Une vocation née quelque part entre les plages chaudes et les sentiers de motoneige

Angeli Vargas

SÉRIE IMMIGRANTS / Beaucoup de voyageurs apprécient la République dominicaine pour ses plages et son soleil. Y vivre, c’est toutefois autre chose.


Angeli Vargas, elle, songeait depuis bien longtemps à quitter son pays natal juste pour avoir un travail décent. «Là-bas, il n’y a pas beaucoup d’emplois», dit-elle.

La plupart de ses compatriotes qui rêvent d’une vie meilleure songent à immigrer aux États-Unis. «Le Canada, on ne connaît pas beaucoup. On a plutôt le rêve américain», dit-elle, du moins ce qu’ils en perçoivent à la télévision là-bas, fait-elle valoir.



Pour Angeli Vargas, c’est plutôt le rêve mauricien qui s’est soudainement présenté à elle, un beau jour, il y a 12 ans. Elle était caissière dans un supermarché pour payer ses études universitaires en marketing.

Un touriste s’est présenté à sa caisse et lui a demandé si elle connaissait de bons restaurants dans le coin. «L’idée qu’il avait, c’était de m’inviter à souper», se souvient-elle.

Le touriste en question était québécois; c’était même un petit gars de Saint-Jean-des-Piles.

La jeune femme ne se doutait pas, ce jour-là, qu’elle allait l’épouser un an plus tard.



Ce Québécois venait en République dominicaine par affaires. «Il avait un resto-bar», dit-elle. Il y venait plusieurs mois par année tant et si bien que malgré leur mariage, la jeune femme est restée quelques années dans son pays pour garder un œil sur les entreprises de son conjoint. Il y a cinq ans, toutefois, le couple a décidé de venir s’établir au Québec une fois pour toutes.

La jeune Angeli n’avait jamais mis les pieds dans un pays froid et c’est pourtant un 30 décembre, en 2017, qu’elle débarque pour la première fois en Mauricie avec son mari. «J’avais un manteau, mais pas de vraies bottes d’hiver. Je ne savais même pas qu’il existait des bottes pour l’hiver», raconte-t-elle en riant.

Angeli Vargas s’est toutefois vite réconciliée avec l’hiver québécois en portant les bons vêtements pour se garder au chaud et en découvrant les plaisirs de la motoneige.

Elle vivra toutefois bien plus qu’un changement de climat. Le père de son mari était en effet malade du cancer. C’est sans hésitation qu’elle s’est occupée de lui jusqu’à son décès.

Cela aura eu un effet inattendu sur elle. Angeli Vargas a en effet découvert qu’elle aime beaucoup aider les gens et cette prise de conscience lui enlève le goût de terminer ses études en marketing amorcées en République dominicaine. Elle décide plutôt de suivre une formation de préposée aux bénéficiaires.

À 34 ans, Angeli Vargas planifie aujourd’hui de devenir infirmière auxiliaire même si le premier enfant du couple est en route.

À sa grande déception, pour y arriver, elle doit toutefois refaire son cinquième secondaire en français comme l’exige le gouvernement, explique-t-elle. «C’est difficile», dit-elle en parlant de la barrière de la langue. «Ça va prendre du temps, mais je vais y arriver», assure-t-elle, très motivée à exercer cette profession un jour. «Je me suis découvert une vocation», dit-elle.