«Il y avait 38 personnes au total, plus la Ville... C’est pas compliqué: toutes les parties impliquées dans la construction [étaient là]», pointe Frédéric Beaulieu, directeur des communications à la Ville de Shawinigan. «Le dossier bouge», convient-on.
Il semblerait que le juge ait voulu avoir une meilleure compréhension de l’affaire sur laquelle il aura à se pencher au cours des prochains mois.
Dans sa requête initiale, la Ville réclamait 23,3 millions $ à l’entrepreneur général Allen, à la firme d’ingénierie WSP, responsables de la construction et de la conception de l’infrastructure, de même qu’à Suez, fournisseur de la technologie de filtration membranaire. Elle a depuis spécifié que le montant était «à parfaire». Les dépenses continuent en effet de s’additionner dans le dossier.
En plus du colmatage répété des membranes de filtration, divers problèmes minent le bâtiment lui-même, fait valoir la Ville dans sa poursuite. Construit au coût de quelque 44 millions $, l’ouvrage n’a jamais livré les résultats attendus. Pire, sa mise à l’arrêt forcé en décembre 2021 s’est soldée par un avis d’ébullition de sept mois pour 30 000 citoyens.
De nouvelles membranes sous peu?
La visite de la station de filtration n’avait rien à voir, assure-t-on par ailleurs , avec la demande d’injonction annoncée par la Ville le 25 mai dernier. Cette dernière veut «obliger le fournisseur Suez à lui vendre et à livrer, dans les plus brefs délais, des membranes selon les conditions du contrat».
La sortie du maire Michel Angers, qui disait être aux prises avec un fournisseur qui refusait de collaborer, avait donné lieu à une version tout à fait différente de la part de Suez. La firme affirmait au contraire avoir offert et continué d’offrir de vendre des membranes de remplacement à la Ville.
Quoi qu’il en soit, un responsable de la Ville laissait entendre en bordure de l’infrastructure, lundi matin, que l’impasse pourrait bientôt être en voie de se résorber. Une annonce viendra sous peu, promet-on.
Un dénouement ferait taire la menace d’un nouvel avis d’ébullition, évoqué il y a une dizaine de jours à l’hôtel de ville, si les membranes neuves tardaient trop à être livrées.
Encore des centaines de milliers $ dans le ruisseau Perchaude
Suspendus en septembre 2022, les travaux de nettoyage dans le ruisseau Perchaude doivent bientôt se poursuivre, pour une troisième année consécutive. De la boue toxique provenant des rejets de la Station du Lac-à-la-Pêche, dans ses premiers mois d’opération, est toujours présente dans le cours d’eau, sur quelque 150 mètres, selon la Ville.
Après avoir prélevé 800 000 $ de la réserve financière pour l’eau potable pour la première phase de l’intervention, en 2021, le conseil municipal avait octroyé un contrat pour la phase 2 des travaux en 2022, au coût de 344 000 $. Le 29 mai dernier, à l’occasion d’une séance extraordinaire, on annonçait à nouveau «l’adoption éventuelle d’un règlement décrétant un emprunt et une dépense de 327 000 $ pour des travaux correcteurs au cours d’eau Perchaude».
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Des difficultés liées à la configuration de la dernière portion du cours d’eau sont évoquées pour justifier la dépense. Un important dispositif de pompes est notamment déployé sur le terrain pour assécher un petit étang, afin d’y récupérer les boues qui s’y sont déposées.
L’intervention à grand déploiement est depuis le début source de tensions avec les propriétaires riverains. Les tentatives successives de rendre le ruisseau à son état d’origine ont donné lieu à de nouvelles contraventions aux directives du ministère, tout comme elles occasionnent un bruit de machinerie soutenu dans le voisinage.
Une enquête du ministère de l’Environnement a été menée dans la foulée des déversements de 2020 et des avis de non-conformité qui en ont découlé. Les conclusions des inspecteurs du ministère ont par la suite été transmises à la Direction des poursuites criminelles et pénales. Celle-ci n’a toujours pas donné suite à l’affaire. La Ville dispose quant à elle d’un certificat d’autorisation ministérielle valide jusqu’en septembre 2023 pour conclure les travaux de nettoyage dans le ruisseau.