Roy.

Cette année, au niveau des enseignants non légalement qualifiés, «le ministère a donné une structure pour qu’on puisse accompagner ces profs-là. Chez nous, on en a un, en ce moment. Assurément, avec les postes à combler pour le départ de l’année, on risque d’en avoir plus», prévoit le directeur général du CSS.

Le service des ressources humaines de même que toutes les directions d’établissements seront donc sur place afin de renseigner le mieux possible les candidats qui seraient intéressés à lever la main pour faire partie des 5000 employés du CSS.

Du côté syndical

Le nouveau président du Syndicat de l’enseignement des Vieille-Forges, Stéphan Béland, indique qu’il reste plusieurs postes à temps plein «qui vont mener à des permanences. Et il reste au-delà de 35 contrats à temps partiel.»

L’annonce faite par la ministre Sonia LeBel d’octroyer 12 000$ de salaire supplémentaire aux enseignants qui ne prendraient pas leur retraite tout de suite a été une surprise, indique M. Béland. «On a vu apparaître ça le printemps passé sans qu’elle nous consulte. Certains enseignants ont décidé de poursuivre leur carrière en ayant les 12 000$ additionnels, mais pas beaucoup», constate-t-il toutefois.

Stéphan Béland, président du Syndicat de l'enseignement des Vieille-Forges.

Mesures incitatives

Toutefois, d’autres mesures locales ou nationales du gouvernement semblent porter fruit. Du côté syndical, explique Stéphan Béland, «on a besoin de mesures qui se prolongent dans le temps et qui pourraient même être inscrites dans la convention collective, mais présentement, il y a plein de petites mesures à la pièce parce qu’on manque de personnel. Par exemple, une personne va prendre un pourcentage de contrat dans une école et on va compléter son pourcentage avec un contrat de suppléance pour qu’elle soit à 100%» de tâche, illustre-t-il. Cela permet à l’enseignant d’avoir de la stabilité et de se faire connaître dans l’école, dit-il.

On parle aussi de bonification des programmes d’insertion professionnelle et de mentorat. Finalement, on offre également une rémunération plus avantageuse au personnel retraité qui revient à l’enseignement.

Stéphan Béland se réjouit que les projets d’aide à la classe soient bonifiés cette année. Il rappelle en effet qu’en cette période de négociations de la fonction publique, les enseignants réclament surtout l’amélioration de la composition des classes et l’amélioration de la lourdeur de la tâche. Toutes ces mesures sont très appréciées, «mais on ne sait jamais si on va les avoir l’année suivante», déplore-t-il.

Du côté du Cégep

Du côté du Syndicat des enseignants du Cégep de Trois-Rivières, le président, Jean Fournier, constate «que le recrutement de profs est difficile en regard de plusieurs disciplines. On connaissait déjà des difficultés dans un certain nombre de disciplines, notamment celles où le bassin d’alimentation correspondait notamment à l’entreprise privée. Des taches incomplètes de même que des échelons salariaux font en sorte que financièrement, un poste au Cégep serait bien moins payant qu’en entreprise, résume-t-il.

Jean Fournier, président du Syndicat des professeures et professeurs du Cégep de Trois-Rivières.

«Il y a une perte au net. C’est ce qui explique que depuis nombre d’années en génie électronique, en génie du bâtiment et à certains égards en génie civil, on avait de la difficulté à recruter. Or, depuis quelques années, cette problématique-là s’étend à d’autres disciplines», constate Jean Fournier. Cela s’applique même en sciences humaines et en sciences sociales.

Le président du Syndicat, qui est professeur lui-même depuis plus de 20 ans, assure que beaucoup de ses collègues ont le feu sacré pour leur profession malgré tout. Malheureusement, près de 40% d’entre eux, au niveau national, sont en situation de précarité, ce qui n’arrange pas non plus le recrutement, fait-il valoir. «C’est un enjeu fondamental», plaide-t-il.