Même si la MRC de Maskinongé et Shawinigan ont récemment obtenu un moratoire de six mois sur les claims miniers, la Coalition aire protégée Saint-Mathieu-du-Parc, qui vise la création d’un espace protégé de plus de 80 km2 dans l’enclave sud du parc national de la Mauricie, affûte ses couteaux de même que le comité Touche pas à mon Caxton. Bref, les citoyens se préparent à combattre.
En plus du PNLM qui fait 536 km2, juste à côté, il y a aussi la Réserve faunique Mastigouche avec ses 1557 km2, un vaste territoire qui, au final, représente une superficie de quelque 2000 km2 qui devrait être intouchable, selon Patrick Rasmussen du Mouvement vert de la Mauricie.
«C’est un territoire incompatible avec les activités minières», soutient-il en rappelant que l’initiative de la Coalition est d’autant plus importante et défendable qu’elle se loge dans le projet de 30% de territoire protégé du gouvernement du Québec.
Avec une aussi vaste superficie, ajoute-t-il, «on est capable de permettre à la nature de reproduire les cycles naturels, donc on a une bonne résilience climatique. Les éternuements climatiques sont enclenchés, or plus on a de forêts, plus on a de résilience», fait valoir Patrick Rasmussen.
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Les craintes des citoyens face à la menace d’exploitation minière ont trait non seulement à la destruction de milieux naturels, mais également aux impacts sur l’eau potable de même que sur les nombreux attraits touristiques qui se trouvent dans la région de Shawinigan, notamment l’entreprise Bicolline qui attire chaque année des visiteurs étrangers et le Centre international l’Art de vivre, énumère M. Rasmussen à titre d’exemples en rappelant qu’on est ici dans le domaine de la tortue des bois. Avant d’exploiter le sous-sol de la Mauricie, «il y a toute une analyse qui doit être faite, comme un BAPE, par exemple», plaide-t-il de même que des consultations auprès des Premières Nations.
Bref, l’objectif de réduire les gaz à effet de serre pour sauver l’environnement en se lançant dans la production massive de véhicules électriques affamée de métaux et de terres rares risque d’entrer en conflit direct avec les efforts citoyens et même gouvernementaux de protection de ce même environnement.
Le piège du tout électrique
«Il y a une espèce de mirage par rapport aux technologies vertes», fait valoir Patrick Rasmussen. Selon lui, il faut d’abord réduire de façon massive l’utilisation de la voiture comme outil de transport et mettre en place des transports en commun très efficaces. «On ne remplacera pas toutes les voitures à essence par des voitures électriques. Ce serait un piège», estime ce militant écologiste de longue date.
C’est que «la production des voitures électriques est très demandante en termes de minéraux. Donc, en amont, c’est un désastre», dit-il. Tout comme c’est le cas pour les gaz de schiste, les citoyens ont beau être propriétaires de leurs terres, le sous-sol, lui, ne leur appartient pas. C’est pour protéger leur milieu, donc, que beaucoup de citoyens ont acheté eux-mêmes des claims miniers, dit-il. «À Saint-Mathieu, c’est ça qu’il faut qu’on fasse», plaide-t-il. L’exploitation minière «serait un désastre d’un mode de gestion colonial du territoire», fait-il valoir.