L’approche initiale est venue du comité Creuse pas dans mon Caxton. Son président, Gilbert Guérin, a obtenu les coordonnées du géologue Jonathan Marleau, détenteur de 23 claims miniers sur le territoire caxtonnien. M. Guérin s’est même entretenu brièvement avec lui.
«Il n’était pas au courant que Prodier nous avait revendu ses claims cette semaine, explique M. Guérin. J’ai téléphoné à la mairesse pour qu’elle tente de le convaincre de nous céder ses claims à son tour.»
À l’hôtel de ville, Mme Plante n’a fait ni une, ni deux, et a contacté le détenteur des 23 titres. Celle qui amorce tout juste un premier mandat, à la faveur d’une élection partielle, voit dans la «malheureuse» situation actuelle l’occasion de fédérer la population autour d’une même cause, après des années de tensions et de divisions. «On avait besoin de ça», avoue-t-elle candidement.
«Il connait Saint-Élie!»
«Gilbert lui avait parlé ce matin, lui avait expliqué les bassins versants, les cours d’eau, etc. J’ai dit: je vais l’appeler aussi, pour passer par une voie officielle», raconte la mairesse Plante.
Jonathan Marleau s’avèrera être «un jeune homme» passionné de son métier, qui aurait acheté les 23 titres miniers par pure passion géologique, relate encore la mairesse Plante.
Mieux, M. Marleau aurait un oncle qui réside à Saint-Élie-de-Caxton et est familier avec le territoire. «Il connait très bien Saint-Élie, les lacs, les noms des rues, il ne m’a pas frimé là-dessus», continue la mairesse.
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De fil en aiguille, Charline Plante explique au géologue que Georges Reid, actionnaire de Prodier, avait consenti plus tôt cette semaine à céder ses claims à un comité citoyen. Elle lui offre de faire de même.
«Il m’a dit: ‘sans problème, je t’envoie les documents. Je suis vraiment très très content... Quand je viendrai à Saint-Élie, on ira prendre un café ensemble’», se réjouit l’élue. M. Marleau aurait accepté de se départir de ses titres au prix coutant, soit un peu moins de 75$ l’unité.
La Municipalité ne pouvant prendre part elle-même à la transaction, c’est encore le conteur Fred Pellerin qui avancera les fonds, semble-t-il, le temps que Développement Saint-Élie orchestre une campagne de sociofinancement.
Si Gilbert Guérin déplorait cette semaine qu’une communauté en soit réduite à acheter des claims miniers pour protéger son territoire, cette deuxième transaction en quelques jours demeure la bienvenue pour le comité qu’il préside. «Il y a des gens à chaque jour qui m’appellent pour me demander comment ils peuvent s’impliquer pour aider», se félicite-t-il.
Rencontre prochaine avec la ministre
Ce nouveau chapitre dans la saga des claims miniers en Mauricie survient alors que la ministre des Ressources naturelles et des Forêts, Maïté Blanchette Vézina, aurait formulé le souhait de rencontrer la mairesse Plante et des membres du comité Creuse pas dans mon Caxton.
L’invitation aurait été lancée il y a quelque temps. Mais dans le contexte actuel, alors que le Québec est en proie à de nombreux feux de forêt, le rendez-vous risque d’être repoussé, observe la mairesse de Saint-Élie-de-Caxton. Le député Simon Allaire aurait néanmoins réitéré mercredi qu’une rencontre demeurait dans les plans de sa collègue.
Il est question d’aussi inviter les élus des municipalités avoisinantes également touchées par la convoitise de certains prospecteurs. Lincoln Gold Mining, dont les ambitions sont claires, détient notamment des claims à Saint-Élie-de-Caxton et à Saint-Boniface.
«Ça va être une autre game... On est content de racheter les claims de Prodier et de Jonathan, mais lui me l’a dit: Lincoln, c’est la cour des grands», pointe la mairesse Plante. Elle promet malgré tout de ne pas baisser sa garde. Le sujet risque de s’inscrire assez haut à l’ordre du jour, quand la ministre Blanchette Vézina sera disposée à tendre l’oreille.
Entretemps, la députée solidaire de Verdun, Alejandra Zaga Mendez, dit se réjouir de ce nouveau développement dans la mobilisation citoyenne. «Maintenant, c’est important de rester vigilant. Il nous faut un meilleur encadrement des claims miniers, ça ne devrait pas reposer sur les épaules des citoyens de protéger leur territoire», réagit-elle dans une communication écrite transmise au Nouvelliste vendredi matin.
«Il faut que la Loi sur les mines n’ait plus de préséance dans l’aménagement du territoire, pour que ce soit plus simple pour les élus de protéger leur territoire», insiste Mme Zaga Mendez, qui avait elle-même fait le détour en Mauricie, en compagnie du porte-parole du parti, Gabriel Nadeau-Dubois, pour prendre le pouls des inquiétudes de la population.