«La météo nous aide beaucoup. Le feu est contenu. La SOPFEU a envoyé plus de monde pour lutter contre ce feu comme prévu. Ils sont une centaine de combattants et ils ont commencé à attaquer le feu au centre, ce qui est une bonne nouvelle. La partie n’est pas gagnée, mais les risques pour les maisons et les chalets sont de moins en moins grands», indique Hélène Langlais, chef de service aux communications de la Ville de La Tuque.
«Le feu qui est à 24 kilomètres de Wemotaci est aussi sur le point d’être maîtrisé. […] Le feu ne menace pas la communauté», ajoute-t-elle.
Le Conseil des Atikamekws de Wemotaci a fait savoir qu’une équipe d’une trentaine de pompiers de la SOPFEU étaient présents à Wemotaci.
«La priorité est le feu à l’ouest, celui qui est sur le chemin Haltaparche. Onze pompiers volontaires de la communauté qui ont suivi la formation cette année seront intégrés pour les opérations sur le terrain », peut-on lire dans une publication Facebook du Conseil.
Les principaux feux surveillés par les autorités n’ont pas progressé depuis mardi. De plus, l’indice de danger a été revu à la baisse. Toutes les restrictions demeurent toutefois en vigueur.
À Clova, les citoyens qui montent la garde depuis plusieurs jours peuvent enfin reprendre leur souffle.
«On est sorti de la misère. Ça va bien. Depuis mardi, le feu est contenu. Ça fait deux jours en fait que ça va bien. Aujourd’hui, malgré les forts vents, il n’y a plus rien. Il fait vraiment froid, alors c’est certain que ça aide aussi», témoigne Dominic Vincent, le propriétaire de l’Auberge Clova.
«On était une bonne équipe. Ç'a bien été. Il y avait une bonne collaboration avec la SOPFEU. Il a fallu s’équiper nous-mêmes. On a aidé la SOPFEU du mieux qu’on pouvait. On était contents de les avoir avec nous. Il y a une soirée qu’on a vraiment travaillé qu’on pourrait possiblement dire qu’on a fait une différence», ajoute-t-il.
Le village de Clova est toujours là, et on s’en réjouit sans toutefois baisser la garde. Il y aura certainement un avant et un après, et il faudra assurément revoir les équipements pour affronter les feux de forêt selon M. Vincent.
«On n’était pas vraiment équipé pour faire face à ça. C’est rare que ça arrive, mais on voit ce qui se passe à la grandeur du Québec. Les feux sont gros, la sécheresse, les vents… C’est difficile d’être préparé à ça.»
«On espère que la pluie annoncée demain va tomber pour aider les combats», souhaite-t-il.
Si la qualité de l’air donnait du fil à retordre aux citoyens de Clova en début de semaine, la situation s’est nettement améliorée mercredi selon le propriétaire de l’auberge.
«Mardi, c’était désagréable, on avait mal à la gorge. Aujourd’hui, c’est correct», note M. Vincent.
Le moral des pourvoyeurs est bas
Les pourvoiries de la Mauricie sont vides, désertées par leur clientèle alors que la saison de la pêche est pratiquement à son meilleur. Le président de l’Association des pourvoiries de la Mauricie s’explique mal toutefois qu’on ne laisse pas opérer certaines installations qui sont loin des feux de forêt.
«L’indice de feu a baissé à modéré et on ne peut pas plus recevoir nos clients. On trouve ça plate un peu, c’est notre haute saison […] On dirait qu’on vit une autre année de COVID. Je dirais qu’on perd entre 40 000 $ et 50 000 $ par jour. On était plein à 100% et là, on n’a plus rien. Ça va faire mal à plusieurs pourvoyeurs», déplore Dany Tremblay, propriétaire de la pourvoirie du Domaine Touristique et président de l’Association des pourvoiries de la Mauricie.
«On comprend qu’il y a des feux dans le nord, dans le coin de Clova, mais il y a des pourvoyeurs sur le bord qui sont accessibles. On contrôle nos clients, on les suit de proche, les gens ne sont pas éparpillés dans les pourvoiries», ajoute celui qui reçoit habituellement une centaine de clients par jour.
Dans les dernières heures, Dany Tremblay s’est entretenu avec la majorité des pourvoyeurs de l’Association et il confirme que le moral est bas.
«Ce matin, c’est un appel après l’autre, ça ne dérougit pas […] Ça va faire mal à l’industrie», confirme Dany Tremblay.
Il souhaite que le gouvernement laisse les gens aller dans les zones contrôlées loin des feux de forêt et qu’il permette aux gens de retourner sur l’eau avec leur canne à pêche.
