Une autre résidence pour aînés ferme ses portes : «On les aimait comme nos parents»

La résidence pour personnes agées Jardin de rêves à Shawinigan est à vendre.

Malgré tout l’amour qu’ils portent à leurs résidents, leur bienveillance et les nombreuses heures de travail, les propriétaires de la résidence Jardin de rêves de Shawinigan ont décidé de mettre la clé sous la porte. On dénonce un manque d’appui du Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec (CIUSSS MCQ) et une lourdeur administrative.


«Ce n’est pas un choix. C’est vraiment à contrecœur et je peux vous dire qu’on est bouleversé moi et mon mari. On a beaucoup de peine. Ça fait sept ans qu’on vit avec eux. Avant qu’il arrive quelque chose, il fallait prendre cette décision. On n’a aucun épaulement. Il y a eu beaucoup de réflexion avant de faire ce choix-là. […] On ne veut pas qu’il y ait un drame et on veut terminer notre mission la tête haute», lance Nancy Côté, la propriétaire de cette résidence privée pour aînés (RPA).

«Il n’y a rien qu’on ne faisait pas pour eux. On les aimait beaucoup, on les aimait comme nos parents», insiste-t-elle.



Il s’agit de la 4e résidence pour aînés à annoncer sa fermeture depuis quelques semaines à peine dans la région après la Résidence de l’Arche, au centre-ville de Shawinigan, la résidence Plaisir de Vivre dans le secteur Grand-Mère et la résidence de l’Arche à Sainte-Anne-de-la-Pérade. Depuis les 18 derniers mois, ce sont 17 établissements qui ont mis fin à leurs activités.

À la résidence Jardin de rêves, on assure que la fermeture se fait avec beaucoup d’humanité et dans le respect. On indique que tous les résidents ont été en mesure de trouver un nouveau domicile.

«Ce n’est pas fait sauvagement. […] C’est important pour nous aussi de garder contact avec eux», insiste-t-elle.

Les propriétaires déplorent un manque de support et d’être laissés à eux-mêmes par le réseau dans toute cette aventure. On assure avoir signalé les besoins au fil du temps, mais sans succès.



«On envoie des gens à l’hôpital et parfois, on nous les retourne quelques heures après dans le même état ou pire… On en a levé des drapeaux rouges. Il y a des problèmes dans le réseau de la santé. Ça fait deux ans qu’on demande d’être appuyé. Là, on a lâché prise parce que c’est notre santé qui va y passer.»

«C’est lourd. C’est dur sur le stress, c’est dur sur la santé, il y a des gens qui ne prennent pas leurs responsabilités»

—  Nancy Côté

Cette dernière martèle qu’elle ne serait pas surprise de voir d’autres résidences fermer leurs portes dans un avenir rapproché.

Le CIUSSS MCQ préoccupé

Le CIUSSS MCQ a été informé de la fermeture de la résidence Jardin de rêves en juin et assure agir en soutien aux résidents et leur famille dans la transition vers un nouveau milieu de vie.

Dans les 18 derniers mois, ce sont 329 places qui se sont envolées avec la fermeture de 17 RPA sur un total de 11 000 places dans la région. La résidence Jardin de rêves et la Résidence de l’Arche de Shawinigan s’ajouteront au bilan lorsqu’elles ne seront plus actives.

Cette vague de fermeture n’est pas sans inquiéter le CIUSSS MCQ.

«Évidemment que c’est une préoccupation pour nous. Quand il y a une fermeture, ça fait vivre différents changements et ça suscite des inquiétudes auprès des résidents qui doivent effectuer un changement de résidence. De notre côté, on doit les soutenir dans le meilleur intérêt pour leur santé, leur sécurité et leur bien-être. D’un autre côté, quand il y a des résidences qui ferment, ça diminue l’offre d’hébergement dans la région», indique Julie Michaud, porte-parole du CIUSSS MCQ.



Cette dernière souligne également que les équipes responsables de la certification travaillent à identifier quelles stratégies pourraient être mises en place pour soutenir les différentes résidences sur le territoire.

«Le ministère a mis en place différents programmes. On veut s’assurer que les résidences connaissent bien les programmes qui sont offerts. On veut les soutenir et les écouter s’il y a des enjeux particuliers. Il ne faut pas hésiter à faire appel à nos équipes», note Mme Michaud.

Les propriétaires de résidences évoquent souvent la lourdeur administrative parmi les raisons qui ont forcé la fermeture. Au CIUSSS MCQ, on réplique que c’est pour la sécurité et que les règles de certification sont régies par le ministère.

«Le ministère a mis en place différents critères et normes pour s’assurer que chaque résidence soit conforme et qu’elle assure la santé et la sécurité des résidents. C’est un sceau de qualité […] Du côté du CIUSSS, notre rôle est de donner les certifications et de s’assurer que les critères sont respectés», explique-t-elle.

«Notre rôle est vraiment au niveau de l’accompagnement et on tente d’avoir une bonne relation avec les propriétaires à ce niveau-là.»

La porte-parole du CIUSSS MCQ réitère qu’il y a un travail de collaboration avec les propriétaires de RPA.