Éoliennes: Nicolet-Yamaska ne veut rien précipiter

Des visites sont prévues dans des milieux ruraux où des éoliennes ont été implantés.

Alors que la date du 6 juillet avait été évoquée pour rendre une réponse aux différentes compagnies qui souhaitent implanter entre 15 et 60 tours d’éoliennes dans une demi-douzaine de municipalités, la MRC de Nicolet-Yamaska a fait savoir qu’elle est déterminée à y aller à son rythme. Elle est même prête à sauter son tour pour le présent appel d’offres s’il le faut afin de bien se préparer pour ceux qui seront possiblement lancés l’an prochain ou dans deux ans.


Après avoir écouté les citoyens lors des assemblées de consultation qui se sont tenues dans les dernières semaines dans les municipalités visées, ainsi que ceux qui se sont présentés en grand nombre lors du dernier conseil des maires où on leur a fait comprendre qu’«il n’y a rien qui presse», les élus municipaux veulent s’assurer de disposer de toutes les informations nécessaires à la prise de décision.

C’est que le temps file et que plusieurs détails importants demeurent à régler, si bien que le 12 septembre, la date fixée pour respecter l’échéancier d’Hydro-Québec, apparaît très serrée aux yeux des maires et des mairesses de la MRC de Nicolet-Yamaska.



D’autant plus que les modèles d’affaires et de gouvernance n’ont toujours pas été établis. «Dès le départ, on a signifié que nous voulions être partenaire du projet avec un ou deux promoteurs, mais on n’a pas de négociations d’entamées avec ces gens-là, a fait valoir le préfet adjoint, Claude Lefebvre. Ce sont quand même de gros montants et négocier [le protocole d’entente], ce n’est pas si simple. Je comprends qu’ils sont à peaufiner leur projet, mais c’est important que nous ayons des discussions et on n’en a pas eu encore.»

Avec les questions apportées par les gens qui ont participé aux consultations qui se sont tenus dans les dernières semaines dans les municipalités visées, la MRC de Nicolet-Yamaska souhaite également vérifier les informations qu’elle possède et aller chercher de l’expertise sur le terrain afin d’être en mesure d’apporter des réponses aux citoyens qui sont inquiets.

Des visites sont notamment prévues à Saint-Rémi-de-Napierville et à Saint-Michel, en Montérégie, où les éoliennes qui sont installées sont sensiblement du même type que celles qui seraient implantées dans Nicolet-Yamaska. Elles se trouvent également dans le même genre d’environnement agricole.

«On veut voir ce que ç'a l’air, la superficie que ça prend de terrain. On veut voir les gens qui habitent autour comment ça se passe, si vraiment il y a du son et tout ça», explique Claude Lefebvre. Il faut rentrer ça dans nos horaires.»



Un comité consultatif sera d’ailleurs formé. Celui-ci sera composé de citoyens et d’organisations socioéconomiques. Déjà, deux rencontres ont eu lieu avec les membres du comité qui avait déposé une pétition ayant récolté plus de 700 noms pour réclamer une «réflexion collective» sur la question des éoliennes, afin de voir quelle forme ça pourrait prendre.

«On veut des gens qui sont autant que possible neutres, qui ont du recul, qui sont capables d’avancer des choses qui sont plausibles et des données vérifiables. L’acceptabilité sociale est importante. On ne veut pas faire un projet qui va soulever les passions», assure le préfet adjoint.

«Pour nous, l’éolien est une solution à la crise climatique, à la décarbonation de nos sociétés. On y croit, mais il faut que la population embarque avec nous autres.»

—  Claude Lefebvre

Il y a également la question du cadre réglementaire dont l’adoption sera possiblement repoussée à l’automne. Si la MRC a une bonne idée des distances séparatrices qu’elle souhaite imposer, elle attend de voir les recommandations de l’Institut national de la santé publique du Québec (INSPQ) sur les projets éoliens qui doivent être déposés au mois de septembre.

Actuellement, la MRC viserait entre 800 mètres à un kilomètre, étant donné que la distance entre deux rangs est généralement de deux kilomètres. Des distances des périmètres urbains et des immeubles protégés restent également à définir.

«L’INSPQ a déjà des distances séparatrices, mais est-ce qu’elle va réviser à la hausse ou à la baisse? Est-ce qu’il y aura d’autres conditions? Ça ne nous donne rien de nous garrocher et de faire une modification au règlement de zonage qu’on va encore modifier dans trois ou quatre mois», plaide Claude Lefebvre.

«Ça n’empêche pas les promoteurs de continuer de travailler leur projet, avec ce que l’on a de préliminaire, continue-t-il. Avec leurs logiciels, ils sont capables de voir où ils peuvent en installer selon les contraintes.»



L’avantage du terrain

Nicolet-Yamaska a également le luxe d’attendre, puisque de par sa situation géographique, elle est avantagée sur les autres territoires du Centre-du-Québec qui souhaitent déposer un projet étant donné que le poste de 230 kilovolts visé par Hydro-Québec pour recevoir les 400 mégawatts d’électricité est celui de Nicolet–Sainte-Eulalie.

C’est que les éoliennes doivent être reliées par des fils souterrains dans un module central qui sera installé le plus près possible du poste d’Hydro-Québec. La société d’État fera ensuite la connexion avec le module et la question des coûts qui y seront reliés sera l’un des facteurs pris en considération.

Il y a également un promoteur qui avait des visées pour le poste de Sainte-Perpétue, l’hiver dernier, mais Hydro-Québec n’a pas choisi de cibler ce poste qui pourrait aller chercher environ 100 MW, indique le préfet adjoint. Cet endroit pourrait être ciblé dans quelques années, mais pour le moment, les compagnies peuvent quand même passer par Saint-Léonard-d’Aston, où il y a des éoliennes de prévues, afin d’aller se brancher au poste de Nicolet–Sainte-Eulalie.

Dans d’autres MRC du Centre-du-Québec, il y aurait également de la contestation, ce qui pourrait retarder le dépôt d’un projet. «On sait que dans Arthabaska, il y a des municipalités où il y a de l’action. On va le dire comme ça, mentionne Claude Lefebvre. Ça se peut qu’il y ait des municipalités qui n’acceptent pas qu’il y ait des éoliennes au prochain dépôt.»