«Les gens pourraient montrer leur contrat avec les pourvoiries au barrage policier. Les gens ne sont pas laissés à eux-mêmes quand ils viennent dans les pourvoiries. Ça nous fait mal en tabarouette», insiste-t-il.
Le pourvoyeur rappelle que ce sont des clients perdus, dans la majorité des cas, car la saison est complète et les séjours annulés ne pourront pas être replacés à un autre moment de l’année. Dany Tremblay a bien essayé de faire valoir son point, mais il semble difficile de trouver le bon interlocuteur et même, de parler à quelqu’un tout court.
«Ils prennent des décisions trop larges», plaide-t-il.
Le président de l’Association des pourvoiries de la Mauricie espère que le gouvernement sera généreux pour couvrir toutes les pertes engendrées alors que ces entreprises se relèvent d’une période particulièrement difficile avec la pandémie.
La Corporation de gestion du réservoir Gouin aux aguets
Plus au nord, une équipe réduite de la Corporation de gestion du réservoir Gouin continue d’assurer une surveillance sur l’immense plan d’eau situé en Haute-Mauricie. Le réservoir Gouin est un endroit très prisé pour la pêche et la villégiature. De nombreuses pourvoiries y sont d’ailleurs installées et on y compte près de 450 baux de villégiature. Là-bas, on surveille de près la situation.
«La situation est sous contrôle pour nous pour le moment », indique le directeur général, Frédéric Noël.
«On a eu de la fumée dans les derniers jours, mais il n’y a pas de smog depuis deux jours. On est chanceux. On a une odeur de fumée, mais les incendies sont quand même assez loin pour le moment. Il y a l’incendie au lac Lepage, mais avec les vents c’est favorable», ajoute-t-il.
La majorité des pourvoiries ont toutes évacué leur clientèle. Il y en a que ç'a été plus rapide avec la proximité des feux. L’équipe de la Corporation a demandé aux gens de suivre les directives et de sortir de la forêt.
«Pour notre part, on surveille nos installations, on arrose autour en prévention avec ce qui pourrait s’en venir. Il y a de la foudre qui est tombée, hier et avant-hier, d’ailleurs ç'a déclenché quatre incendies au nord-ouest du réservoir Gouin. Quand on croise des villégiateurs, on leur demande d’évacuer […] On fait une tournée sur le plan d’eau pour s’assurer qu’il n’y a pas de vandalisme, de vols et de choses comme ça. C’est tranquille pour le moment», souligne M. Noël.
Selon lui, une seule pourvoirie a été fortement menacée, même que le feu serait passé directement sur le chemin d’accès aux installations quelques jours après avoir été évacuée.
«On fonctionne à trois ou quatre personnes. On est en communication avec la Sûreté du Québec et le Service incendie. S’ils ont besoin d’évacuation nautique ou d’intervention, on reste disponible», note M. Noël.
Il y aura assurément des impacts économiques à toute cette situation alors que le mois de juin représente 30% à 40% du chiffre d’affaires des pourvoyeurs de l’endroit. Un coup dur après des années marquées par la COVID.
«La plupart affichaient déjà complet. C’est une grosse perte et ils attendent avec impatience l’aide du gouvernement. La Corporation devra elle aussi subir les impacts financiers alors que 90% des revenus proviennent directement des droits de pêche. C’est certain qu’il y a des enjeux économiques, mais ce n’est pas aussi important que la sécurité publique», souligne Frédéric Noël.
Fermeture d’écoles à Opitciwan
Après avoir évacué par mesure préventive des personnes plus vulnérables de la communauté, le Conseil des Atikamekw d’Opticwian a pris la décision de fermer ses écoles mercredi en raison de la mauvaise qualité de l’air causé par la fumée des feux de forêt. La situation sera évaluée chaque jour. Les bureaux du Conseil seront également fermés jusqu’au 9 juin.
Interdiction de se trouver en forêt
La Sûreté du Québec a tenu à rappeler que depuis le 4 juin, les interdictions de se trouver en forêt, émises dans certains secteurs par le ministère des Ressources naturelles et des Forêts (MRNF), demeurent en vigueur, et ce, jusqu’à nouvel ordre.
Ces interdictions visent particulièrement les régions suivantes : Nord-du-Québec, Côte-Nord, Saguenay–Lac-Saint-Jean, Abitibi-Témiscamingue, Mauricie, Outaouais, Laurentides et Lanaudière.
Les effectifs de la Sûreté du Québec demeurent mobilisés aux endroits névralgiques afin de faire respecter les interdictions en vigueur et d’assurer la sécurité de la population.